A la frontière, direction Andreios (fini)

Me voilà partie à la recherche de mon informateur dans la ville. Céleste est resté à l’écart, du côté d’Aspera, quand je saurais où ma mission me mènera, j’irai le chercher, car faut-il encore que l’on arrive à passer la douane sans écart… avec lui à mes côtés, ce n’est pas gagné.
Cette ville marchande, surnommée Passea, est à cheval entre Aspera et Andreios, il est facile d’y rentrer, mais la sortie est davantage règlementée, puisque tu ne peux facilement sortir que de « ton côté ». Les rues sont tapissée d’échoppes de part et d’autre ; elle est assez habitée, c’est d’autant plus facile pour moi d’effacer mon aura.
Cela fait plusieurs heures que je crapahute dans la ville, harnachée jusqu’aux oreilles, et que je ne trouve pas mon informateur. Ça m’agace. Je m’arrête à une auberge, puis repars de plus belle. Alors que je m’arrête au pied d’un bâtiment runique, qui sert pour le recueillement de soi, j’entends un corbeau croasser sur l’une des sculptures qui orne le bâtiment. Ce n’est pas Nao, mais je tends tout de même l’oreille pour essayer de comprendre ce qu’il dit.

-…suis… suis moi…

Je me redresse, surprise. Dès que mon regard se pose sur lui, il s’envole. Comme Nao, lui n’ont plus n’a pas l’air bavard. Je le suis avec prudence, toujours en masquant mon aura. Il va vite, si bien que je suis obligé de bousculer quelques passants et n’ai même pas le temps de m’excuser. C’est que je suis chargée moi ! il pourrait le comprendre !
Essoufflée, je m’arrête contre un mur lorsque le corbeau tourne en rond au-dessus d’une ruelle. La rue est déserte, mais on entend le brouhaha des rues voisines. Le corbeau plonge, je le suis du regard, il se pose sur l’épaule de son maitre. Je me méfie un peu, celui-ci me demande mon rapport. Je le regarde d’un œil mauvais. Il sourit. C’est un homme d’une trentaine d’année, brun, je n’apprécie pas son aura. Je donne le nom de code, il y répond. Je me détends, après tout, seul un druide se balade avec un corbeau, c’est donc bien mon informateur. Je lui tends mon rapport détaillé. Il me sort alors une lettre avec le seau de ma nation.

[…]

J’ai enfin ma mission en tête, la lettre est brulée. J’ai quelques jours pour me faire un peu d’argent supplémentaire, en plus de la bourse que j’ai reçue pour financer ma mission. Donc, me voilà entre les échoppes, entre vente et achat. J’achète une carte d’Andreios, plus détaillée que la mienne, mais bon… je pense qu’il manque beaucoup d’indications, mais pour ma mission, elle est suffisante. Je vends également toute sortes de choses : graines, baume pour les lèvres, crème médicale, etc… Mes clients sont plus des marchands, avec qui je troque que des particuliers, mais j’ai vendu un baume pour les lèvres à une grand-mère fort sympathique. Je continue donc de marchander, de ça, de là ; tout en réfléchissant aux évènements à venir.

Je déteste la foule.
Elle est lente, gauche, maladroite, stupide.
Et plus que tout, irrespectueuse.
Cette masse grouillante n'a tout simplement aucun respect pour le vrai voie, puisqu'elle ne devrait pas exister. Elle n'a pas d'utilité. Et ce qui est inutile à la voie ne devrait pas exister. Cependant, si je suis ici, à nager à contre courant dans cette gelée humaine, c'est pour une raison bien précise, et, qui plus est, utile.
C'est arrivé il y a trois semaines. Un des membres de la tribu, un jeune garçon à l'apparence robuste pourtant, et tombé malade. Il a commencé par se plaindre de maux de tête insupportables, puis, s'est mit à vomir du sang.... Je connais ce mal, je l'ai déjà vécu moi même. On en guérit, mais à quel prix. Lorsque j'en ai souffert, je n'étais pas auprès de la tribu, et j'ai dû me soigner toute seule. Enfin, presque toute seule... Mon mari était à mes côtés, il....bref. Je cherche un onguent. Une décoction de plantes qu'on ne trouve pas dans les plaines. C'est étonnant que la toute Mère n'est pas placé les plantes adéquates dans la plaine, peut-être est-ce un signe. Peut-être ne devrai-je pas m'acharner. Mais j'ai promis de veiller sur la tribu, et je le ferai.
Je ravale donc mon dégoût pour la foule et continue d'avancer de ma démarche féline. Autour de moi les gens ne font pas attention à moi, à l'exception d'un ou deux curieux qui me dévisagent avec insistance, certainement à cause de mon visage peint. Mais rapidement la foule les éloigne, tel un océan aux vagues mouvantes, en perpétuel changement.
Je m'approche d'un étalage sur lequel sont entreposés des flacons à l'odeur musqué. Je me penche sur l'une d'eux en faisant tinter les perles accrochées à mes vêtements. Non, ce n'est pas ce que je cherche. Je me redresse et remarque alors que les clients autour de moi ont tous reculé de plusieurs pas, comme effrayés. "Tant mieux". Devant leur air perplexe, je ne résiste pas à l'envie de m'amuser. Je m'accroupis sur le sol et y prends une poignée de terre dans ma main. Soudain, sans prévenir, je la lance sur une petite fille en imitant le feulement d'un grand puma. L'enfant hurle, sa mère la prend dans ses bras et s'enfuit en courant, croyant avoir affaire à quelque magie occulte. Je me redresse une nouvelle fois et fixe les autres d'un air de dire: "Quelque chose à ajouter?".
M'énerve ces gens. M'énerve les humains.
Je fonce sur eux et les poussent à coup d'épaule, pour m'immerger à nouveau dans la foule.
Après une dizaine de minutes, j'aperçois une petite échoppe à la devanture sombre sur laquelle on peut lire "au bonheur des herboristes". Un sourire étire mes lèvres. "Et bien voilà."

Le nom de la boutique donnait envie, alors cela fait plusieurs minutes que je suis dedans : « au bonheur des herboristes ». Silencieusement au début, j’ai scruté chaque étalage. De nombreuses variétés de plantes, mais des prix assez élevé. Beaucoup de produits viennent d’Aspera, donc je suis un peu déçue. Cependant, même si je ne vais pas pouvoir acheter grand-chose, voilà de bons clients potentiels, vu qu’ils seront fins connaisseurs. L'endroit est plutôt sombre, voir même poussiéreux. Des raies de lumières traversent la pièce, dévoilant des meubles de bonne qualité, tous en bois, donnant au lieu une atmosphère agréable. De multiples odeurs couvrent les rayons, mais la plupart des flacons sont fermés, avec des inscriptions.

Je discute avec le vendeur présent dans mon rayon, il me conduit jusqu’à l’étalage (une sorte de table haute en bois) où nous commençons à marchander.
L'homme a la quarantaine, plutôt fin, une moustache bien entretenue. Je suis contente, car me voyant harnachée, il m'a prise directement au sérieux (pas comme ceux qui me prennent de haut en me pensant plus jeune que je ne suis). L'ambiance est donc propice à la discussion. Sous ses airs des plus agréable, je sens qu'il a l'habitude de marchander. Il semble même un brin têtu. Mais j'aime l'impression qu'il dégage, alors mon visage reste souriant. Je lui vends plusieurs matières premières mais il ne semble pas intéressé mes décoctions médicinales, ni de mes pommades aux plantes. Il argumente sur le fait que sa femme n'est pas là aujourd'hui, et que c'est elle qui vérifie la qualité de ce genre de produit. Je n’en ai cependant pas vu beaucoup sur leurs étagères, je trouve ça dommage. Je lui demande quand est ce qu'il sera possible que je leur en vendent alors, et il me répond que sa femme ne rentre pas avant une semaine. Je serai surement déjà parti. J'ai du mal à dire s'il dit la vérité ou non... après avoir légèrement recherché les flux autour de moi... je pense qu'il ne ment pas. Je discute avec ce vendeur caractériel mais gentil, de tout et de rien, mes marchandises encore sur la table (on ne sait jamais, s'il change d'avis durant notre conversation).

Pendant nos transactions, j’ai senti une aura imposante rentrer dans la boutique. Je suis dos à l'entrée et ne me suis pas retournée, notamment pour ne pas manquer de respect à mon interlocuteur. Je ne sais pas de qui il peut s’agir mais son aura est fière, tumultueuse et puissante. Un frisson me parcourt le cou.

Penchée en avant, les cheveux dans les yeux, je scrute les étagères de potions. Tout ce qui s'y trouve réveille en moi des souvenirs de mon apprentissage de magicienne, mais je balaie ses images d'un revers de main, et touche un des gris-gris qui pendent à mon cou, pour éloigner le mal. On ne pense pas au passé. Il est nocif.
Malgré la richesse de cette collection de plantes médicinales, je ne vois nulle part l'onguent qu'il me faut. Je pousse un bruyant soupir et m'apprête à rebrousser chemin lorsque je me rappelle avoir entraperçu entre mes mèches de cheveux noir deux personnages à l'allure grotesque échangeant des propos inutiles. J'arque un sourcil, après tout, peut-être pourront-ils me renseigner.
L'homme qui se tient derrière le comptoir semble être le propriétaire du magasin, en tout cas sa moustache est vraiment ridicule, et il n'a pas l'air bien futé. La gamine en revanche, me renvoi une impression de malice qui me déplaît presque, je m'approche silencieusement. Ils n'ont pas l'air de se rendre compte de ma présence, enfin rien n'en témoigne, à l'exception d'un léger frisson qui a parcouru le dos de la gamine. Ou peut-être l'ai-je imaginé.
En m'approchant plus, je découvre toutes sortes de décoctions et d'onguents posés entre eux.
J'accélère le pas et en saisit brutalement un pour l'examiner. L'homme sursaute et la gamine semble courroucée. Je n'y prête pas attention et me penche, les genoux pliés, sur la fiole contenant l'onguent, l'amenant à hauteur de mes yeux.
Cette couleur ambrée....oui c'est exactement ça.
Sur ma droite, il me semble entendre la gamine s'indigner, je n'en tiens pas compte. Insignifiant. Mais, sentant son regard peser sur moi, avec lenteur, je me redresse et la toise d'un air de mépris. Sans préter attention à sa remarque, je retire le bouchon de liège de la fiole et en hume l'odeur. Une odeur de champignons et de sous-bois, aux relents aigres et puissants. Je trempe ensuite ma langue à l'intérieur pour m'assurer de la qualité de la marchandise et ferme les yeux. La pommade est froide, ferme, et son goût est bien celui du remède que je cherche.
Je rouvre les yeux.
Je l'ai trouvé.
J'écarte brutalement la gamine du comptoir et me plante face au commerçant en levant la fiole sous ses yeux.
-"Combien?"

L'aura que j'avais sentie plus tôt se précipite sur l'étalage. Je ne dis mot, mais c'est comme si mon aura parlait pour moi. Je laisse échapper quelques mauvaises ondes, en réaction à cette personnalité imposante. Elle se saisit d'un flacon et le porte à son nez, l'ouvre et y pose même sa langue. Non mais elle est sans gène!! oo  j'ai un peu du mal à y croire.

Je la regarde un peu par curiosité, de longs cheveux noirs encadrent un visage peint. Elle me fait penser aux femmes de certaines tribus des plaines, que nous avons étudier à l'école, mais c'est la première fois que j'en vois une, car les gens de ses tribus quittent rarement leur campement.

Alors que j'étais dans mes pensées, la femme m'écarte assez brutalement, puis demande au commerçant:

"Combien?"

L'homme répond, visiblement gêné, mais toujours avec la franchise dont il a fait preuve jusqu'à lors:

-Euh... cet onguent ne m'appartient pas madame; il appartient à cette demoiselle venue me vendre ses biens.

Le vendeur me regarde, comme m'autorisant à effectuer la transaction dans son magasin. Je remarque alors qu'il s'agit d'une crème médicinale d'herbes; cela permet de soigner un désordre corporel dû à un ver qui se loge sur certaine feuille dont on peut se servir pour se laver ou à faire infuser. Cet saloperie de ver n'est pas répandu de là où je viens, mais des amis m'ont appris à le faire car il sévit au pied des montagnes de chez nous.
Je donne alors le prix standard à la dame, qui a l'air de l'avoir cherché vaillamment. Je m'attends à ce qu'elle marchande, dans l'idée, j'espère ne pas avoir à baisser en dessous de 20 pourcent... en fait, c'est la fiole dans laquelle se trouve l'onguent qui est de bonne qualité et qui le garde plus longtemps.
Mon psyché s'apaise progressivement afin de pouvoir engager la conversation avec cette étrange dame; notamment pour savoir ce qu'elle compte faire de cet onguent.

Le prix me semble élevé, je marchande un peu avec.....cette.....enfant?
Comment est-ce possible?
Lorsque le ridicule moustachu me la présenta comme détentrice de l'onguent, et de tout ce qui se trouve sur la table, j'ai d'abord cru à une blague! Et puis l'évidence s'est imposée à moi.
Druide.
Cela crève les yeux pour qui sait voir.
Je n'aime pas particulièrement les druides, enfin remarque je n'aime pas beaucoup de monde, mais en fait, je trouve que nous partageons beaucoup de points communs, mais aussi des différences essentielles, voilà pourquoi cela m'intrigue, et que je ne les aime pas.
Mais celle-ci......pourquoi est-elle si.....et comment......RAAAAH mais ravale ta curiosité Danseuse du Vent!! Cela ne te ressemble pas!
Je demande donc à baisser le prix, nous marchandons, et elle finit par me le céder avec une réduction de 15%. Pas mal me dis-je en faisant tourner la petite fiole qu'à aucun moments je n'ai lâchée entre mes longs doigts. J'ai donc ce que je voulais, mais à présent, il va me falloir trouver un moyen de sortir de cette ville.....

Je suis contente de ma transaction, je demande si quelque chose d'autre intéresse la dame, mais ça n'a pas l'air d'être le cas. Je range donc avec minutie mes flacons. Je salue poliment l'homme et l'étrange dame, puis me dirige vers la sortie.

Bon, la journée est bien avancée, je me prends un petit rien à manger puis me dirige vers la sortie. Le soleil devrait se coucher dans deux heures, et j'aimerais rejoindre Céleste. Après avoir fait l'inventaire de ce que j'ai acheter dans le reste de l'après midi, je me dis qu'en fait, j'ai déjà tout ce qu'il me faut pour partir. De toute façon, je ne pourrais pas passer la frontière avec Céleste en passant par cette ville. Je vais tenter en passant par une forêt dense par de-là les collines. En discutant avec la faune locale et Nao, je devrais pouvoir éviter les quelques douaniers.

En sortant de la ville, je concentre mon énergie dans la pierre de mon chapeau pour appeler Nao. Il devrait me retrouver dans quelques heures. Je regarde ensuite autour de moi, de nombreux marchands quittent également la ville du côté d'Aspera, et les bandits ne doivent pas être très loin. Je fais disparaitre mon aura dans la foule puis la quitte, le plus discrètement possible. Je pense que personne ne m'a suivit. J'arrive après une heure de marche dans la forêt, de là, je me mets à chercher Céleste.

J'ai ce que je voulais.
A présent il ne me reste plus qu'à rentrer au camp, et à faire mon devoir.
Tout en marchant, je caresse du bout de mes longs doigts aux ongles crochus le remède. La fiole me semble si petite, si fragile, ....mais si puissante. Un peu comme...
Je m'arrête brusquement, comme traversée par le foudre. Mon corps se met à trembler et tout disparaît autour de moi. Je souris d'excitation en comprenant qu'une vision va m’apparaître.
D'abord, c'est brutal, sauvage, une sensation étrange, comme si un esprit malin vous prenez par la main et vous entraînez à une vitesse folle au dessus des plaines, vous sentez le vent fouetter votre visage, le rire frais et indomptable des morts à vos oreilles. Tout semble si vif, si lumineux, comme si vous-même vous changiez en corps de lumière pur.
Et puis, plus rien. Vous vous arrêtez. Et tout est noir, froid, et....le sol dur sous vos pieds.
Et là, ça commence.
La douleur explose, sans prévenir, et m'arrache un cri de douleur, mais personne ne peut m'entendre, je suis là sans être là, à la fois en transe, les yeux blancs, dans un monde, et ici, la tête entre les mains, sur ce sol de pierre noire et glaciale. Je tombe à genoux sur la roche, et m'écorche les poignets. La douleur est au delà des mots. Et soudain les images m'assaillent. Je vois, très rapidement, des centaines d'informations tournoyer dans mon cerveau. Je sais que je ne ne les retiendrai pas toutes, mais l'essentiel restera graver dans ma mémoire:
Une enfant. Solitaire. L'air absent. Vide.
Un immense aigle blanc qui déploit ses ailes en hurlant.
Son bec est remplis de lumière.
Une forêt, sombre, aux arbres centenaires.
Je peux toucher leurs esprits!!!!

Je me réveille dans le monde que j'ai connu en premier. Je suis allongée sur le sol, les cheveux trainant dans la terre poussièreuse. Quelques badauds se sont réunis autour de moi.

-ça va bien m'dame?
-On a cru que vous étiez morte!
-N'importe quoi! Elle bougeait!
-Elle convulsait oui! Et ses yeux n'avaient plus d'iris ni de pupilles!
-Allez tu vois bien qu'elle est vivante, regarde, elle se lève, tu me dois 5 pièces!

Tandis qu'ils échangent en ronchonnant leur mise, je me relève lourdement et me met à psalmodier des prières en répandant de l'ocre sur le sol. Il me faut la protection de la toute Mère.

Je retrouve Céleste au bout d'une petite heure. Sa gueule est couverte de sang... pas le sien... celui des proies qu'il a engloutie. C'est qu'il reste un bon gros chien sauvage, mon frère. Il me raconte qu'il a chassé un cervidé et qu'il a passé l'aprème à le manger. Il est vraiment crade... mais je ne le gronde pas. Je l'informe juste qu'avant de me faire un câlin, il faut qu'il me laisse le laver. Je sors de quoi faire et m'affaire, justement. Un odeur de charogne sort de sa gueule. Ce n'est pas la première fois hein; je sors donc une sorte de croquette au miel, qui en règle générale suffit pour rendre sa gueule plus proche de celle d'un toutou de salon qu'un loup sauvage.

Je dine seule, sur un gros rocher; mon frère dort, repu. Ce n'est qu'en fin de soirée que Nao me retrouve. Je lui annonce la mission suivante. Il me dit qu'il va aller me cherche un chemin où passer la frontière avec Céleste pour demain. Soit, ça m'arrange. Je pense que nous passerons au nord de la ville, là où une forêt assez dense tapisse les collines.

Durant la nuit, Céleste repère un blaireau. Avant toute question de sa part:

-Non, tu ne peux pas le manger.

Je me réveille difficilement mais m'approche de la bestiole farouche. Je demande le plus gentiment possible s'il ne connaitrait pas un chemin pour aller vers l'Est. Il s'enfuit... -- bon, c'est perdu. Peut être aurais je plus de chance demain. Le reste de la nuit se passe tranquillement. Je me lève à l'aube pour recueillir des informations auprès de la faune locale et envoyer Nao en éclaireur.

Je suis préoccupée.
Avec le temps j'ai appris à ne pas prendre mes visions à la légère. Chaque détail compte. Malheureusement, je ne me rappelle d'une bonne partie de ce que j'ai vu seulement au moment où cela se produit réellement.


Voyons.....une forêt. Et si c'était la forêt d'Alnah? Oui, plus j'y pense et plus j'en suis persuadée. Ces arbres immenses et centenaires, fiers, puissants. Je m'en souviens.

C'était il y a 7 étés, je m'y étais rendu en pèlerinage, afin de me retirer quelques temps dans le temple de l'ancienne civilisation des Malaaks. Cette retraite s'était avérée particulièrement enrichissante et reposante, puisque j'avais passé mon temps à prier, et à écouter les murmures de la forêt. J'aimais la forêt. Mais ce n'était pas un endroit pour les hommes, ça non. Ils ne feraient que troubler sa sérénité sans âge et majestueuse.

Et, plus que tout, j'avais entendu les arbres.

Au début, j'avais failli rester prisonnière de leurs esprits, tant ils étaient puissants. Je n'étais qu'une fourmi à la vie infiniment brève pour eux, et avoir la prétention de vouloir leur parler d'égal à égal était une erreur.

J'ai jeûné durant 7 jours pour me punir.

Et puis j'ai à nouveau essayé, cette fois avec humilité, et j'ai pu écouter. Quelle expérience unique! J'en tremblais d'excitation. Les jours passaient à une vitesse folle au contact de leurs âmes, et j'en suis ressortie comme purifiée.

Il faut que j'y retourne. Je le sens. Ils m’appellent.

Mais je dois également faire mon devoir de mage de la tribu.

Nao est parti en éclaireur pour trouver précisément un passage, mais globalement, je sais vers où nous devons aller. Nous passerons au beau milieu de la forêt, le plus discrètement possible, nous en aurons pour la journée.
Je marche avec Céleste à mes côtés, sur un petit sentier non balisé. Ensuite, nous quittons se sentier pour s’enfoncer plus profondément dans la forêt. Celle-ci n’est pas exploitée ; certains arbres sont immenses et la végétation au sol devient de plus en plus dense, nous sommes passés du sous-bois à la bonne forêt de bouleau, de chênes et de pins croisés des basses altitudes. Les bosquets et buissons poussent malgré l’ombre des grands arbres et un tapis de feuilles et de mousses jonche les quelques parcelles de terre. Nous n’avançons pas très vite.

Cela ne fait même pas une demi-heure que nous avons quitté le sentier, que mon pied se pose juste à côté d’un piège à loup. Pendant un moment, j’ai même cru qu’il allait se refermer. Je recommande à Céleste la plus grande prudence ; non pas contre les loups, avec qui je m’entends très bien, mais contre les pièges. Sur une centaine de mètres, nous évitons pas mal de pièges : trappe, appât, trou… bref, mes cours d’éclaireur me servent bien, Céleste me suivant à la trace.

Nous sommes encore à une heure de la frontière, au moins. Nous entendons un groupe composé de deux personnes. Céleste reconnait l’odeur du gibier et on entend un chien. Je pense que c’est des chasseurs, peut-être même ceux qui ont posé les pièges. Malgré mon sort pour faire disparaitre notre présence, le vent est contre nous. Le chien… qui s’avère en fait être deux chiens, commence à aboyer en notre direction. Céleste entend la voix d’un homme robuste crier aux chiens quelque chose.
Le vent ne nous arrange vraiment pas… nous n’avons pas quitté la zone aux pièges. Je serais bien allée leur parler… mais nous devons rester discret… et il risque de tirer sur mon frère. Ce dernier, face à la situation agaçante, ne peut s’empêcher de grogner, rendant au loin les aboiements encore plus féroces. Ce ne sont pas de petits gabarits…

Je demande toujours à Céleste de me suivre, avec interdiction d’attaquer… ce dont il a du mal à se résoudre. Nous courrons maintenant, prudemment, espérant semer les chiens entre les pièges. Après quelques minutes, les aboiements se rapprochent ; j’en déduis que ce sont bien les chasseurs de la zone et qu’ils connaissent les lieux. Rah, saleté !

Céleste aboie, l’un des deux chiens est parti vers notre droite, à une centaine de mètres, il veut nous rabattre vers les chasseurs. Je sors maladroitement trois runes en papier déjà calligraphiées. Nous quittons progressivement la zone à piège.
Mais soudain, une flèche fuse à notre gauche. Elle manque de loin Céleste. Je le siffle avec un bruit d’oiseau, il comprend et je saute sur son dos. Si une flèche arrive, je pourrais surement la dévier. Céleste gronde de plus en plus. Le chien à notre droite se rapproche rapidement. J’amplifie mon sortilège avec un peu d’énergie et ordonne à Céleste d’avancer tout droit. Celui-ci refuse brutalement. Il s’arrête et se retourne, manquant de me faire tomber. Heureusement qu’il a le pelage long et robuste. Il n’a pas le temps de se justifier qu’un des chiens fait volteface à Céleste et s’apprête à attaquer, attendant surement son collègue. J’essaie de lui parler, de le résonner rapidement, mais il n’obéit qu’aux ordres de ses maitres. Une autre flèche fuse, passant au-dessus de Céleste. Ils ne sont plus loin, et ils tirent forts, la flèche s’est plantée dans un tronc d’arbre. Céleste veut n’en faire qu’une bouchée.

Je lance mes trois runes et me penche aussitôt sur Céleste pour lui faire baisser la tête, puisqu’il ne veut plus m’écouter. Mon poids lui oblige à fermer les yeux. Le sort s’active et de puissantes lumières jaillissent lorsque les parchemins se consument. Le chien juste en face de nous couine d’aveuglement et recule. Je saute devant Céleste et lui tape sur le museau en lui ordonnant fermement de partir dans la direction que je lui ai indiquée tout à l’heure. Le sort de lumière lui a fait comprendre qu’il n’a pas le droit de désobéir et il me quitte à contre cœur. Je sors alors à la va vite une boulette d’herbe ensorcelée : elle fait lever la brume avec une odeur piquante qui désoriente les chiens. Le vent ne nous est toujours pas favorable, c’est pour ça que j’ai ordonné à Céleste de partir le plus vite possible devant (car l’odeur l’aurait fortement dérangée).
Alors que j’entends le second chien arriver, ainsi que les voix des chasseurs, je lance la boulette grosse comme ma paume contre un rocher. De la brume avec une odeur de poivre monte rapidement dans les airs et se dirige dans ma direction. Je cours le plus vite possible, toujours chargée de mon gros sac. La brume me rattrape facilement et me pique les yeux. Je m’oriente alors avec les flux sur le sol. J’avance donc moins vite, mais les chiens et les chasseurs semblent avoir rapidement abandonné.

Je cours ainsi pendant une trentaine de minutes. J’ai versé quelques larmes sur le chemin contre le poivre dans les yeux. J’ai perdu Céleste… Je m’arrête, essoufflée et cherche ses éventuelles traces sur le sol. Je retrouve sa présence au bout d’un moment. Il s’était réfugié derrière une butte, la brume l’ayant rattrapé, je le retrouve désorienté, en train de chouiner. Il grogne même lorsque je m’approche, car il n’arrive pas à sentir mon odeur. Je lui parle, il se calme alors, me reconnaissant. Je lui fais un câlin pour m’excuser et lui verse de l’eau fraiche sur la truffe et un petit chiffon humide au coin des yeux.

Nous reprenons lentement notre marche. Ayant dévié de notre trajectoire initiale, nous remontons un peu vers le nord. Au bout de deux heures, alors que nous faisons une courte pause pour boire et manger un peu, Nao nous retrouve, apportant de bonnes nouvelles : il nous donne une trajectoire sûre pour traverser la frontière. Il faut passer un court d’eau, loin de tout pont. Nao a trouvé un endroit où Céleste et moi pourrions traverser, bien à l’écart de tout sentier.
L’après-midi s’entame donc par une course poursuite de Nao, qui nous montre le chemin. Celui-ci est des plus difficiles à suivre tant la végétation est inégale. Mais la forêt n’est pas bien grande en ces plaines et très vite, après le cours d’eau, elle s’éclaircit. Encore une heure de marche et nous nous retrouvons face aux plaines de Figuon.
Comme l’avait prévu Nao, nous sommes loin de tout village pour le moment. C’est la première fois que je quitte mon pays. J’angoisse un peu…

Nao s’élève dans le ciel et disparait un peu plus loin. Céleste avance prudemment près de moi. Je commence à fatiguer, mais au moins, nous avons passé la frontière loin de tout contrôle, ça y est : Andreios.

De gros nuages semblent nous accueillir et c’est surement sous la pluie que nous passerons la nuit. Avançant sur les plaines, nous cherchons donc la bienveillance d’un rocher ou d’un arbre pour nous abriter pour la nuit. Une petite heure de marche plus tard, pas de coin bien convainquant pour passer la nuit s’annonçant humide. Ce n’est qu’en passant un cours d’eau qu’un haut buisson sur un rocher m’arrivant aux épaules nous propose un petit coin au sec.

Très fatiguée par la journée de marche, je fais une petite butte de terre pour poser les affaires au sec. Je vais chercher quelques branchages pour permettre à Céleste de se caser au sec également. Une petite bruine commence à tomber lorsque je finis notre abri de fortune. Je sors alors ma petite pierre brillante et les deux qui gardent la chaleur une fois que je les ai frottées l’une contre l’autre. Après avoir mangé du saucisson et un fruit, je pose un sort pour me réveiller dès que quelqu’un passe un périmètre de 8 mètres autour de nous. Puis, je m’endors contre les pattes un peu humides de Céleste. Malgré le temps désagréable pour une fille du désert, je dors à point fermé, et mon frère peine à veiller.

Deux routes se présentent devant moi. Toutes les deux sont justes. Toutes les deux sont légitimes. Mais toutes les deux entraînent l'abandon d'une partie de ce pourquoi je me bats.
Le choix est assez simple, en somme. Soit je retourne dans la tribu pour y apporter le remède à Petit Renard, mais je manque à mon rôle d'élu au service de la Toute-Mère. Soit je me rends dans la forêt d'Alnah afin de répondre à la demande dont j'ai eu l'honneur de servir de réceptacle, mais en abandonnant mon neveu à un sort funeste.
Le vent caresse mes cheveux, un frisson de plaisir traverse mon corps. La ville et sa population grouillante sont à présent derrière moi, et devant...

les plaines

Je les contemple un moment, laissant le vent et le soleil m'éclaircir les idées. Je ferme les yeux et me mets à bouger doucement ma tête de droite à gauche en chuchotant un ancien chant d'enfant. Je le revois alors. Ce petit garçon, fruit du péché. Il n'a rien fait de mal en somme. Pourtant dès sa naissance, je l'ai détesté.
Le fils de Caresse d'Aurore, ma sœur, et de Bois de Saule.
L'homme qui l'a fait tué. L'homme qui est responsable de la mort de mon mari.
Dès que j'ai appris la grossesse de ma sœur, peu après avoir tué Bois de Saule, je l'ai immédiatement reniée. Quelle trahison...
Je frappe le sol du poing avec violence, et la poussière de terre me rentre dans les yeux. Comme ce souvenir m'est douloureux! Ma propre sœur! Et pourtant...la nuit de son accouchement, je l'ai aidé à mettre au monde l'enfant. L'enfant du péché, l'enfant du vice, mon neveu.
Durant son enfance je l'ai toujours repoussé, allant jusqu'à le frapper jusqu'au sang s'il s'approchait trop de moi. Alors en grandissant il a fini par prendre ses distances.
Ma haine pour Petit Renard n'a d'égal que l'amour que lui offre sa mère. Quelle imbécile....
Je les hais tellement!
Mais je suis leur mage.
Ma décision est prise.

Prenant appuie sur un bâton trouvé quelques pas auparavant, je m'avance dans les hautes herbes des plaines.

Le soleil est bas à l'horizon, bientôt la nuit sera là. J'aime la nuit. Bien plus que le jour d'ailleurs. La nuit pas de lumière intense, pas de bruits insupportable, rien que la nuit.
Et son monde.
Je continue donc de marcher quelques heures avant de m'arrêter. Je baisse les yeux vers le sol humide de rosée. Ici se sera très bien. Je commence donc à m'installer pour la nuit, après avoir prié longuement, face contre l'herbe mouillée. Je mange ensuite des noisettes et des fruits, puis m'enroule dans une couverture de peau ornée de plumes blanches. Bien entendu j'ai pris soin de tracer toutes sortes de sorts de protection autour de moi avec de l'ocre, et j'ai placé de nombreuses amulettes protectrices autour de mon campement. On pourrait penser que je suis bien imprudente de dormir ainsi à la belle étoile, mais j'ai confiance en les plaines, elles ne m'ont jamais trahie. Je ferme les yeux et plonge dans mes rêves obscurs.

Le vent des plaines emporte les nuages durant la nuit. Les premiers rayons du soleil laissent place à une légère brume au-dessus des herbes grasses. Comme souvent, c’est Céleste qui me réveille. Nous préparons notre départ et je déjeune (mon frère n’ayant toujours pas faim après son repas gastronomique d’hier). Le soleil finit de se lever lorsque nous reprenons notre chemin. Nous redescendons vers le Sud pour retrouver quelques chemins et marcher en le suivant de loin.

Nous ne sommes plus à Aspera et je suis en constante découverte et incertitude. Pour l’instant, il y a peu de plantes que je ne connais pas ; c’est d’ailleurs pour ça que ma mission m’emmène profondément dans le pays. J’ai trois lieux possibles pour aller quérir les objets de ma quête : les forêts, ou la montagne… je verrai où le vent me mènera.
Maintenant que nous avons un chemin principal en vue, nous marchons à environs 100 mètres de celui-ci et je fais disparaitre notre aura constamment pour que l’aspect imposant de Céleste ne se remarque pas trop. La légère brume matinale s’élève dans la plaine, partant de la terre qui restitue une chaleur que l’air n’a plus.
Tout à coup, l’attention de Céleste se reporte sur quelque chose. Il trouve une odeur de volaille et ça lui ouvre à nouveau l’appétit. En fait, je pense qu’il a surtout envie de se dépenser. Enfin bon, je le suis de loin alors qu’il commence à s’éloigner d’un pas léger mais assuré (c’est moi qui porte les sacs ce matin, il porte juste son fin collier pour que je puisse le retrouver).

Céleste avance, je ne l’aperçois que vaguement à cause de cette légère brume.
En fait, mon frère remarque que l’odeur de volaille n’est qu’apparente. Tout à coup, il secoue la tête. Il s’arrête un moment et éternue, puis frotte son museau contre l’herbe humide. Il ne comprend pas ce qui lui arrive mais c’est comme s’il avait écouté un bruit strident qui donnait mal au crâne. Il continue cependant à s’avancer, guidé par son excellent odorat, qui lui donne maintenant une multitude d’odeurs : volaille, bois, terres… gibier… non, homme ?
Il trouve les odeurs bien naturelles pour un être humain, même sa sœur sent davantage l’humain que cette volaille étrange. Il voit alors une masse claire et des plumes blanches. Il s’approche très lentement et s’arrête à environ un mètre pour réfléchir si cette chose est mangeable ou non. Il hésite et reste silencieux sur l’herbe. Seulement… sa tête lui cogne et il n’entend pas bien les sons.

Et oui, il n’entend pas que je l’appelle à voix modérée… ce qui est assez inhabituelle de sa part. Qu’est-ce qu’il a bien pu trouver : un volatil mort ? Je le suis au pas, peut-être pas assez sur mes gardes.

Si les épreuves que j'ai eu à affronter dans ma vie m'ont bien appris une chose c'est celle-ci: ne jamais faire confiance. Pas même à la plaine. Enfin, la plaine est bienveillante comme tout ce qui est sous l'influence profonde et authentique de la Toute Mère. Mais ce qui ne l'est pas.....
Humain.
Non pourtant......ses pensées ne sont pas humaines.....je les sens....elles puent l'humain mais ne sont pas humaines....
Corrompu. Une créature corrompu par la vermine humaine...voilà ce qu'elle est. Elle me sent. Je la sens. Je suis encore endormi mais mes sorts de protection me permettent de ressentir la présence d'intrus et de m'introduire dans leurs pensées, sans toutefois pouvoir les influencer. Je les rends seulement confus. La bête corrompue est confuse et elle sent mon ....doux parfum de......poulet???

J'ouvre brusquement les yeux, m'arrachant de force à mes rêves, et me redresse avec vitesse. La bête est là....mais qu'est-ce que cette bête? Je n'en ai jamais vu de semblable.

Une grande bête...presque aussi grande qu'un étalon des plaines.....blanche....de grands yeux ambrés.....brillants de malice.


Un spécimen magnifique.

-Qui t'as corrompu mon beau? Qui a osé t'arracher à ta nature originelle? Qui a osé?

"..."

Céleste ne comprend que le ton de la drôle de volaille. Mais il commence à comprendre, malgré sa tête qui bourdonne, que cette étrange bestiole est en fait humaine... et donc qu'il ne pourra pas la manger. Il recule d'un pas, par méfiance; mais ne ressent pas d'animosité à son égard.

Mon frère ne répond toujours pas. J'accélère le pas pour le rejoindre. Atch! un pas sur l'herbe de trop, et c'est comme si quelqu'un rentrait dans ma tête. Je me saisis le visage et me calme le plus vite possible. Je sue à grosses gouttes malgré la fraicheur du matin, mais continue d'avancer. Je saisis au bout d'un moment la fourrure de mon frère qui tourne alors la tête. Il me sens le visage en sueur puis me donne une grande léchouille.
Je lui tire faiblement sur la fourrure pour lui indiquer de s'éloigner. Mais il n'a pas l'air de bouger et regarde à nouveau... mais c'est un humain? brrr, sa présence est écrasante... et ça me dit vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à me rappeler.

La réponse m'est apparu. Sous la forme d'un personnage peu commun. Mais pourtant familier...Hé mais! C'est la petite druide! Que fait-elle là? Et surtout, que fait-elle avec cette animal? Serais-ce.....
Non, ils ne peuvent pas être amis! Je refuse d'y croire! Les humains ne savent qu'exploiter les protégés de la Toute-Mère, ils ne sont incapables de sentiments d'affection pour eux! Ils......
La druide l'attire hors du cercle protecteur. Elle tient à lui visiblement. Peut-être lui est-il d'une quelconque utilité, pour transporter des sacoches par exemple, ou pour lui procurer de la nourriture, je ne vois que ça.
Le profit toujours le profit.....
humain.

Cela me révulse.

Enfin, du moment qu'elle ne lui fait pas trop de mal.

Mais! Le priver de sa liberté, c'est un mal!!

Je dévisage la druide en fronçant les sourcils. Et m'approche en faisant tinter mes gris-gris et mes colliers.

Ah, ça y est, j'ai plus la tête qui bourdonne. La silhouette féminine s'approche de moi. Les bruits de ses bijoux font ressurgir les souvenirs récents. Oh, mais c'est la dame qui a acheté l'onguent! Elle fronce les sourcils, elle ne m'a peut être pas reconnu. Je balbutie:

-Bon... bonjour.

Et sourit maladroitement.

Céleste aboie un peu. Je ne peux m'empêcher de de rétorquer en langage humain (et il connait très bien cette phrase):

-Non Céleste, tu n'as pas le droit de la manger!

Il secoue la tête de mécontentement et se méfie quand même de ce qu'il juge pour l'instant être une grosse volaille qui fait du bruit.

Je me redresse et pointe mon menton vers elle:

-Qui es-tu?

Je ne vois pas pourquoi je la saluerais, je ne salue que ceux qui le méritent, ceux que je juge digne de respect. Peu de gens ont mon respect.

Je désigne l'animal du menton:

-De quel droit traites-tu cette créature de la Toute-Mère comme un vil serviteur?

Elle semble ne pas comprendre mes propose sur la Toute-Mère, encore un ignorante, cela ne m'étonne pas...

Cette femme est bien plus grande que moi; je lève donc la tête vers elle pour répondre... et mentir un chouillat, vu que je suis en mission, après tout.

-"Qui es-tu?"

-Je m'appelle Nastel, marchande venant du Désert.

Et puis, je ne mens pas vraiment en fait... enfin, passons. Elle enchaine sur mon frère.

-"De quel droit traites-tu cette créature de la Toute-Mère comme un vil serviteur?"

J'en reste bouche bée... un peu choquée! De quel droit elle traite mon frère de serviteur Oo!? Céleste sent bien mon irritation et grogne à l'attention de la dame. Je me précipite un peu sur son museau et l'enserre tendrement de mes bras pour pas qu'il attaque. Je m'adresse alors sur un ton qui se veut courtois:

-Ce n'est pas mon serviteur! C'est mon petit frère. ça peut paraitre étrange, mais s'il vous plait, ce n'est pas mon serviteur.

Céleste se redresse un peu vite, ce qui me déséquilibre, je lâche prise sur son museau. Il rebaisse un peu la tête et ne dit rien.

-Vous dormiez à la belle étoile? je m'excuse que Céleste vous ai réveillée.

-"Vous dormiez à la belle étoile? je m'excuse que Céleste vous ai réveillée."

Je pose mon regard sur l'animal, "Céleste", c'est son nom? C'est joli...
Balivernes! Ce nom n'est qu'invention! Invention HUMAINE!!

La petite semble attendre quelque chose....ah oui suis-je bête elle m'a posé une question!

Mais pourquoi pose-t-elle une question pareille? Un sourire étire mes lèvres, quoi de mieux que répondre aux questions par...une question?

-Que fais-tu là?

Je m'approche un peu plus, jusqu'à placer mon visage tout près du sien, en me baissant pour atteindre sa taille bien sur.

-Quel est ton nom?!

-"Que fais-tu là?"

-Emprunter les chemins avec mon frère pourrait être intimidant, par conséquent, nous traversons les plaines éloignés des sentiers pour pouvoir vendre et troquer nos biens dans les villages que nous traversons.

Son visage peint se rapproche du mien, me faisant faire un léger mouvement de recul. Malgré son air étrange, elle ne semble pas agressive...

-"Quel est ton nom?!"

Je ne baisse pas mon regard, mes yeux sombres traversent les siens, aussi sombre que les miens.

-Nastel, et vous?

Elle me demande mon nom. Je rejette mes longs cheveux noirs en arrière et annonce au ciel avec fierté:


-Lors de ma venue sur le Terre qu'ont foulé mes ancêtres, la vie m'a donné pour nom a travers la bouche de ma mère celui de Danseuse du Vent. Fille d’Écorce de Bouleau et de Collines aux Esprits.

je plante à nouveau mon regard dans le sien, cherchant une once de respect. Je lui présente brutalement mon poignet gauche. Sur l'intérieur de celui-ci est tatoué un motif représentant le souffle du Vent tournant dans la plaine.

-Tu vois ceci? C'est le symbole de l'essence de mon âme. je l'ai fait faire lors de mon treizième anniversaire, il a été réalisé avec le sang de la roche noire qui tapisse la rivière. Depuis que je l'ai, je sais ce que je suis et le monde le sait aussi.

Je ne lui précise pas que je possède d'autres tatouages sur mes bras, représentant d'autres épisodes de ma vie....beaucoup plus sombres....

Je la laisse contempler mon poignets puis lui passe une grande plume sous le nez. Elle éternue. Je colle mon nez à son visage et hume le parfum saturé de toutes les gouttelettes qu'elle a fait sortir de son corps.

Là, je sais un peu mieux à qui j'ai affaire.

Je l'écoute... euh, je crois comprendre qu'elle s'appelle Danseuse du vent. Je ne manque pas une miette de ce qu'elle raconte... mais je dois avouer que je n'ai pas tout compris.
Elle me montre son tatouage. Le geste un peu brutal a fait se redresser Céleste. Je regarde, c'est joli, bien que je trouve ça un peu étrange.
Alors que je contemple sa marque, elle me passe une longue plume d'oie sous le nez. Je n'ai même le temps de mettre la main devant la bouche que j'éternue déjà.

Céleste n'a pas confiance du tout maintenant. Le voilà qui prend le sac et moi avec dans sa gueule et me soulève pour m'éloigner de cette dame. Je lui dis de me reposer, que ce n'était pas un sortilège qu'elle vient de me lancer. Je m'exprime dans sa langue, donc la femme n'a sans doute pas pu comprendre. Je lui somme ensuite de me reposer en parlant normalement. Il s'exécute.

-Et vous, ou allez vous?

Je remets mon sac bien sur mes épaules et fait un geste comme quoi nous allons dans cette direction, si elle décide de faire un brin de chemin avec nous. (vu qu'elle sort de la ville, je suppose qu'elle part, dans un premier temps dans la même direction que nous)

Je rêve où la druide vient de parler à céleste? Elle ....lui parle et...il......la comprend!!

Incroyable et pourtant...si réel....

Cette petite m'intrigue. Elle semble se diriger vers les terres, je vais la suivre, pour répondre à mes questions.

-Je me rends à la tribu.

Sur ses mots je lui emboîte le pas, sans cesser de la dévisager. Nous marchons quelques heures sans échanger aucunes paroles, enfin, elle tente bien de lancer une conversation, mais je n'y prête pas attention. Durant tout le trajet, je suis comme fascinée par le lien qui l'unie à son chien. A plusieurs reprises ils échangent entre eux, elle le caresse, lui prends le museau entre les mains, serait-ce de l'affection?

C'est vraiment intéressant. Très intéressant. Le soleil est haut dans le ciel à présent, nous nous arrêtons pour manger un morceaux. Je sors de ma sacoche de peau un morceau de fromage de chèvre et des amandes, ainsi que des myrtilles.
Et, même en mangeant, je continue de les fixer.

Je finis par rompre le silence:

-Est-ce qu'elle te parle, à toi aussi?

Devant la mine intriguée de Nastel je rajoute en fixant l'horizon, les plaines dans lesquelles le vents s'amuse.

-Notre Toute-Mère la nature, la mère des mère, te parle-t-elle? T'explique-t-elle comment communiquer avec le chien?

Le silence est un peu pesant. Danseuse du Vent n'arrête pas de nous dévisager... il faut dire que je n'ai pas pu vraiment engager la conversation avec elle... enfin bon, elle semble loin d'être hostile et semble fascinée par Céleste.

Nous décidons de nous arrêter pour manger un morceau. L'herbe est bien sèche maintenant, le soleil tape assez fort; cela fait beaucoup de bien, même s'il est moins brulant que dans le désert. Je mange un peu de viande séchée, en donne un peu à Céleste, qui n'a pas très faim. Puis mange un fruit et la moitié d'un radis noir. La marche a été facile ce matin et je ne me sens pas très fatiguée. Danseuse du Vent entame alors la conversation:

-"Est-ce qu'elle te parle, à toi aussi?"

?? de qui? Devant mon air interloqué, elle reprend:

-"Notre Toute-Mère la nature, la mère des mère, te parle-t-elle? T'explique-t-elle comment communiquer avec le chien?"

-Euh... c'est ma mère principalement qui m'a appris à parler avec mon frère. Mais Céleste comprend très bien, parce qu'ils est né parmi nous.

C'est vrai que je ne communique aussi bien qu'avec Céleste. Bah, c'est mon petit frère aussi, ça compte. D'ailleurs, il entend son nom et redresse la tête. Il est couché dans l'herbe et se repose. Je n'aime pas beaucoup les plaines, j'ai l'impression de marcher sans cesse à découvert, même si nous marchons loin des sentiers.

Je n'empêche pas DdV de me poser encore des questions sur Céleste, alors je ne me prive pas non plus:

-Ou se trouve votre tribu? C'est celle dont-on parle dans les livres d'histoires? les... rah, je ne me souviens plus du nom.