Un voyage jusqu'à la frontière, à travers la montagne [Nastel/Keihn] (fini)

Bon... Nao (mon corbeau messager) est revenu la semaine dernière, voilà donc une semaine que je suis partie de la capitale. Deux de mes camarades voulaient que je les rejoigne, mais on s'est séparés il y a trois jours car ils partaient vers les terres arides du désert. Or moi, j'aimerais visiter des trucs nouveaux, car le désert... je connais que trop bien.


Me voilà donc à redescendre du côté des frontières, en passant par un chemin pour quitter progressivement les altitudes. Les arbres sont plutôt rares et je n'ai pas rencontré de problème important jusqu'à maintenant (juste croisée un ours, très gentil d'ailleurs, et des serpents des roches).
La nuit tombe et Céleste (mon familier) et moi (Nao vit sa vie uu), on dine tranquillement et discrètement. Mes rations ne sont pas mauvaises, mais j'espère pouvoir passer dans un village d'ici quelques jours pour un meilleur repas.

J'éteins le feu. Venant du désert, les températures extrêmes ne me dérangent pas du tout, pas besoin donc, de feu pour dormir. Par précaution, quand je dors à la belle étoile, je m'arrange pour me mettre à un endroit où il est facile de percevoir les flux alentours. Comme ça, si les flux d'énergie changent à proximité, ma pierre à mon chapeau agit comme un réveil (cependant, ça ne marche qu'à 5 mètres de rayon...). Je compte donc plus sur le sommeil léger de Céleste pour me prévenir en cas de bruits suspects.
Mais bon, on est encore à Aspera, donc je suis pas trop méfiante. Je m'attends plus à l'arrivée d'un golem de terre ou d'un serpent venimeux.

Je dors à point fermé. Céleste veille à demi sommeil.

Cela fait maintenant une semaine que Derillia est décédée. Je ne sais pas si la vengeance m'aurait aidé à oublier cette peine qui ronge mon coeur.
J'erre, il est tard. Je ne sais pas si j'ai faim mais trois jours sans nourritures, ça va certainement me causer quelques problèmes d'ordre physique.

Je longe une lignée d'étoiles mais je n'ai pas l'impression qu'elles bougent. Peut être sont elles les Déesses de la nuit et que grâce à elle les boulets se perdent dans la forêt pour servir de repas aux carnassiers.

Je sens la présence d'un volatile des songes.
J'escalade un chêne certainement bicentenaire et observe l'horizon. J'y aperçois l'ombre d'un oiseau.
Rapidement je descends de l'arbre, le remercie pour son accueil et part en courant.
J'esquive les rochers et les quelques ruisseaux.

Je sens une présence autre que simplement le volatile. Je reste donc sur mes gardes. Je sors mon arc et une flèche de mon carquois. Tout en marchant lentement et en maîtrisant ma respiration je m'avance doucement vers ce qu'il me semble être énorme et terrifiant.

Je sens une chaleur bien particulière, une chaleur humaine mais accompagné de quelque chose de plus gros. Un ours ?

Tout en étant descendu, j'arrive maintenant dans une plaine avec peu d'arbre. Au loin j'observe un énorme rocher, je sens la présence de l'humaine derrière. Sait elle qu'une bête sauvage rode ? Je ne sais pas si je dois la prévenir peut être prendra t elle peur en me voyant.

Le vent fait l'herbe fine s'agiter. Quelque chose bouge mais sans aller dans le sens du vent. C'est volumineux et ça court.
Peut être est ce un ours.

Je sens ça se rapproche !
Il est derrière !

Je me retourne et aperçois un espèce de chien énorme, je n'en ai jamais vu. Il grogne et essaye de me mordre. Je laisse mon arc tomber sur le côté. Sa gueule n'est qu'à quelques centimètres de ma bouche.

"Putain mais tu pus de la gueule ! Casse toi saleté !!"

Argh ! Il est beaucoup trop lourd ! Cela m'apprendra à mettre de côté la musculation du matin !
J'essaye de sortir ma dague mais peine ...

Je sens ma couverture se faire la malle. Et puis ma pierre m'envoie un grand frisson dans le corps. Pour me réveiller, ça me réveille! Une voix peste, mais je ne l'ai pas bien discerné derrière les grognements de Céleste. C'est étrange, il n'attaque pas d'habitude.

Je constate rapidement la situation: Céleste de dos, sur quelque chose de vivant (c'est tout ce que je peux dire d'ici et avec mon niveau d'éveil).

-Céleste, ici!

Je prends mes sacs au cas où ce sur quoi Céleste est se trouve être dangereux. Céleste grogne, fait un pas en arrière puis bondit près de moi. Je m'accroche à sa fourrure pour le calmer (et déguerpir en cas de danger).

Un jeune homme au sol, plutôt grand. Il porte des habits noirs. Je ne distingue pas bien son visage malgré la lueur de la demie lune. Seulement, l'impression qu'il dégage m'est étrangère et un frisson me parcourt le dos, comme par instinct.
Céleste ne se calme pas et je le sens près à bondir à nouveau sur l'homme.

-là, c'est rien, calme toi.

Céleste se redresse un peu, et ses grognements diminuent.
J'aperçois alors un arc au sol et l'homme qui cherche à sortir une dague. Je me mets devant Céleste:

-Non, il est pas méchant! Rangez votre arme, s'il vous plait, il voulait juste me défendre.

Je tiens quand même mon sac d'une main et me dis, au pire, je fuis.

Une voix féminine raisonne dans le silence que le chien laisse à la nuit.
Il finit par se retirer et se poste devant la voix.

Je me relève et cherche à prendre ma dague, la voix me demande de ne pas le faire.
Je suis étonnée, celle ci ne semble pas méchante, par contre ce chien !
Ah ! Il m'a mis en colère ! Pour le coup la faim me tiraille !

Je range ma dague à demi sortit de son étui, ramasse mon arc et ma flèche pour les ranger.
J'observe le chien que je peux presque voir grâce à la lune. En face de cette bête se trouve la voix.
Comment ai-je fait pour ne pas remarquer un telle présence plus tôt ?
Suis je stupide ?

J'attarde mon regard sur ce qu'il semble être une fille. Elle est beaucoup plus petite que cette saleté qui lui sert de garde du corps.
Je m'incline.

"Excusez moi pour le dérangement, si possible gardez cette chose près de vous. Je pensais avoir trouvé un repas convenable mais apparemment ce n'est pas possible. Sur ce merci de me laisser la vie."

Merci ? Je suis vraiment fatigué ou stupide mais je suppose que cette phrase d'usage me permettra de repartir à la chasse du volatile.

Je commence à partir à reculons et sens de nouveau la présence du piaf.
J'ai faim !
Je dégaine mon arc et lui enfile une flèche.
Là je le vois, il me nargue !
Je bande l'arc prêt à manger sans me soucier de la sale bête.

"Excusez moi pour le dérangement, si possible gardez cette chose près de vous. Je pensais avoir trouvé un repas convenable mais apparemment ce n'est pas possible. Sur ce merci de me laisser la vie."


Cette chose? un repas? non mais on mange pas mon frère d'abord! (oui, enfin, Céleste, c'est comme mon frère) Puis je comptais pas le tuer non plus.

Je m'apprête à lui répondre que j'ai de quoi manger s'il veut mais il se met à reculer. Pis carrément à lever les yeux. Je le suis et aperçois Nao. J'en reste quoi lorsque l'homme bande son arc. Je lui bondis dessus sans réfléchir en criant:

-Mais ça va pas non! on mange pas le corbeau des gens comme ça!

Je me retrouve à califourchon sur l'homme à tenir son arc. J'ai pu me déplacer assez vite pour ne pas qu'il tire. J'ai élevé un peu ma voix, mais plus par peur pour Nao que par colère.
D'ailleurs, qu'est ce qu'il fiche ici Nao, il est toujours à des lunes de là où je suis d'habitude et il n'est pas aussi insouciant en règle général (normal, c'est un corbeau entrainé qui m'a été donné par l'école).

J'ai alors une meilleure vue de l'homme étrange qui nous a accosté cette nuit. Son visage est fin avec une grosse cicatrice. Ses oreilles sont pointues et sa peau semble bleutée. D'où il sort celui là?
Du haut de mes 43 kg, je n'applique pas vraiment de force sur son corps. Céleste grogne à nouveau derrière moi. J'arrive brièvement à me rappeler des propos du jeune homme et je sens un renvoie d'énergie qui m'est plus familier: la faim.

-Mais si tu as faim, j'ai ce qu'il faut. Alors n'attaque paaa ouahh!!

Céleste m'attrape par la ceinture pour m'éloigner de l'homme affamé. Il me pose en haut d'un rocher et je le retiens pour qu'il n'attaque pas le jeune homme. Nao se pose sur mon chapeau et je lui porte la main au bec pour le rassurer. Je prends un ton plus assuré mais gentil:

-Si tu veux manger, je veux bien t'en passer, mais n'attaque pas mes amis ou je ne resterais pas gentille.

Je redescends plutôt adroitement du rocher pour retourner vers mes sacs et sortir des rations en tout genre. Je m'assois en tailleur et regarde Céleste du style: viens t'assoir et reste calme. Celui ci s'assit derrière moi et se force pour se calmer.

Je tends des biscuits en direction de l'homme:

-Je m'appelle Nastel. Et de là où je viens, on ne mange pas les animaux de compagnie des gens.

Une pointe d'ironie sur mon ton. Mais je veux lui faire comprendre que je compte pas le laisser bouffer mon frère et mon collègue de travail.

La jeune fille me bondit dessus quand je commence à bander mon arc. Le corbeau s'en va.
Elle est a califourchon sur moi. Si je n'étais pas calme j'aurais certainement pu la repousser avec un coup de bras. Toute fois elle ne semble pas très vieille ni méchante.
Les corbeau des gens ? Serais ce donc son familier ? Mais qui est le chien ?

Je peux maintenant voir le visage de la jeune fille. Elle a une peau mate et un visage assez mignon. Elle a bien une tête d'humaine. Et c'est incroyable comme elle est légère. Je pense qu'un autre n'aurait pas retenu ses pulsions meurtrière et l'aurait achevé elle et ses familiers. Elle a de la chance. Cependant je trouve la position assez gênante.

Quoi ? Mais c'est qui cette fille ? Elle me propose à manger comme ça, c'est vraiment adorable.

La grosse bête prend la fille par sa ceinture et la dépose sur le rocher. Ils semblent bien que se soient ses familiers. Je relève mon torse sans remettre ma capuche et observe les trois individus qui se trouvent en face de moi.

"Mmh ... je ne veux pas te déranger plus longtemps non plus."

Je la vois descendre et chercher dans ses sacs. Je l'observe attentivement et elle est vraiment minutieuse. Elle me tend des biscuits qui semblent réellement bon.

Je prend les biscuits et les reniflent.

"Merci Nastel et désolé mais quand je chasse je ne fais pas attention aux familiers. Enfin je n'ai pas l'habitude d'en croiser."

Je croque dans un premier biscuit et regarde attentivement Nastel.

"Je m'appelle Keihn."

"Merci Nastel et désolé mais quand je chasse je ne fais pas attention aux familiers. Enfin je n'ai pas l'habitude d'en croiser." ... "Je m'appelle Keihn."

Je lui souris. Mais je vois pas grand chose pour chercher dans mon sac. Je prends un caillou que je secoue fort et il finit par faire une petite lumière orange. Je donne un bout de biscuit à Nao en disant:

-Lui, c'est Nao.

Je précise pas que c'est mon collègue de travail, mon corbeau messager, on ne sait jamais, les infos valent toujours de l'or.

Céleste me pousse l'épaule de sa tête. Je me tourne, Céleste vient de me demander s'il peut manger Keihn, sinon, de le présenter aussi. Je me tourne vers Céleste:

-ça va pas non, tu peux pas le manger!

Céleste pose sa tête au sol et boude. Je reprends:

-Et lui, c'est Céleste, mon petit frère. Mais il n'aime pas les gens.

Je refouille dans mon sac voyant que le démon a fini les biscuits. Qu'est ce qu'il me reste?... Ah, ça.

Je lui lance ma bouteille dont le bouchon sert de bol. Puis un quart de baguette.

-Tiens, c'est du gaspacho. Tu peux finir.

Ah mince, je me suis mise à le tutoyer machinalement. Faut dire, il ne semble pas plus vieux que moi. Je m'étire et baille. Céleste me lèche le visage me disant de me recoucher. Je lui tire la langue, la curiosité a fait fuir le sommeil. Et ça fait trois jours que je n'ai vu personne.

-Tu vis ici?

Elle prend un caillou et le fait le briller, je trouve ça intéressant.

Donc cet oiseau qui aurait pu me servir de repas s'appelle donc Nao, je retiens.

Me manger ? Nastel communique donc avec les animaux, c'est d'autant plus intéressant. Toutefois j'espère qu'elle va tenir cette sale bête je ne veux pas finir dans son gosier.

Son petit frère ? Je ne vois pourtant pas d'air de famille entre ces deux individus. Et je pense que j'avais compris qu'il n'aimait pas les "gens". Au fond sa peur doit être naturelle, je suis un démon il est normal qu'il me considère comme une menace et qu'il souhaite protéger sa sœur.

Elle me lance une bouteille et le reste d'une baguette. Cela me rappelle qu'une gourde ne serait pas de refus. Il faut que je songe à en échanger une contre quelques bricoles au marché noir.

"Merci beaucoup."

Je bois le reste du liquide et mange le pain, je laisse échapper un sourire, elle vient de me tutoyer c'est mignon.
Elle semble vraiment proche de cet animal, cela me rassure un peu une jeune fille accompagné de cette grosse bête, il ne faut pas que celle ci soit méchante.

"Plus vraiment. Et que faites vous dans cette contrée ? Vous ne semblez pas du coin."

"Plus vraiment. Et vous que faites vous dans cette contrée ? Vous ne semblez pas du coin."


Plus vraiment? c'est pas clair. Est ce que le village où il vivait à découvert qu'il était un démon? Beaucoup d'humain les chasse à cause de la guerre qui sévissait durant quelques années.
Personnellement, j'ai appris à ne pas juger par la race, même si je me méfie toujours de ce que je ne connais pas. Cependant, je pense qu'il existe des humains aussi cruels que certains démons.

Je réponds:

-Je viens de plus haut dans les montagnes, mais suis originaire du désert, de la tribu nomade du sablier. J'ai décidé de partir au delà des frontières.

Je bois un coup. Nao s'en va en me disant de faire attention, qu'il n'a pas confiance en cet individu. Je n'en tiens pas compte mais décide cependant d'en apprendre davantage sur sa personne.

-Je n'avais jamais rencontré de démon à Aspera, que fais tu ici?

Je le fixe avec curiosité. Sa peau est bien bleutée. Ses cheveux noirs n'ont pas l'air d'avoir été coiffés depuis trois plombes. Son aura est simple, voir discrète. Et même s'il a essayé d'attaquer mes amis, il n'y a pas vraiment de discorde entre lui et son environnement. ça m'intrigue tout ça...

Elle me parle sans être complètement apeurée. Elle semble même ne pas se soucier de mon apparence. C'est pas plus mal, mais ne devrait elle pas se méfier un peu plus ?

"C'est intéressant. Pourquoi avez vous voulu quitter votre tribu ?"

Elle boit et semble communiquer avec le corbeau. Le volatile s'en va. Je me demande ce qu'il va faire.

"J'espère acquérir une certaine liberté et il se trouve qu'Aspera est sur la route que mes pieds ont empruntés."

J'observe la jeune fille de haut en bas. Elle semble maîtriser un lien étroit avec les autres êtres vivants, ça lui sera certainement très utile dans le futur.

Je m'assoie en tailleur et m'appuie sur le sol avec mes bras. Je n'ai toujours pas remis ma capuche. Je retire ma cape, mon arc, mon carquois et ma chemise. Je passe ma main dans l'herbe qui commence à prendre la rosée et m'en passe sur le torse. La chaleur est légère mais tout de même présente. En fermant les yeux je passe ma main gauche sur mes cheveux.Cela me fait penser que ça va faire un moment que je les ai pas crochetés.
Je prend mon arc et le débande, je ne veux pas l’abîmer. Je regarde les flèches qu'il me reste et constate qu'il faut que j'en refasse quelques unes pour les chasses prochaines.
Je me gratte la gorge et regarde de nouveau Nastel. Qu'elle âge peut elle avoir ?

"J'espère acquérir une certaine liberté et il se trouve qu'Aspera est sur la route que mes pieds ont empruntés."

Ah? dois je comprendre qu'il recherche des informations ou qu'il cherche juste à mener une vie tranquille. bon, en tout les cas, je ne crois que ce que je vois. Son arc et ses flèches indiquent la chasse et pas vraiment les habits d'un combattant non plus.
Keihn a l'air de se mettre à son aise. Pas plus mal, ça met relativement en confiance. Quand il débande son arc, Céleste grogne du style "pose ça tout de suite". Je lui fais des gratouilles derrière l'oreille et il redevient en mode câlin.
Je réponds à sa précédente question avec une légère retenue d'information:

-J'ai quitté ma tribu pour mes études. Maintenant que j'ai fini, je peux faire ce que je veux.

En vrai, je suis payée un petit salaire en tant qu'informateur. (Certains diront espion... mais mon rôle n'est vraiment que de récolter des infos pour la reine et ses envies de paix)

-A dire vrai, je n'ai jamais quitté le pays et j'ai bien envie de partir explorer par delà les frontières.

Un léger silence s'installe. Je fais l'inventaire rapide de ce qu'il me reste à manger. Encore deux jours au max...
Au bout d'une minute je demande:

-Dis, tu connaitrais pas un village pas loin?

Céleste tourne la tête. Il n'aime pas les villages. Quel misanthrope celui là alors.

Le chien est vachement réactif, j'ai juste débandé mon arc.
Elle m'informe pour ses études et ses envies de voyages.

"C'est une bonne chose mais peut être devriez vous être encore plus sur vos gardes. J'aurais pu être quelqu'un de mal intentionné."

Nastel regarde dans ses affaires et semble faire un inventaire.
Elle me demande si il y a un village non loin de là. Je ne sais pas exactement, j'ai entendu parler d'un village d'humains en amont.

"Je n'y suis jamais allé mais il me semble qu'il y en a un en amont."

Je regarde les étoiles qui s'efface sous l'arrivé du soleil.
Je ne dois pas traîner au soleil, je risquerais de me faire remarquer par un autre humain.
Je remets ma chemise et mon carquois. Je fixe mon arc sur ma ceinture et prend un lacet de cuir que j'avais tressé dans une de mes dreads. J'attache mes cheveux en arrière et regarde Nastel.
Je prends ma cape et la remets en prenant le temps de bien remettre ma capuche.
Quelques feuilles traînent sur le sol je les ramasse et me masse les pieds avec.

"Je pense que je vais retourner me cacher, merci pour tout."

Les premières lueurs du soleil font leur apparition. La nuit aura était courte pour moi. Cependant, son avertissement me fait bien sourire; s'il avait été quelqu'un de mal intentionné, son énergie n'aurait pas semblé si calme. Et puis, lui aussi il n'est pas prudent. Céleste aurait pu le dévorer si je lui avais demandé, ou j'aurais pu l'attaqué tout à l'heure avec ma lame rétractable à mon poignet (sous forme de bracelet).

Je baille à nouveau. Céleste, la tête posée sur le sol me réprimande de n'avoir pas dormi. Mais qu'importe.

Son information sur un village en amont, j'irai la confirmer auprès d'un oiseau ou d'un ours (suivant qui sera le plus causant). Je ne sais pas encore parler aux serpents, mais je m'entraine dès que j'en croise un pas trop farouche.

"Je pense que je vais retourner me cacher, merci pour tout."

-Te cacher? des humains? je n'ai vu personne depuis 3 jours.

Je enchaine:

-Juste pour ta gouverne, si tu viens à remonter dans les hautes altitudes, si tu croises un chien sauvage comme Céleste, ne le tue pas, c'est une espèce protégée.

Je commence à remballer mes affaires pour reprendre la route. J'harnache Céleste de nos deux sacs (l'un presque vide cependant).

Elle baille de nouveau, la pauvre elle doit avoir réellement besoin de sommeil. Peut être est elle encore en pleine croissance.
Je baille à mon tour, le jour il est préférable que je dorme.

"Ne sait on jamais, ma race n'est pas très apprécié des votre. Je ne tiens pas à mourir maintenant, je ne suis même pas au quart de ma vie. D'ailleurs, je me demandais quel âge avez vous ?"

Peu de temps après elle m'informe sur les chiens sauvages.

"J'y ferais attention."

Je me relève et regarde l'horizon. Au fond c'est vrai, je ne suis même pas au quart de ma vie, est ce que je peux réellement me contenter d'une vie de liberté presque impossible. Comment pourrais je vivre libre quand les miens ne sont pas acceptés par les humains. J'aimerais savoir ce qu'Amlos souhaite faire des crystallium. Cette petite pourra peut être m'aider à assouvir ma curiosité.

"Penses tu que nous pourrions faire un bout de route ensemble ?"

Je me surprends à parler autant, de nature taciturne, cela m'étonne au plus haut point. Pourquoi je me sens obligé de parler en face de cette jeune fille ?

Je me tourne alors que je termine d'accrocher les sangles à Céleste.

D'abord, il me demande mon âge, puis s'il peut faire un bout de chemin avec nous. Je reste surprise de ces deux demandes.

-J'ai 22 ans.

Et gare à lui s'il me prend pour une gamine. J'enchaine directement:

-Et euh... je ne vois pas d'inconvénient à voyager avec toi jusqu'au prochain village. A une seule condition: tu me donnes la corde de ton arc lorsque je dors, je te la rendrai sans faute au réveil.

Je commence à me méfier. Céleste n'est pas content. Il ne veut pas de la compagnie d'un étranger. Peu lui importe s'il est démon ou pas. Il le trouve louche et il sent le sang d'animaux d'après lui. J'écoute les propos de Céleste. A tiens, d'ailleurs, à titre d'information, les animaux ne "parlent" pas vraiment, c'est plutôt une sorte de murmure que les druides finissent par entendre en eux d'après le comportement des animaux.

Pour la corde de son arc, c'est que je n'ai pas vraiment de moyen de me défendre s'il décidait de m'attaquer à distance, si je n'ai pas Céleste pour me servir de bouclier.

"Ah tu as 22 ans, tu sembles plus jeune."

C'est sûrement l'apparence humaine qui me fait penser ça, enfin j'imaginais son âge à proximité de 16 ans pas plus.
Ha ha me prendre la corde de mon arc ? Qui me dit qu'elle ne va pas m'assassiner ... Après tout elle fait bien de se méfier mais je ne peux pas lui faire totalement confiance non plus, même si elle semble gentille, elle dégage quelque chose de malicieux. Et la malice n'est pas ce que je préfère.

Finalement j'ai parlé sans réfléchir, suis je vraiment stupide ?

"Je ne peux pas accepter cette condition, je partirais seul et te laisse faire de même."

Je me retourne et me dirige là où le village semble se trouver. Il faut que je chasse pour avoir quelque chose à échanger au marché noir. Et pourquoi pas débuter ma quête en ce qui concerne le crystallium et l'utilisation qu'Amlos souhaite en faire. Après tout je peux attendre d'atteindre les 150 ans pour trouver un coin tranquille où me poser et atteindre un niveau de spiritualité élevé.

Je suppose que ma façon de penser et bien différente des autres démons.

Il s'éloigne, je fulmine. Non pas parce qu'il ne me fait pas confiance, ça, c'est normal. Mais parce qu'il me trouve plus jeune. Céleste ne dit rien. Il sait que je déteste que l'on me dise que je suis plus jeune.
Durant mes études, on me prenait toujours pour une première année, ça m'énervait. Bref, je me calme.

Céleste me dit que je peux monter sur son dos le temps que l'on passe la vallée, comme ça, je pourrais rattraper ma nuit. En effet, le sommeil est quelque chose d'important pour moi, il permet de garder maitrise sur l'énergie (l'impression, l'aura, la prestance quoi) que je dégage.

Durant les 3h qui suivent, je dors sur le dos de Céleste alors qu'il avance lentement. Il me réveille en me disant qu'il a senti l'ours d'hier un peu plus loin.

-Va te reposer un peu. J'en ai pour 30 à 45 minutes à aller parler avec lui d'accord?

Il acquiesce. Je descends et vais à l'encontre de l'ours, dans la direction que m'a indiqué Céleste. Ce n'est pas dur de le trouver, il est pratiquement venu à ma rencontre. Je m'assois et relâche un aura calme par delà la terre. Il grogne comme pour me demander ma présence ici. Je lui fais comprendre que je cherche un village. Il me confirme brièvement la présence d'un village et me donne des signes distinctif alentours. Seulement voilà, on n'a rien sans rien. Je dépose des baies que j'ai ramassé hier sur le chemin pour le remercier. Je le mets en garde contre un chasseur dans les environs (keihn) et lui indique la direction oposé au village pour être tranquille.
Je préfère parler au mammifère, les oiseaux parlent trop vite, et les reptiles sont durs à comprendre.

Je retrouve Céleste qui dort un peu plus loin en contrebat, sur l'herbe tendre. Je bondis de rocher en rocher pour le rejoindre, profitant du bonne air de la montagne. On reprend notre chemin. A pied pour moi cette fois. Céleste n'est pas un cheval. Et puis, j'aime bien sentir le sol sous mes pieds, c'est plus facile pour savoir ce qui se passe autour. Les énergies proche me remontent les jambes.
Sur le chemin, j'aide Céleste à cacher sa présence de gros prédateur potentiel, histoire d'être plus discret. Sinon, le chemin se fait dans le silence. J'observe les alentours de plus en plus dégagés, remplis ma gourde à un ruisseau en vérifiant la pureté de l'eau et prends quelques plantes utiles sur mon passage, en veillant à donner de l'énergie au sol pour refaire pousser ses sœurs.
Aujourd'hui, œuf, racine de réglisse, soupe au poulet et aux légumes. J'ai laissé Céleste partir chasser une petite heure et il s'est mangé deux lapins. J'ai aussi ses croquettes, mais parfois, ce n'est pas assez nutritif pour un chien des montagnes. Et puis, j'économise ses rations de pâté jusqu'à la grande ville qui se trouve à la frontière.

Ce soir, on bivouac sous un arbre. Céleste décide de me recouvrir entièrement de longue queue poilue. Je lui donne un peu de mon énergie pour l'aider à veiller (car après ce qu'il s'est passé hier, il ne voudra pas dormir vraiment) alors que je recharge nos batteries. La terre sous mon corps est tendre et les mousses agréables. Je m'imprègne peu à peu de l'atmosphère du lieu.

Je pars enfin et laisse cette petite derrière moi.
J'entre de nouveau dans la forêt à l'opposé de l'indication du village. Je suis fatigué, le soleil m'agace.
Je trouve un chêne centenaire et m'installe au sommet à l'abris entre les dernières feuilles de sa toison.
Le creux du haut m'apporte la fraîcheur et le confort je ne tarde pas à m'endormir.

Le chant d'un volatile m'interpelle. La sève coule plus rapidement dans les veines du chêne. Elles s'activent tellement que je peux les ressentir à travers l'écorce. Que se passe t il ?

Je relève ma tête d'entre les branches et observe le soleil qui ne va tarder à se coucher et laisser place à l'astre solitaire.

Toutes les créatures du jour semblent se réfugier dans leurs habitats. La forêt s'agite.
Mes sens s'éveillent. Je vais pouvoir vivre une aventure intéressante.
Lentement je descends de cet arbre qui m'a servit de nid et à mi chemin j'aperçois un Golem de terre. Je ne préfère pas m'en approcher là où il se trouve il semble y avoir beaucoup de terre glaise.

Une fois au pied de l'arbre je décide de le remercier. Seulement je ne sais pas vraiment comment faire, ni quels sont les coutumes. Namak ne me l'a pas dit. Peut être ne savait il pas.
Je me contente de murmurer "Merci pour l'accueil."

Au fond se remerciement est un peu déplacé, je ne lui ai pas demandé son avis.

Je décide de me lancer en chasse, il doit bien rester quelques bêtes dans le coin. Je court vers la vallée, il y aura certainement du trafique au village. En chemin j'arrive sur la plaine où j'ai quitté la fille. J'avance lentement en me commémorant les chants que Derillia avait l'habitude de marmonner pendant les voles.

Je bande mon arc et retire une flèche de mon carquois. J'aperçois une biche.
Lentement je m'approche, elle ne m'a pas encore vu ni sentit.
Elle broute c'est le meilleur moment.

Je cours et prend appuis sur un rocher pour sauter.
Je vise son abdomen et tire.
Je me précipite vers l'animal sort ma dague et l'achève.
J'arrache la flèche et la frotte contre ma chemise, je la range ensuite dans mon carquois.

Mon corps se laisse tomber dans l'herbe haute. C'est là que je vois, cette petite chose.
Un faon ? Putain ! Mais quel piètre chasseur ! Il est coincé sous le corps de sa mère. Je déchire un peu de ma chemise et fabrique un petit filet. Je soulève la mère et récupère le petit. Il tient dans ma main et est apeuré. Je me sens vraiment trop con. Dans une de mes escarcelles se trouve une chemise non teinté, je l'entrepose à l'intérieur et le mets dans mon dos.

Quelques heures après j'ai enfin récupéré la fourrure et les ossements du crâne. Je mets les ossements dans la fourrure et plie le tout.
Je découpe soigneusement la viande et commence à la manger. Le seul avantage à être un démon c'est peut être ça. Même si la viande est meilleure cuite on peu la manger cru.
J'avais faim et il ne reste plus grand chose de la biche. Enfin il en reste suffisamment pour les charognards.

La nuit était déjà bien entamée. Il faut que je me lave et que je sois un minimum présentable pour le trafique.
Je prends la peau, le crâne et le faon avec moi en direction du village.

En chemin je m'arrête à un ruisseau pour laver mes vêtements et mon visage. Par la même occasion je nettoie le crâne et l'intérieur de la peau.
Après cela je repars. J'arrive dans un champ qui semble abriter un troupeau de vaches. Je laisse mes affaires dans le champs et me dirige vers l'étable. Là je trouve une gourde et un sac en tissu solide.
Je les prends et reviens là où j'ai laissé mes affaires.
Le faon n'a pas bougé.
Je repars chercher du lait, la vache ne dit rien elle n'en pouvait plus. Je remplis la gourde.

Rapidement je remets mes affaires et place le faon dans le sac. J'accroche la gourde à ma ceinture et descend vers le village.

Un deuxième journée de marche tranquille. Cette fois, on compte remonter vers le village indiqué. On a croisé un berger cette aprème. Malgré la taille imposante de Céleste, les brebis n'ont pas mouché. Le berger a direct compris que j'étais druide et il m'a indiqué le village un peu plus loin. On devrait y être ce soir avec ses dires.

Porter la carte de mon école me permettra, au moins à Aspera, de dormir à moindre coût.

En fin d'après midi, on arrive au village en question. J'ai même eu le temps de faire la sieste avec Céleste. Ce n'étais pas si loin en fait, il suffisait de couper à travers les gros rochers. Je n'ai plus aucune ration, je compte d'abord faire le marché du soir.
Le village s'appelle Némésis. Une centaine d'habitant je pense. Il n'est pas sur ma carte... pas assez grand. Pourtant, lorsque j'arrive au marché, je constate qu'il y a tout ce qu'il faut.
Céleste n'a pas voulu approcher le village, il m'attend à quelques kilomètres dans une forêt voisine. J'achète plein de choses qui se gardent longtemps, pour pouvoir aller à la frontière plus facilement. Je ne détonne pas vraiment avec les gens de passage relativement fréquent, ce qui me permet de ne pas me faire vraiment remarquer.
C'est vrai qu'en arrivant, j'ai remarqué de nombreux marchands. ça doit être la "ville commerce" du coin et ça tombe très bien. Une fois mes deux gros sacs remplis, je retourne voir Céleste en forêt.

-Tu viens? on m'a indiqué une auberge en bordure de ville. Les animaux sont acceptés.

Il ne dit rien. Je pense que ça lui convient. Il me suit puis m'attends couché devant l'auberge. C'est vrai qu'elle se trouve à l'écart, ce n'est pas plus mal.

Le gérant, rond, grand et barbu me demande:
-Ben alors ma petite dame, que venez vous faire ici?
-Je cherche un logement pour cette nuit, pour mon chien et moi.
Il cherche mon chien du regard.
-Céleste, entre.

Il obéit et est très calme. L'aubergiste parait surpris mais pas paniqué. Il demande par prudence:
-Vous maitrisez tout de même bien ce chien de montagne?
Je souris à Céleste et lui demande de se coucher. Il s'exécute. Puis, je viens lui gratouiller la tête, il est content.

-Tant qu'il ne sort pas de la chambre au risque de gêner nos deux autres clients, pas de problème.

Je montre ma carte de l'école pour le rassurer. Bien vu, le voilà rassuré.

-Vous faudra t il le repas de ce soir? ou de demain matin.

Je souris malicieusement:
-ça dépend des prix.

Et je marchande un peu pour avoir les deux repas. Il me propose même d'aller me laver dans le bidon derrière l'auberge. Sa fille, charmante, m'y conduit une fois que Céleste s'est couché dans notre chambre. J'en profite un max pour me débarbouiller. Cela fait quelques jours que je ne me suis pas lavée à fond. Je me sentais sale.
Je remonte jusqu'à notre chambre et prépare la pater pour Céleste avec ce que j'ai acheté au marché. Il est mignon quand il est tout content.
Je redescends ensuite diner, il est encore relativement tôt. Je compte donc aller vendre mes potions en ville, en laissant Céleste ici.
Je préviens l'aubergiste et vais en ville. Ce dernier m'annonce discrètement de faire attention au marché noir qui commence dans pas longtemps. Je lui réponds qu'il n'y a pas de soucis. Je connais bien le marché noir. Je n'approuve pas vraiment en tant que "presque fonctionnaire" mais bon... la misère du peuple reste la misère du peuple. Ma tribu fait beaucoup d'achat au marché noir. Il y a toujours toute sorte de choses. Mais bon, là, je n'y vais pas vraiment pour acheter, mais pour vendre mes objets et potions.

Je suis à quelques kilomètres du village et le jour va se lever. Je monte dans une faible falaise et me cache dans une petite grotte. Là je sors le faon.

"Mais qu'est ce que je vais faire de toi bordel."

J'attrape ma gourde et prend le faon dans mes bras. Il a peur et n'arrive pas à se calmer. J'essaye de mettre le lait de vache dans sa bouche. L'embout et suffisamment petit mais la matière solide doit lui sembler désagréable. Voyant qu'il ne le boit pas je réfléchis. Peut être que le lait doit être chauffé.

Je m'enfonce dans la grotte et allume quelques brindilles. J'arrive à conserver la braise. J'attends un peu et y dépose la gourde.
Quelques minutes plus tard je mets de nouveau la gourde dans la gueule du faon mais il ne semble pas apprécier ça.

Je me dis qu'en redescendant je devrais trouver un fermier, j'aurais du penser à celui un peu plus tôt chez qui j'ai piqué le lait.
Je m'endors et gardant le faon dans mes bras. Son petit coeur bat d'abord rapidement et finit par se calmer.

Le soleil est de nouveau bas, les braises sont éteintes. Le faon est encore vivant mais semble faible.
Je sors de ma cachette et espère trouver un fermier jusqu'au village.

Je peux apercevoir un troupeau de brebis au loin.
Je rebaisse à fond ma cape et m'approche discrètement tout en tenant le faon dans mes bras et en aillant mis la peau et le crâne dans mon sac.

Je suis maintenant à proximité du berger. Tout en cachant mon visage et en priant pour qu'il ne remarque pas mes pieds, je lui demande de garder le faon car je ne pourrais pas m'en occuper. Il accepte de le garder et me demande ce que je veux en échange mais je préfère partir en courant vers le village.

Je peux maintenant voir le village. Je me pose à un ruisseau et rempli la gourde d'eau qui semble propre. Je sors ma dague et coupe mes cheveux, ils sont devenus beaucoup trop lourd. Je me retrouve avec le crâne rasé. C'est étrange comme sensation, je me sens un peu ... nu.

La nuit est maintenant tombée, je m'aventure dans le village, le marché va commencer. Les braves gens et les haineux sont chez eux, je ne risque plus grand chose.

J'arpente les quelques allées, histoire de faire du repérage. J'ai déjà vendu quelques potions, mais j'aimerais encore trouver quelques acheteurs, même au marché noir.
L'un des vendeur m'interpelle pour une panoplie de vêtement en cuir (va savoir l'origine):

-Ma demoiselle, êtes vous perdue?

Il me prend de haut, je n'aime pas ça. Je m'approche malicieusement et réponds:

-Mais non Monsieur, je viens faire quelques ventes et quelques achats.

Je n'ai pas non plus la tête d'une gamine, et il se rend compte que je ne suis pas perdue du tout.

-Eh bien, voilà donc de beau vêtement chaud qui vous permettront de voyager en ses rudes nuit.

ça, c'est un bon vendeur, il a compris que j'étais du genre à voyager au premier coup d'œil. Il a dû comprendre à mon teint allé que je venais du désert.

-C'est gentil à vous, mais dans le désert, les nuits sont bien plus froides qu'ici et je supporte très bien le doux climat d'ici. Cependant, une de ses sacoches m'aiderait bien.

Me voilà à marchander pour une sacoche qui pourrait s'accroché à ma ceinture pour remplacer celle qui tombe en ruine. Je lui vends également deux fiole pour rendre le cuire souple. Résultat, j'ai plus l'impression d'avoir fait du troc.
En avançant dans le petit marché, je découvre cependant les fourrures d'animaux protégés ou des potions hallucinogènes... Je n'ai pas envie de créer de scandale... cependant, lorsque je sens une envie malsaine émaner d'un vendeur, notamment lorsqu'il vend à un voyageur, je suis obligée de réagir. Je m'approche malicieusement et demande plus ample information sur ce même produit. Je constate que ce qu'il veut vendre comme une potion contre les grosses fièvres se trouve être beaucoup d'eau, et un peu de tisane. J'apprends que l'homme achète ça pour sa femme. Un autre client arrive et je prends l'homme à part, lui donnant un de celle que j'ai sur moi. Elle n'est pas très puissante alors j'ajoute quelques herbes avec à infuser. Je lui demande d'attendre un peu. Je sors deux pierres de ma sacoche et jette un sort de soin dessus et lui dis de mettre les pierres dans l'infusion. Il me remercie, impressionné et s'en va comme heureux de pouvoir soigné sa femme.

C'est dans ces moment là qu'on se dit que l'on aimerait aider tout les gens que l'on croise. D'ailleurs, je retourne voir l'escroc et lui propose de vrai potion de soin... appuyant mes dires devant une analyse fine de la composition de sa propre liqueur.

Après ces ventes réussies, je décide d'aller boire au bar du marché. Une bonne bière.

Je m'avance discrètement dans les allées étroites du marché noir.

Je trouve un vendeur de peau, je lui propose la mienne contre quelques pièces. Vu la qualité de la peau que j'ai récupéré il ne tarde pas à accepter en essayant de négocier. Au final j'en ai pour onze pièces de bronze au lieu de quinze, le prix que j'ai demandé au départ. Je ne suis pas certains qu'elles soient authentiques mais c'est mieux que rien. Celui ci me demande si je peux lui ramener de la viande un jour, je lui explique que je suis en voyage mais que si je repasse j'y penserais.

Je sais que ce n'est pas avec un marchant de peau que je peux discuter de politique. Surtout que celui ci ne semblait pas bienveillant à mon égard. Il avait comme un air de dégoût en me regardant. D'un côté je comprend, maintenant que je suis chauve mon crâne laisse vraiment ressortir un air démoniaque. Je ne suis vraiment pas né dans le bon corps. Enfin si peut être, je ne sais pas.

Je continue ma découverte de ce marché qui se perd dans les multiples ruelles. Je cherche deux marchands bien particuliers.

Les braves gens restent chez eux la nuit, si on lève la tête on peut voir quelques enfants trop curieux aux fenêtres. Enfin, tant qu'ils restent chez eux et loin de ce marché ils ne risquent rien.

Je descends dans une impasse et trouve un vendeur de tissu. Je lui échange les restes de lins que je possède contre une chemise plus serrée, certes vertes mousse mais tout de même foncée. Il me propose des chaussures mais je ne penses pas en avoir besoin. Mes pieds sont habitués à des terrains escarpés depuis longtemps maintenant. Je prends une de mes escarcelles avec une pièce de bronze et lui échange contre une cape légère verte pins munis d'une capuche plus grande.

Je finis l'affaire et continue d'avancer dans l'impasse. J'arrive enfin au bout. Une bouche d'égout est légèrement ouverte en face du dernier mur. Je me retourne et observe les alentours, personne ne m'observe.
Je l'ouvre et me glisse à l'intérieur. Un nain me demande le mot de passe.

"Alcariam."

C'est le mot de passe universel pour les gens qui ne sont pas de la région. Je passe de nouveau par une petite porte et entre enfin dans une grande salle. Il y a des instruments de tortures, des animaux séchés, des humains empaillés et beaucoup de démons et autres êtres non appréciés dans le monde extérieur comme les nains, les informes, les femmes à barbes, les handicapés, les fous et tout ceux qui ne rentre pas dans un moule. Les humains sont tellement mal vu que si jamais il y en a un qui rentre il finira en décoration d'intérieur.

On dirait une taverne mais que nenni. C'est la suite du marché. Je relève ma capuche et m'approche d'un vieil homme. Les anciens sont toujours plus informés.

"Bonsoir l'ancien, dis moi ça t'intéresse une cape noir et un crâne de biche ?"

"Que veux tu en échange ?"

"Des informations."

"Quel type ?"

"Celles que tu possèdes papy."

Le vieux frotte sa longue barbe et m'observe attentivement de son dernier œil valide. Il semble si âgé qu'on pourrait le confondre avec une momie.

Il reprend : "Tu ne sais pas d'où tu viens n'est ce pas ?"

Je suis étonnée par cette question.

"Si je viens de la légion d'Amlos, enfin mes parents."

"Exact mais attends toi à te retrouver avec quelques choses d'étrange sur le crâne d'ici quelques années."

Je reste perplexe, à part des cheveux je ne vois pas ce qu'il va arriver. De la calvitie peut être. M'enfin ça ce n'est pas étrange.
Je fouille dans mon sac et sort la cape et le crâne.
Le vieux prend le crâne en main et pose la cape derrière lui. Il réfléchit, je vois bien qu'il ne sait pas quoi me donner comme informations.

"Que savez vous sur les intentions d'Amlos et le crystallium ?"

Un silence s'installe dans la pièce. Ce n'était peut être pas la bonne question.
Le vieux prend mon col et l'amène jusqu'à sa bouche fétide.

"Dirige toi vers Sideria."

Je ravale ma salive, me relève le remercie de la tête, renfile ma capuche et sort. Là je demande au nain où je peux me désaltérer, il m'indique un bar où la bière au miel est excellente. Je m'y rends.

L'atmosphère de la ville change progressivement. Des clients aux multiples origines entre dans la taverne. Résultat, ma présence ne détonne plus vraiment. Il est 22h. J'ai encore du temps pour assouvir ma curiosité. En effet, en marchant dans les rues, j'ai découvert que le village est plus grand qu'il n'y parait. De plus, la terre de certaines rues me renvoie une étrange impression, comme s'il y avait de la vie sous mes pieds. Un golem de terre enfoui? C'est d'abord ce que j'ai pensé. Puis, alors que j'enchaine les boissons au bar, j'ai appris la "légende du village" grâce au barman qui apprécie ma présence.

Le nom du village, Némésis, a été choisi suite à un bouleversement qu'a subi le village. En effet, un vieux mage (dont l'origine n'est pas définie) aurait envoyé un puissant sortilège de terre pour venger un de ses proches, créant de grand cillons dans la ville, et saccageant tout sur son passage. Le village s'est construit sur ces cillons, s'en servant d'égouts pratiquement, car la magie des lieux a été bouleversé, empêchant les gros golems d'approcher. Depuis, la légende raconte que seuls des êtres étranges habiteraient les quelques galeries souterraines et que les humains disparaissent dès qu'ils franchissent l'ombre des lieux.
Némésis, symbole de la vengeance, aurait été le surnom donné à ce mage; puis au village lui même. Car son âme serait revenue ici pour prendre les sentiments de vengeance des gens.

Cette histoire me fascine. Je me demande jusqu'où elle est vraie. J'irai bien voir... mais prendre des risques inutiles me perturbe quelque peu.
J'enlève discrètement mes ballerines et descend du tabouret pour poser mes pieds nues sur les planches de bois du sol. Je me concentre... mais rien à faire, il y a trop de gens pour que je perçoive ce qu'il y aurait pu avoir en profondeur.

Je me rassois, renfile mes chaussures et cache mon aura pour observer les gens en toute discrétion. Il y a maintenant une trentaine de personnes et les clients, pour beaucoup, ne restent pas si longtemps. Beaucoup porte une cape ou un manteau long. Je m'étonne à être peut être la personne dont la peau apparait le plus (vous me direz, avec la peau mate, ça ne se voit pas vraiment). En tout cas, j'ai du mal à lire leur aura du fait de leur nombre. Peu de gente féminine, mais le nombre n'est pas nulle (-- ouai, chuis encore une fille à ce que je sache). Mais soutirer des informations à un homme, je trouve ça plus facile.
Du fait de ma discrétion, le barman sert les autres clients, comme si je n'étais pas là. Je suis contente de mon travail sur ma prestance. Mais à la bière au miel suivante que je me prends, ma maitrise diminue et ma présence réapparait... je le sens.
Je quitte mon rôle d'observation et me tourne vers le comptoir, pour discuter à nouveau avec le barman ou l'un des serveurs.
J'apprends que le village rencontre beaucoup d'étrangers car il se trouve en bordure de montagne et qu'il n'est qu'à quelques semaines des frontières. Cependant, il reste de petit taille car très peu reste s'installer.

note à moi même: ajouter ce village sur ma carte. Je sens que je vais pas mal l'affiner, car seul les grands axes et les lieux pour les druides sont indiqués... Bref... à la frontière: m'acheter une carte plus détaillée.

Je finis par demander le trajet vers la frontière lorsqu'une présence qu'il me semble reconnaitre arrive dans un rayon proche (5 à 6m).

Je trouve enfin la taverne.

"La taverne de Némésis."

Ah oui c'est le nom du village. Il y a beaucoup de bruit, je pousse délicatement la porte et entre tout en gardant ma capuche. Une bourrasque de chaleur vient se loger dans mon cou et me lance un frisson.

J'esquive la peuplade qui embaume la taverne d'une odeur de transpiration et d'alcool.
J'arrive enfin vers le comptoir. Tout en faisant attention à mes pieds et mes mains, je m'assoie au bout du comptoir qui semble être fait en pins. Le barman s'approche de façon joviale et me demande ce que je veux.

"Votre meilleure bière s'il vous plaît."

Je dépose une pièce de bronze et le barman me tends une grande pinte.
L'odeur du miel et de la bière me montent dans les narines, je sens mes pupilles se dilater.
Tout en humans le délice qui s'offre à moi.
Je commence à tremper mes lèvres à l'intérieur.

Ah ! Cette explosion de saveurs ! Elle me fait oublier la présence de toutes ces personnes. J'ai l'impression d'être dans les plaines de blé. L'orge me titille la langue c'est superbe comme sensation. Rien de tel qu'une bonne bière.
Je ne regrette pas de m'être fait de l'argent pour m'offrir ce délice.

J'avale un peu plus de substances et regarde le reste de la salle.
Tout est bien en pins, je me demande où il l'ont trouvé ce n'est pas si courant.
Sur le comptoir je remarque une capuche qui m'est familière.
Ne serais ce pas Nastel ?

Tout d'un coup je cherche le monstre en tournant frénétiquement la tête. Je ne la vois pas. Tant mieux.

Je ne pensais pas la retrouver de si tôt. Peut être pourrais je apprendre à la connaître.

Je me retourne un instant par curiosité, c'est peut être quelqu'un que je connais qui se trouve ici. Après tout, on est jamais à l'abri de drôle de coïncidence. Mais rien, je ne sais pas d'où ça vient et l'impression n'a été que fuguasse.

Je reprends une gorgée de bière. J'ai l'avantage de plutôt bien tenir l'alcool malgré mon gabarie... Cependant, je dois avouer que pour récolter des infos ce soir... j'ai eu un peu la main lourde. Je commence à avoir les joues qui rosissent (bon, sur un teint mate l'avantage, c'est que ça se voit pas trop). (3 chopes de bière, dont une au miel et un truc au lait tout à l'heure, un peu plus fort).
Je m'affaisse légèrement sur le comptoir et regarde tranquillement autour en me détendant un peu. Je suis vaguement le barman des yeux... quand, mon regard s'arrête d'instinct sur quelqu'un.

Oh, bah tiens, c'est Keihn. Je discuterais bien avec lui tiens. Je suis un peu étonnée de le trouver dans ce genre d'endroit quand même, ça m'intrigue. Je croise son regard et lui souris. Si je vois qu'il voulait rester seul, je m'en irai.
Je prends ma chope un peu entamée et viens m'assoir sur le tabouret libre à côté de lui en disant sur un ton léger (marquant que je n'en suis pas à mon premier verre):

-Merci pour l'info du village Keihn, il est charmant et le marché bien pratique. T'es arrivé depuis longtemps?

Je suis beaucoup moins méfiante qu'en pleine nature; ici au moins, il y a plein de gens, et j'ai senti tout à l'heure que beaucoup avaient juste envie de se détendre. L'ambiance est donc propice à la discussion.
Bon... je dois aussi avouer... ça commence légèrement à me monter à la tête. Mais bon, je garde l'esprit lucide, y a pas de soucis.