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 Un long voyage

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Irënol Trysaïr

Irënol Trysaïr


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MessageSujet: Un long voyage   Un long voyage EmptyMer 11 Sep - 11:12

Irënol marchait depuis déjà plusieurs jours en direction du vieux royaume, la majestueuse nation d'Andreios. Amsgar, son supérieur satyrique, lui avait donné une nouvelle mission et pas des moindres. Il devait faire un rapport aussi détaillé que possible sur les structures de chacune des capitales humaines. Une tâche à la fois dangereuse pour celui qui en a la charge mais également très importante pour les Iarmheid. A cause de la Grande Guerre les démons n'étaient pas parvenu à approcher les capitales des humains et ils n'ont, aujourd'hui encore, qu'une vague idée de ce que peut bien être la force de défense et d'attaque de ces lieux. Le jeune satyre devait donc parcourir le monde pour une mission importante.

---Plusieurs jours auparavant, dans la Citadelle démoniaque---

-Irënol ! Vient ici et plus vite que cela !

Une voix bourrue et rêche raisonna dans de nombreux couloirs de la forteresse obscure. C'était celle d'Amsgar Molne, le satyre Tourmenteur chargé de coordonner les missions des satyres de moindre rang, qui était sous les ordres directs d'Anidli Zruxen, le célèbre général d'Amlos. En moins de temps qu'il n'en fallait pour se gratter la corne droite, Irënol fit irruption dans la salle.

-Oui maître Amsgar ? En quoi puis-je aider notre Seigneur ?

Le satyre au visage ridé le regarda avec un mélange d'amusement et de fierté dans les yeux. Toujours autant de zèle ce gamin. Il espérait qu'il ne lui arriverait rien dans ses futures missions, l'armée y perdrait beaucoup. Donnant une tape avec le poing sur le crâne du jeune garçon, le tourmenteur se mit à hurler de plus belle.

-Fais un peu moins le fanfaron, marmot !

Après une seconde où ce dernier reprenait sa respiration, il reprit d'un ton plus calme mais aussi bien plus grave.

-J'ai une mission pour toi. Si tu veux la refuser tu peux et cette fois je ne dis pas ça en l'air. En général je te le propose sans vraiment y songer car le refus est un signe de faiblesse. Mais aujourd'hui ce n'est pas le cas, tu n'es qu'un Mangeâme et cette mission conviendrait mieux à un tourmenteur mais nous n'avons que toi de disponible. Plus cette quête débutera tôt et plus vite nous aurons ce qui nous importe.

Il lu le parchemin que lui tendit Amsgar et sans la moindre hésitation, sachant pertinemment qu'il pourrait y laisser la vie, il accepta.

-N'ayez crainte, je ne compte pas mourir aussi jeune. J'accepte cette mission au nom de la gloire de notre Maître. Je ne vous décevrez pas.

-Tu es un brave Irënol. Sache que ta vie nous est plus précieuse que ces informations mais je te demande de faire de ton mieux tout en restant en vie. Maintenant va ! Je me demande encore ce que tu fais ici petit cornichon !

Le ton habituel de ce haut gradé avait reprit le dessus sur la gravité de la situation. Irënol tourna les talons en tentant de cacher le sourire qui se traçait sur son visage. Même si ce vieux Amsgar était redoutable et impressionnant, il n'en restait pas moins comique avec ces brusques changements d'humeur.

---

Muni de son sac en peau, spécialement traité par son oncle pour garder la chaleur ou la fraîcheur à l'intérieur de façon remarquable, et d'un équipement qui était pour l'instant rangé, il avançait rapidement dans les plaines Andreienne en cherchant à ne jamais se faire trop voir. Apercevant l’orée d'une grande forêt au loin, il se décida à passer la nuit là bas afin de se cacher efficacement des habitants qu'il pourrait croiser. D'après sa carte plutôt primaire, il devina que cette pinède était la forêt d'Alnha.


Dernière édition par Irënol Trysaïr le Sam 26 Oct - 9:31, édité 2 fois
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Cali Zelkörth

Cali Zelkörth


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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMer 11 Sep - 12:49

Le jour, l'astre lumineux s'élève et illumine la forêt sanctuaire d'Alnah avec grandeur et majesté. Sous le tamis parfois dense de la végétation, les quelques rayons parvenant à percer entretiennent une flore rasante, où se mêlent mousses et herbes odorantes. Ici, c'est un paradis sauvage où l'on trouve toute la tranquillité rêvée.
Il y a de ça plusieurs mois, je n'aurais jamais imaginé pareil endroit. Tout n'est que calme et volupté. Chaque créature ici bas a sa place. Et c'est comme si prédateurs et proies vivaient en harmonie. Eliona dit que c'est à cause de la terre...

Je m'accroupis et passai ma main gantée sur la surface du sol. Je resserrais mes doigts autour d'une poignée de particules et la humai comme avec délices, mon odorat papillonnant sous les fragrances d'humus et de chair d'insecte en putréfaction. Je laissais tomber cette poignée de terre à l'endroit même où je l'avais saisie et me redressai, escaladant un petit groupement de roches non loin. La clarté allait décroissant. Je fis volte face et me mis à courir avec agilité et souplesse entre les arbres, reprenant la direction de la cabane de mon amie.
Chaque jour, je m'aventurais plus encore au cœur de cette forêt sacrée afin de cartographier petit à petit l'habitat où j'évoluais. Je m'y aventurais souvent seule et en profitai pour ramener à mon enseignante, les trouvailles de ma journée. Je portai sur le côté droit, une besace où j'entreposais les plantes que je ne connaissais pas pour qu'Eliona les étudie à une fin médicale.

J'atteignais la cabane dans les arbres à la nuit tombée. Lorsque le cri des animaux nocturnes raisonnait aux alentours et que l'air se faisait plus frais, chargé d'humidité. Eliona m'attendait. Je repris mon souffle, fatiguée de ma course et déposai la besace près du feu sans un mot, comme à mon habitude. J'allais m'asseoir dans une peau à côté de sa louve qui me suivait du regard. J'évitais ses prunelles d'or. Je savais la connection qu'avait cet animal avec la vieille dame et resserrais mes jambes autour de moi. Une question taraudait mon esprit depuis quelques temps. Une question à laquelle je savais, Eliona me reprendrait sévèrement. A force de vivre en sa compagnie, j'étais devenue de plus en plus...admirative de cette relation qu'elle avait avec sa louve. Bien sûre, il m'arrivait moi aussi de dresser de petits animaux, du moins de les apprivoiser suffisamment pour en faire notre repas quotidien mais j'avais ce désir d'entrer en connection parfaite avec l'un d'eux afin de connaître le même épanouissement que mon mentor. Mais...étais-je seulement prête ? Eliona ouvrit la besace et commença à renifler chaque herbe que j'avais ramassé au cours de mes investigations. Elle commença à former deux tas bien distincts à mesure qu'elle les identifiait. Je me levais et m'assied un peu en retrait, derrière elle. Les lueurs bienfaitrices du feu se reflétant dans mes prunelles noisettes qui épiaient avec fascination tous ces végétaux.


"Cali..une chose te préoccupe mon enfant."

Je relevais soudainement la tête, faisant teinter les médaillons de nacre de mes boucles d'oreilles, le regard apeuré.

"Non. Non. Il n'y a rien."

Eliona secoua la tête, souriant, continuant son manège.

"Tu as quelque chose à me dire."

Je pinçai mes lèvres, frustrée et serrais mes mains sur la tunique bleu sombre recouvrant mes genoux. Je déglutis. Il était difficile pour moi de lui en parler.

"Je..je me disais que..que peut-être je pourrais moi aussi avoir.."
Je déglutis une nouvelle fois bruyamment.
"Enfin me lier à un animal."

Je relevai subrepticement les yeux vers mon mentor, m'attendant à tout moment à la voir s'emporter une nouvelle fois. Eliona s'arrêta soudainement et se tourna vers moi. Je n'arrivais pas à discerner l'expression de son visage car celui-ci était à contre-jour.

"Tu crois en être capable ? Cali...si je t'ai confectionné des gants et des bottes c'est bien pour que tu évites de corrompre tout ce que tu touches. Tu as...une forte détermination et celle-ci se ressent malgré ses protections basiques. Imagines-tu seulement...quel impact pourrait avoir ton lien affectif avec ta créature ? C'est non, définitivement."

Elle se retourna face au feu et continua de trier ses herbes, me laissant fermée comme une huître au bord du sanglot. Il fallait qu'elle me rappelle sans cesse que j'étais différente ! Que j'étais...impropre à cette forêt ! Pourtant, je m'y sentais comme chez moi... J'essuyais mes yeux, silencieusement et me relevais. Dans son dos, Eliona maugréa :

"Nous allons bientôt manquer de valériane. Il nous en faudrait bien une bonne brassée la prochaine fois que tu te déplaceras."

A ces mots, je jetai un bref regard sur la plante en question et grimpai dans l'arbre grâce aux echelles de corde. J'arrivais sur le pont supérieur de la bicoque flanquée dans les arbres et marchai le poing serré jusqu'à la réserve. Là je pris plusieurs torches puis allais jusqu'à mon antre où je prenais mon masque ainsi qu'une outre en peau de daim contenant de l'eau. Je repassai par la réserve et trempai les extrémités des torches dans des jarres de graisse puis redescendais par l'échelle de corde, le masque sur mon visage. Eliona s'exclama tandis que je m'approchais du feu pour embraser la première torche :

"Où vas-tu comme ça ? Il fait nuit et tu n'as pas mangé. Tu...tu ne vas quand même pas repartir ?! Et pourquoi tu..."

Elle écarquilla les yeux et se releva, se dressant devant moi.

"Non tu n'iras pas à la capitale ! Tu risques de te faire tuer ! Les portes sont fermées pour le couvre-feu tu.."

Ce qu'il y avait de bien avec elle, c'est qu'il était quasi inutile de parler, elle devinait aisément presque toujours mes desseins. Je ne dis rien, prenant sur la table près du feu un coutelas que je glissais dans l'une des bottes et un autre que je dissimulais  à ma ceinture. Je lui dis au travers de mon masque :

"Je vais chercher de la valériane. Et si je n'en trouves pas, j'irais faire commerce à la capitale. "

A ces mots je nouais une bourse en cuir d'où un léger tintement métallique s'échappa. La peau de loup blanc recouvrai mes cheveux. Je nouais enfin une capeline en lin autour de mon cou, qui dissimulait mon corps et qui me valait la réputation d'être un esprit puis je fis volte face, récupérant ma besace. Je lui jetai par dessus mon épaule.

"Je serais de retour dans l'après-midi."

Je tenais d'une main ma torche allumée et de l'autre ses consœurs en attente. Ainsi vêtue, ma couverture était parfaite. J'avais seulement omis de couvrir mon odeur avec du sang mais après tout, je ne risquais rien dans cette forêt, je commençais à bien la connaître. Cette forêt était sacrée et hormis Eliona, aucun humain n'y pénétrait par respect.
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMer 11 Sep - 15:54

La nuit commençait à tomber et comme pour suivre les prévisions du jeune satyre il se trouver devant l'entrée d'une dense forêt aux arbres immenses et à la magie ancestrale. Elle devait sans doute être sacrée, mais pour Irënol il n'y avait qu'une seule chose de sacré, c'était son Seigneur maléfique. Il y pénétra sans plus de cérémonie et se fraya un chemin aussi longtemps qu'il le pouvait. La lune dont les rayons ne traversaient que trop peu l'épais manteau feuillu ne fournissait pas assez de lumière pour voyager efficacement et avec sûreté. Il décida de s’arrêter pour faire son bivouac après une heure de marche nocturne, il ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour traverser cette forêt et en profita pour chercher son repas. Inutile de se servir dans les réserves il allait chassait la faune locale. Irënol tâta le sol de ses sabots, ce dernier était à la fois mou et ferme, sans doute de l'humus, une terre fertile et riche qui devait abriter de nombreux animaux dont certains allaient lui servir de repas. A la simple idée de se mettre en chasse, le regard du satyre se mit à briller. La transformation magique de ces créatures n'a pas uniquement pour but de donner un nouveau corps et de nouveaux pouvoirs à celui qui la subit, elle permet aussi d'exacerber l'instinct et l'esprit de chasseur qui se trouve en chaque être. Créés pour traquer et pour se fondre dans les environnements, même si certains trouvent que c'est de la lâcheté tout le monde s'accorde à dire que les résultats sont indéniables.

-Avant de faire quoi que se soit, il vaut mieux que je m'installe.

Se parler tout seul est courant lors de longs voyages car c'est une méthode très efficace pour atténuer le mal du pays. En effet les voyageurs peuvent maintenir l'illusion d'être à plusieurs de cette manière et ainsi de réduire leur solitude. Il posa son sac au sol et créa un cercle de rocaille pour accueillir un futur feu de camp et à l'instant même où la dernière caillasse fût posée tous les muscles d'Irënol se tendirent. Il se lança dans la forêt à toute vitesse à la recherche d'un repas. Après une bonne demi heure de traque il rapporta un sanglier dont les deux énormes traces ensanglantées témoignent de la puissance que peut cacher les cornes du démon. Sans doute l'animal n'avait-il pas eu le temps de souffrir qu'il était déjà mort, éventré net par les défenses aiguisées qui ornent le crâne d'Irënol. Fouillant dans son sac, il y tira deux silex grâce auxquels il alluma un feu en un rien de temps. Après avoir rangé ses deux galets il entreprit de dépecer l'animal, l'embrocha sur un solide bâton qui se trouvait à coté et fit cuire la carcasse encore tiède du défunt sanglier. Une heure plus tard il ne restait que des os qui avaient été jetés dans les flammes et un démon paisiblement adossé sur sa besace.

J'espère que cette forêt ne sera pas trop grande. Cette carte est si précise que si je venais à me perdre dans ce dédale verdâtre, je serais bien fichu d'atterrir sur le territoire Siderien.

A la simple pensée du territoire Sideria le jeune homme frissonna. Il n'était pas un couard ou quoi que se soit du genre au contraire, mais cette technologie était bien trop dangereuse et menaçante à son gout. Il avait d'ailleurs décidé d'aller inspecter Neonexios en dernier afin de collecter les informations des autres capitales avant. Après quelques minutes de répits, Irënol éteignit le feu en l'étouffant avec l'épaisse terre qui soutenait ses lieux et grimpant dans l'arbre juste à coté, sac sur son dos, pour s'endormir tranquillement au milieu des branchages.


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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMer 11 Sep - 17:09

Eliona ne m'avait pas retenue plus longtemps. Elle disait souvent à sa louve en murmurant que j'étais beaucoup trop têtue et que ce n'était pas en n'en faisant qu'à ma tête, que j'apprendrais vite. Pourtant, elle était surprise de mes résultats. Cette mince pensée m'arracha un sourire. Je relevais ma torche à hauteur d'yeux progressant lentement, prenant garde aux racines et aux toiles d'araignées. Dans ma tête, je faisais un calcul simple. En moyenne, et surtout en cette saison, la nuit durait presque autant que le jour. Une torche se consumait rapidement si on ne la trempait pas dans la graisse. Fort heureusement, j'avais pris cette précaution et elle me durerait bien quelques heures avant de s'éteindre. Je resserrai le lambeau d'étoffe gras autour du bâton et continuait ma marche, silencieuse mais attentive aux moindres bruits. Si je me repérais relativement facilement et en maintenant cette allure, j'arriverais sûrement à l'orée d'Alnah dans le milieu de la nuit. Je connaissais le plus court chemin pour se rendre à la capitale, dans le pire des cas, j'arriverais à la Cité avant l'aurore. Je dis le pire car les gardes, humain ou non tirent à vue au moindre mouvement. Je poussai un soupir, fronçant mes sourcils derrière mon masque, entrouvrant la bouche, un filet de vapeur s'en dégageait. Je frissonnai. Le couvert de végétation gardait toujours merveilleusement les fraîches températures et malgré ma fourrure et ma capeline, je ne pouvais m'empêcher de frissonner. La marche se passa sans encombres, hormis quelques chutes dû au manque de visibilité et à ma relative faiblesse, n'ayant pas mangé depuis une journée entière. Je pestais contre moi-même, j'aurais du prendre avec moi quelques baies en attendant de me repaître de viande. J'évitais d'y penser.

Je ne devais plus qu'être à quelques heures de la lisière . J'humai l'air : il s'était quelque peu dé-saturé d'effluves lourdes et s'allégeait de nuances vertes. Le tapis de végétation s'était légèrement éclairci lui aussi. C'était quasi imperceptible pour un néophyte mais moi, j'avais l'habitude de ces bois, et surtout de ce passage. La prise sur ma torche mourante s'affermit. J'allais bon train.

Je déglutis. Il m'avait semblé percevoir quelque chose. Aucun mouvement bien entendu mais une forme inhabituelle. Mon corps pivota sur la droite et je fis quelques pas en sa direction, méfiante et donc légèrement accroupie, prête à tout moment à lâcher mon fardeau pour m'équiper de mon coutelas. De nouveaux frissons s'emparèrent de moi lorsqu'arrivée à vue, je distinguais à présent nettement et grâce à la douce lueur de ma torche, un cercle rocailleux disposé habilement au sol ainsi qu'un feu brisé dont les cendres s'étaient refroidies. La peur commençait insidieusement à entraver mes mouvements. Il s'agissait d'un campement. Rapidement, je me mis à scruter les environs comme pour voir une forme allongée se reposer dans son vêtement de voyage mais il n'y avait rien. Mon regard vacilla tandis que mon masque s'inclinait vers l'avant. L'intrus ou les intrus devaient bien être quelque part...Il restait une carcasse de gibier. Je m'en approchai, réalisant avec horreur qu'il devait s'agir probablement d'un groupe d'humains pour pouvoir se repaître d'une telle bête en un repas.

Vite, ma torche.

Il fallait que je la renouvelle et vite. Je saisis l'une de ses consoeurs encore éteinte et la frictionna au contact de l'ancienne le temps nécessaire au passage de flambeau. Quand la seconde s'embrasa finalement, cela dégagea un nouveau halo de lumière cette fois ci plus bruyant et remarquable. Je me débarrassai de mon ancienne torche et m'approchai de la carcasse. Il restait quelques minces lambeaux de chair accrochés aux os... C'était tentant mais je ne savais pas si je devais rester plus longtemps ici sous peine d'être très vite la proie d'une embuscade. Je jetai un long regard panoramique, ne manquant pas d'épier au-dessus de ma tête mais je ne décelai rien. Je m'approchai alors accroupie, tenant ma torche d'une main et je la posai à terre pour pouvoir saisir de mes mains gantées quelques côtes de sanglier. Je relevai mon masque pour faciliter l'accès à ma bouche et commençait à ronger les os, raclant de mes dents les restants de chair, jetant de petits regards vifs et sauvages autour de moi. Je récupérai dans ma besace les os les plus courts pour tailler de nouveaux coutelas dans ceux-ci puis m'arrêtai net, remarquant une empreinte à côté de ma torche. Une trace de sabot...En pleine nuit ? Celle-ci était fraîche, c'était indéniable, j'en dessinais les contours avec mes doigts et la humai, réprimant un éternuement : ça sentait le bouc...Mais...de cette taille ? Dans cette forêt ? je n'en n'avais jamais vu. Mais alors, qu'est-ce que c'était ? Un bruit attira mon attention, au-dessus de ma tête. Il s'agissait d'un craquement de branchages. Ou il s'agissait d'un nocturne ou bien l'on m'épiait dans mon dos depuis un bon moment. Je pris peur et ramassai ma torche, rabaissant mon masque devant mes yeux. D'une voix puissante, ce qui ne me ressemblait pas mais pour l'occasion je la forçai, je lançai :

"Qui va là !"

Le ton était autoritaire mais si l'on était suffisamment attentif, l'on pouvait sentir les prémices d'une peur tenace qui s'était emparée de moi.

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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMer 11 Sep - 19:38

Irënol dormait lourdement sur sa branche, sa main gauche légèrement plantée dans la chair de l'arbre afin de stabilisé sa position acrobatique de repos. Si ce satyre pouvait avoir un gros défaut dans les missions d'infiltration et d'occupation de positions, c'est qu'il est bruyant dans son sommeil. S'agitant et parfois grognant durant les nuits, il n'est rien de moins discret qu'un satyre se frottant les cornes ou tapant du sabot sur le sol. Ce qui devait arriver arriva, ce balourd se remua sur le branchage et fit craquer des brindilles qui lui grattaient la jambe. Le bruit, pourtant si léger, ne passa pas inaperçu et une petite fille qui se trouvait en bas de l'arbre leva la tête vers Irënol et cria d'une voix étonnement forte pour sa taille.

-Qui va là !

Le satyre se réveilla et comprit immédiatement qu'il ne s'agissait pas d'un bruit provenant de la nature mais bien des paroles. Qui dit parole dit évidement créature vivante et pensante au bout de ce langage. Combattant en un instant les séquelles du sommeil, Irënol se mit à couvert et scruta attentivement le bas de l'arbre pour savoir ce qui s'y trouvait. Tout ce qu'il distingua était une petite boule blanche au visage rouge.

Quel est donc cette chose ? Un macaque ? C'est trop rond, on dirait une peau de loup plutôt. Et ce visage...

A toute vitesse il tenta de savoir ce qui pouvait bien se cacher derrière cet aspect aussi étrange qu'inhabituel. Après plusieurs secondes il ne put toujours pas se faire une véritable idée de ce qu'était cette... Chose. Chassant la surprise de ce réveil peu commun, il analysa la situation. Il était un puissant serviteur de la légion d'Iarmheid, un satyre en pleine forme et avec l'avantage de la hauteur. Apparemment ce qui gigotait en bas ne l'avait pas remarqué et donc il disposait aussi de l'effet de surprise. Pendant un instant il remarqua une chose noire dans le pelage, ressemblant à une main. Si cette créature se battait à main nue elle ne devait pas tuer grand chose de plus gros que des souris, voir des mulots. Par dessus tout ils semblait être seuls et donc aucun soutient logistique ne pourrait venir appuyer cet être si une confrontation éclatait. Il en conclut donc qu'il pouvait se montrer sans trop de problèmes même si en général les satyre préfèrent se tapir dans l'ombre ou éviter les contacts.
Il sauta de l'arbre sans crier gare et retomba avec souplesse sur ses pattes de bouc écailleuses, sa chute amortie par la terre molle. Tête haute et torse bombé, le jeune démon répondit à la créature.


-Mon nom est Irënol Trysaïr et je suis un satyre de l'armée Iarmheid. Et toi qui es-tu, ou plutôt qu'es-tu ?

Sa question était accompagnée par un mouvement de tête montrant la curiosité du jeune homme. Vu de plus prêt, le visage n'étais pas fait en chair mais plutôt en bois.

C'est donc un masque ? Le travail est vraiment soigné en tout cas.

Cette pensée lui était venu malgré lui et il se reprit aussitôt, se maudissant de commencer sa mission avec tant de légèreté. Il passa de l'imprudence à la combativité instantanément et ce changement radical pouvait se remarquer par ses pupilles dilatés et ses mains griffues qui s'étaient tendues, prêtent à lacérer tout ce qu'elles croiseraient sur leur chemin.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyLun 16 Sep - 15:54

Mon ouïe était aux aguets. J'étais, dans l'attente d'un signe. Un son, un mouvement, une odeur qui aurait pu enfin trahir la chose qui m'épiait depuis les broussailles. Quand soudain, une lourde masse s'effondra sur le sol, juste devant moi. J'esquissai un mouvement de recul, réprimant un cri, les muscles tendus et tétanisés par la peur. J'amenai un peu plus haut la torche, légèrement tremblante afin de préciser visuellement l'apparition qui se dressait devant moi. La créature se redressa de toute sa hauteur. Je déglutis. Mon masque suivit le mouvement de sa musculature sombre et menaçante. Ses sabots s'enfonçaient dans l'humus, sous le coup de sa chute et de son poids, laissant deux empreintes bien visibles. Mon regard s'attarda sur ses écailles puis vacilla vers ses impressionnantes cornes recourbées et striées. Son visage, relativement humain me regardait avec curiosité. Je stabilisais ma posture, enregistrant ce qu'il venait de me dire. Je comprenais son langage. Un satyre de l'armée d'Iarmheid ? J'écarquillai les yeux derrière mon masque, terrorisée. Un démon, il était l'un des miens ! Mes mains, dissimulées sous la capeline s'attardèrent à ma ceinture, au niveau de mon coutelas.

Que devais-je faire ? Cette créature était immense et sans doute puissante. Je sentais l'énergie sombre émaner de son corps. Son aura était plus puissante que la mienne, me mettant mal à l'aise. Un craquement lugubre retentit et je tournai la tête en direction de l'arbre sur lequel il était perché. Une large fissure avait fait son apparition, fendant l'arbre depuis sa base. Je frissonnai puis redressai la tête. Il attendait une réponse. Pourtant, j'étais incapable d'émettre le moindre son, trop impressionnée. Allait-il me tuer ? Devais-je dire la vérité ? Le campement d'Eliona était loin et si je fuyais maintenant, je l'attirerais sans doute jusqu'à elle. Mais saurait-elle chasser ce satyre ? Je fronçai les sourcils, la voie secouée d'hésitation :

"Je..je suis.."

Arrête donc de bégayer, tu te couvres de ridicule pensais-je.

"Je suis un des nombreux esprits peuplant cette forêt."

Je fermai mes yeux, consternée de ma propre réponse. Il n'y avait que les paysans du coin qui étaient convaincus de ce mystère. Le masque étant trompeur. Pour autant, je tentais le coup.

"Irënol Trysaïr.... Tu n'es pas le bienvenu. Ces bois sont sacrés et les esprits le gardent. Que vient faire un satyre si loin de son commandement ?"

Méfiante je restai à bonne distance, me renseignant sur ses intentions. Pour autant, j'étais curieuse et je ne pouvais m'empêcher de regarder ses attributs hybrides. J'avais presque effacé de ma mémoire, par volonté pure, mon enfance à la cité des ombres. Mais même en m'efforçant à replonger dans mes souvenirs, je n'avais jamais vu pareille créature dans les rangs des soldats.
Je secouai ma tête, faisant teinter mes boucles d'oreilles en nacre et inclinai la tête sur le côté, devenant plus timide :

"Es-tu...es-tu seul ici ?

Ce satyre s'était en effet montré facilement mais peut-être se déplaçaient ils en groupe et que cette conversation n'était rien d'autre qu'un "appât". J'ondulais finalement habilement jusqu'à lui, approchant mon masque de son périmètre de sécurité et fit le tour de sa personne, laissant échapper :

"Tes bois sont robustes."

Je faisais allusion à ses cornes bien entendu. Je me demandais si elles étaient responsables de la plausible éviscération du sanglier dont les restes traînaient au-dessus du feu de camp éteint. Je ne voulais pas me montrer complètement hostile même si je pressentais que sa présence allait m'apporter des ennuis. Pire, j'avais peur qu'il découvre ma véritable nature et me questionne à ce sujet. Je ne voulais pas que mes parents me retrouvent et même s'il ne les connaissaient pas. Je ne voulais pas que les miens sachent qu'un des leurs campait joyeusement en compagnie d'une humaine dans les bois sacrés d'Andreïos. Cela pourrait passer pour une traîtrise, un pacte réalisé avec les humains alors que toutes deux étions purement et simplement détachés de tout conflit animant ce bas-monde. Nous voulions juste la paix. Un point c'est tout.

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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyJeu 19 Sep - 8:17

Irënol contemplait d'un air supérieur cette petite créature étrange qui semblait être inquiète voire même effrayée. Ses mouvements désordonnés et tremblotants montraient bien son manque d'assurance. Maintenant que le jeune satyre était plus proche de cette chose il pouvait sentir son aura, celle ci était faible mais tout de même présente. Une aura qui ne lui était pas complètement inconnue sans pour autant lui être familière, peut être l'avait-il déjà croisé se dit-il. Malgré tout ce détail invisible mais perceptible l'intriguait et avant qu'il n'ai pu se poser plus de question, la minuscule boule de fourrure lui répondit.

-"Je..je suis.."

Un sourcil se souleva sur le visage du Satyre, était-il si effrayant ?

-"Je suis un des nombreux esprits peuplant cette forêt."

Il lui fallut quelques secondes afin d'assimiler complètement ce que cette chose venait de lui dire. Un esprit ? Il avait donc troubler la sérénité d'un lieu sacré comme il s'en doutait à la lisière de cette immense forêt. Mais qu'importe, esprit ou fantôme, rien ne parviendrait à l'écarter de sa mission, eut-il été obligé d'affronter les monstres désincarnés de ce monde !
Après quelques instants de doutes, Irënol se souvint d'un détail qui avait une grande importance. En ce rappelant de cela, un grand sourire, à la fois moqueur et bestial, se dessinait sur son faciès. Cette chose voulait jouer aux esprits ? Alors ils joueraient à deux et le satyre ne doutait pas de la capacité de ses griffes à lacérer ce fameux spectre protecteur.


-Je ne voulais en aucun cas troubler la tranquilité de ce lieu, esprit gardien.

-"Irënol Trysaïr.... Tu n'es pas le bienvenu. Ces bois sont sacrés et les esprits le gardent. Que vient faire un satyre si loin de son commandement ?"

Le visage du démon se referma en un instant. Comment cette créature pouvait-elle savoir une telle chose ? Même les plus hauts dirigeants humains n'ont pas une réelle connaissance de l'emplacement de la Citadelle démoniaque. Devait-il s'occuper de faire taire cette chose afin de préserver la protection des Iarmheid ? C'était la première fois qu'il était confronter à une telle situation.

-"Es-tu...es-tu seul ici ?

Cette phrase rassura légèrement le démon. Les satyres ne travaillent qu’exceptionnellement en groupe et sont des créatures très solitaires, favorisant l'infiltration et la roublardise à la frappe directe qui requiert une lourde force d'attaque. Cette chose touffue ne savait donc rien ou presque sur les satyres, cela intriguait encore plus le démon sur ses connaissances des bases de commandement démoniaques. Elle lui dit également quelque chose sur ses cornes qu'il n'écouta qu'à moitié, cela semblait sans importance. Malgré tous les maux que l'on donne aux démons, Irënol est une personne très sincère au point qu'il se met bêtement en danger à revendiquer son appartenance aux Iarmheid.

-Je suis seul en effet et pour ce qui est de ma présence en ces lieux, mes affaires sont mes affaires, curieuse créatures. Ou devrais-je plutôt dire créature curieuse ?

Le sourire amusé du jeune homme refit son apparition lorsque ce dernier demanda de manière faussement nonchalante.

-J'ignorais que les esprit avaient besoin de se restaurer. Je suppose que les quelques lambeaux de viande cuite que tu as subtilisé sur mon dîner te suffiront pour plusieurs siècles ? Je suis pourtant certain que les esprits sont désincarnés et donc ne connaissent pas la faim, mais je me trompe peut être.

Même si Irënol scrutait son interlocuteur afin de trouver un nom de race à poser sur cette chose, il gardait toujours un œil sur l'objet brillant qu'il pouvait parfois discerner dans les replis de cette épaisse toison. Sa formation militaire et son expérience de combat lui ôtait tous les doutes qu'il aurait pu avoir, cet objet rutilent était soit un coutelas soit une dague.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyJeu 19 Sep - 12:56


Je tournais la tête, gonflant mes joues derrière mon ornement. Je commençais à reconnaître des traits familiers chez cet être. Cette façon de s'exprimer, de narguer et de toiser d'une façon supérieure son interlocuteur. Je glissai un regard fuyant  imperceptible. C'était le type de harcèlement que j'avais enduré avec mon frère Thodd durant de longues années.
Je finis par baisser les yeux et non ma garde lorsqu'il commença à entrer dans mon jeu. Alors comme ça, il ne pensait pas troubler la tranquilité de ces bois ? Il devait probablement progresser en terre inconnue. Il devait s'agir d'un éclaireur car tout humain même peu à même de ce qui l'entoure, savait qu'Andreios possédait une forêt. Une forêt sacrée. J'avais fais la même erreur que lui en venant m'échouer ici. J'ignorais ce que j'allais y trouver et si ma présence allait y être tolérée.  

Il m'apaisa ensuite quelque peu, en me confirmant qu'il était bien seul. Enfin c'était un bien grand mot. Il représentait toujours une menace pour ma vie et celle des êtres peuplant cette forêt mais au moins, si nous avions à nous dresser contre des inconnus, mieux valait qu'ils soient en nombre restreint.

Je tiquai à sa boutade. Il était intrigué et me faisais remarquer que je n'étais pas à ma place avec mes questions. Je haussai les épaules pour toute réponse. Fut un temps ou une simple réprimande de ce type aurait suffit à me recroqueviller dans un coin et à me faire pleurer. Mais le ramage des arbres, l'odeur d'humus et la vie à l'écart de toute civilisation me permettait de ne pas trop accorder d'intérêt à ce qui sortait de la bouche des autres, du moins ceux avec qui je n'ai pas d'attaches. Je souris néanmoins. S'il ne me tuait pas et que de plus il était intrigué, c'était que ce satyre vraisemblablement aimait savoir ce qu'il tuait et donc, c'était peut-être beaucoup s'avancer mais, il pouvait avoir un soupçon de bienveillance pour moi. J'écartais ma main de mon coutelas et me redressai, ayant moins peur à présent.

Je me dirigeai vers l'arbre qui avait supporté son poids, le laissant me taquiner une fois de plus sur les écarts de véracité de ma couverture. J'écoutais à moitié, le regard rivé sur l'écorce et sortit ma main gantée de ma capeline pour effleurer la crevasse qui fendait les premières couches de bois de l'arbre. Je levai la tête. Des feuilles se desséchaient au niveau des premières branches mères. Je fronçai les sourcils.
Son aura était définitivement bien plus imposante que la mienne. Je fis volte face, lui répondant :

"Tous les gardiens ne sont pas des esprits. Et tous les esprits ne sont pas de constitution éthérée. "

Je soupirai, me retournant vers l'arbre. Eliona m'avait raconté une fois que les arbres habitaient des esprits. Et que certains élèves de l'ordre avaient pour habitude de se lier à l'un deux pour fabriquer leur bâton. Voilà pourquoi ils grinçaient sous le feu ou frémissaient sous la brise. Les esprits pouvaient se lier à des corps.
Puis d'une voix plus légère je lui indiquai :

"Tu as probablement tué cet arbre en t'installant dessus. Il aura de la chance s'il en survit car tu as ouvert une faille dans le chemin de sa sève."

L'intonation était décalée. Mais les esprits étaient malins non ? Celui-ci se trouverait un autre hôte au moment voulu. Je jetai un coup d'œil à ma besace et lui montrai de loin les os que j'avais ramassé sur la dépouille. Autant ne pas nier les faits.

"C'est une façon de rendre hommage à la bête que tu as tuée. Ces os sont précieux et ne t'appartiennent plus. Tout comme ce dîner que tu as laissé derrière toi."

Je replaçai les ossements dans ma besace. L'odeur de la chair aurait pu attirer d'autres prédateurs bien plus terribles que moi. Oh bien sûre, pour un satyre comme lui, ce devait être bien peu de choses. Néanmoins il méconnaissait les créatures de ce lieu et avait le désavantage du terrain. Il me venait une idée. Certes dangereuse mais si elle se couronnait de succès, j'aurais de plus amples informations sur cet habitant de la citadelle. D'un air grave, je repris:

"Pour chaque chose prise, une autre doit être apportée. Si tu ne désires pas troubler l'équilibre de ces lieux, tu dois me donner une écaille. L'esprit de cet arbre.... -Je désignai le grand chêne haut d'une bonne dizaine de mètres- cherchera à te reprendre ce que tu lui as volé. "

Bien sûr, il avait toujours l'argument d'autorité et s'il était trop fier, il passerait sans aucun doute à côté de cet avertissement. Mais s'il était bien sincère dans ce qu'il disait, alors il y avait une chance pour qu'il accède à ma requête. Après tout, je lui demandais une écaille. C'était bien peu en comparaison du gibier et de l'arbre qu'il avait abattu.  

Dans son ironie, il demeurait néanmoins juste à propos d'une chose : ce que j'avais pu grignoter ne me tiendrait pas jusqu'au matin. Peut-être que s'il se trouvait coopérant, je n'aurais même pas besoin de chasser. Je secouai la tête. Il y avait bien peu de chance pour que cet échange se poursuive sur une convivialité. Je jetai un coup d'œil panoramique afin de préméditer ma fuite.
Je sortais enfin mon bras de ma capeline et tendais ma main gantée à bonne distance tout de même de lui :

"J'attends."
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyLun 23 Sep - 13:11

Irënol écouta la minuscule créature avec attention, une main tenant son menton d'un air songeur, l'autre le poing serré dans le dos. Il s'agissait d'une de ses postures favorite pour se concentrer ou pour écouter avec attention. Cette histoire de communion avec l'ancien sanglier semblait se tenir, mais l'aura de la petite chose préoccupait tout de même le jeune démon.

"Pour chaque chose prise, une autre doit être apportée. Si tu ne désires pas troubler l'équilibre de ces lieux, tu dois me donner une écaille.

Un air surprit s'afficha sur le visage du satyre. Une écaille ? Bien sûr ! Et pourquoi pas livrer aux humains, ou aux esprits, une source d'étude pour percer à jour la matrice de transformation satyrique ?

-Une écaille ? As tu perdu l'esprit ? Il est hors de question que je fasse une telle chose.

Irënol ne se rendit compte qu'après du jeu de mot non intentionnel qu'il venait de faire. Une blague qui lui plaisait bien. Malgré sa rigueur et son sérieux durant les missions, il est très bavard et aime beaucoup s'amuser.

-Je suis navré pour cet arbre mais il serait mort à un moment ou un autre. De plus le décès de ce feuillu fera tomber les graines qui donneront d'autres arbres. Pourquoi devrais-je lui laisser une partie de moi qui ne fera que corrompre cette forêt ?

Une conversation avec un esprit, devenait-il fou ? Ou bien cette forêt était réellement très puissante. Toutefois il était motivé à découvrir la vérité sur cet être. Ce qu'aucun humain ou créatures peu aguerries à la connaissance des Satyres n'aurait pu remarquer c'est que cette forêt n'était éclairée que par quelques rayons de soleil matinal. Cela signifiait que toute cette végétation, ou presque, était dans l'ombre. Irënol pouvat se spécialiser dans la magie de l'ombre ou la magie du sang de par son appartenance aux Satyres mais il était sans mystère que ce dernier avait des affinités avec les Ombres. Ils étaient donc tous deux dans le royaume du Satyre, l'empire de l'ombre.
Le poing derrière son dos se défit et se tordit dans comme animé par un rictus de dégoût. L'ombre qui se trouvaient autours des deux interlocuteurs ployait sous les désirs du jeune démon. Même si sa maîtrise de l'ombre était encore très faible, il était extrêmement fier d'être arrivé à apprendre la matérialisation c'est à dire une technique qui permet de se fondre dans les ombres et de pouvoir se cacher ou même se déplacer. L'index d'Irënol disparut derrière son dos comme si on le lui avait tranché et à l'endroit où on aurait pu s'attendre à voir du sang couler de la pseudo-blessure, un disque noir comme la plus sombre des nuits tournoyait légèrement. Un doigt noir se matérialisa dans la fourrure de la chose à laquelle il faisait face sans que le moindre poil de soi déplacé. Comme le démon était bien plus grand, la créature regardait en hauteur et ne pouvait que difficilement faire attention à ce qui se passait. D'un geste rapide, le doigt couleur d'ébène poussa aussi fort que possible le masque rouge qui recouvrait un visage, si jamais il y en avait un derrière.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyDim 29 Sep - 12:07


Visiblement, une seule chose avait retenu son attention. Il ne s'agissait pas de  mon observation personnelle ni même de ma question. Non ce qui l'avait intrigué c'était bel et bien le troc que j'avais formulé.

En temps normal, on acceptait tout de la légende que j'avais créé autour de ce masque. Les humains étaient curieusement superstitieux et donnaient donc volontiers ce que je leur demandais lorsqu'ils cherchaient la confrontation. Mais la réponse de ce satyre, sans vraiment me surprendre m'indiquait une chose : ce que je lui demandais devait lui être précieux car sa réaction avait été brusque. Enfin c'était une supposition.

Je restai droite, renfonçant mon bras dans mon épaisse toison sans rien dire ni même tiquer à la blague qu'il venait de faire. En temps normal j'aurais presque ris mais mon enfance m'avait été volée et ma légèreté aussi. Lorsqu'il s'excusa, je baissai la tête fulminant sous mon masque. Ce n'était pas que j'étais une fervente protectrice des esprits et de la forêt même si m'allier à Eliona me prédisposait à ce rôle . Non ce qui m'irritait, c'était que cette créature comme tous ses semblables à la cité des ombres n'en avait sincèrement rien à faire de l'impact de leur présence sur l'environnement.
Il n'y avait qu'à voir la corruption dans les bois de Vénéol. Les animaux, la végétation m'avaient semblé échapper à toute loi naturelle ou presque. Cependant, j'estimais qu'il devait avoir raison...d'une certaine manière. Mes connaissances n'étaient pas amples mais je savais que les arbres n'étaient pas encore en fructification. Donc si l'arbre ne reprendrait pas par les graines, il y aurait probablement des pousses qui émergeraient à la souche. Ce phénomène se produit assez fréquemment, notamment après un incendie. La vie est bien plus coriace qu'on ne le supposerait.

De ce fait, il rejetait toute forme d'échange. S'il me l'avait donnée cette écaille, je l'aurais tout bonnement enveloppée dans un morceau de tunique ou de peau, pour l'isoler des os que contenait ma besace. Mais ces détails ne l'intéressaient pas évidemment, la méfiance étant de mise.
Je répondis simplement :

"C'est un équilibre à garder c'est tout. Le néfaste n'a de sens que dans la pureté. Et inversement."

Je haussai finalement les épaules et levai mon regard au travers des orifices du masque vers le visage du satyre. Il était intimidant. Je pris une grande inspiration. Il se tenait droit, songeur d'une main, l'autre dissimulée derrière son dos. Cette conversation prendrait bientôt fin, j'en avais l'intime conviction.

Je n'osais briser son silence, mes mirettes noisette seulement braquées sur cet être gigantesque à mon échelle. Je perçus au bout d'un moment comme un souffle et l'aura de mon interlocuteur grandir, me faisant ravaler une suffocation. Elle devenait presque menaçante. Je fis un pas en arrière mais quelque chose poussa d'un coup sec le masque qui s'écrasa au sol, suivi de la toison, m'ébouriffant les cheveux au passage. Le regard électrifié et les membres extatiques, je suivais le mouvement descendant de ma coiffe allant s'écraser sur le sol, horrifiée tandis qu'une forme sombre se tenait devant mes yeux ébahis.

"Tu.."

Reprenant l'instant d'après contenance, je dégainais mon poignard et taillai la forme érigée devant moi avant de faire un bond en arrière, masquant mon visage de mon bras libre.

"Tu as osé !"

Ma voix se teintait de hargne. Elle présageait l'inquiétude face à cette situation. J'étais chamboulée. Qu'est-ce que je devais faire ? Comment devais-je lutter contre cette chose fluide comme l'ombre et pourtant dotée de force ?

Je me mis à courir frénétiquement en direction de l'arbre fendu et y grimpai. Il laissa échapper un grincement sinistre. J'allais cacher mon visage derrière les broussailles flétries. Non, il ne m'avait pas vue, dites moi qu'il ne m'a pas vue ! C'était si rapide, si...

L'arbre de nouveau se mit à pleurer sous mon poids. J'espérais, en grimpant sur le fruit de son meurtre attirer la protection de l'esprit qui avait anciennement choisi cet hôte. Les poumons gonflés d'air humide, je cédais à la panique. Aucune lumière, rien ! J'étais seule  face à mon dessein. Ou plutôt, au-dessus de sa tête. Une sorte de lie s'était déjà développée sur l'écorce. En escaladant, celle-ci avait entaché mon visage. Avec dégoût, je m'enduisais le visage de cette boue noirâtre probablement le fruit de sa corruption, à la manière d'une peinture de guerre. Elle chauffait étrangement mes joues.
Je me tapis, analysant rapidement la situation. Je ne voyais que deux choix s'offrir à moi :
fuir ou mourir. Je déglutis. Je ne me sentais de faire ni la première chose ni la seconde. D'une voix tremblante, je lui lançais :

"Tu.. tu n'aurais pas du faire ça. Nul ! Nul ne doit voir le véritable visage d'un esprit. Tu...tu dois disparaître."

A peine avais-je finis ma phrase que dans un élan d'optimisme et sans aucun doute de folie, je bondis de la branche qui craqua une fois de plus sinistrement avant de m'abattre de tout mon poids sur l'échine du satyre, le coutelas aux dents avec la ferme intention de le tuer.

Ferme ? Dans le feu de l'action certes ma volonté était inébranlable mais elle cachait une peur indéniable. J'estimais mal ses forces et c'était plus par pur suicide que réel braverie que je tentais ce numéro. J'abattis mon bras de toute mes forces sur une partie écailleuse et mon coutelas en os se fendit lui aussi sur toute la longueur à son contact, éprouvant une âpre douleur dans le poignet. Les larmes aux yeux, et telle une furie, je me débattais attrapant touffes de poils, mordant ses bois dans la vaine tentative de les briser. Je me couvrais de ridicule et venais très probablement d'ouvrir les hostilités mais c'était l'issue la plus naturelle qui me venait à l'esprit : la confrontation.

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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMar 1 Oct - 0:55

Le masque tomba au sol après qu'Irënol ai utilisé sa technique de matérialisation des Ombres, une méthode redoutable mais très contraignante qui ne peut s'ouvrir pleinement qu'aux personnes très travailleuses. En tous cas le démon avait enfin pu voir le visage de ce fameux esprit. Il n'avait d'ailleurs rien de très spirituel et était même très humain. Humain ou démoniaque et à en juger par l'aura qu'il avait senti juste avant, le satyre était certain qu'il s'agissait d'une démone sans doute échappée des légions de son Seigneur. Il ne savait pas pour quelle raison elle n'était pas à la citadelle ou dans ces environs mais sa mission était plus importante que tout.
Soudainement la petite se mit à hurler comme si il lui avait arraché un bras.


-"Tu as osé !"

Irënol écarquilla les yeux sous l'étonnement, il n'avait pourtant rien fait qui pouvait vraiment mériter un tel comportement. Par dessus tout, la gamine se mit à courir comme une folle pour se réfugier dans l'arbre qui, vu de plus proche, n'allait vraiment pas bien. Elle se remit à lancer des divagations spirituelles qui ne marchaient plus du tout à présent. Avant qu'il ne puisse répondre quoi que se soit, la chose la plus improbable qu'il puisse s'imaginer arriva et la mioche se mit à lui sauter dessus pour l'attaquer !

Mais elle est complètement dingue cette môme !

Il se baissa légèrement par réflexe pour amortir le choc mais ne sachant pas vraiment quoi faire dans une telle situation. Il ne se voyait pas tuer une enfant, démon ou humain. Certains de ces collègues n'auraient pas hésité en prétendant que si elle l'attaquait maintenant elle n'hésiterait pas à le refaire plus tard mais il n'était pas complètement d'accord avec cette idée. Si elle décidait de l'attaquer de nouveau quand elle serait adulte alors il l'égorgerait sans broncher, mais là il n'en était pas question. La sauvageonne se mit à le mordre, le griffer, lui tirer les cheveux comme un petit diable. Mais ce qui mit vraiment le satyre en colère fut le coup de couteau. Heureusement pour elle la dague s'écrasa lamentablement sur l'épaisse couche d'écaille noires qui recouvrait certaines parties de son corps car si la lame lui avait percé la peau, elle serait morte au même instant, déchiquetée par ses puissantes cornes.
Dans un élan de colère il poussa violemment la jeune fille qui entama un début de vol plané qui ne pourrait que finir mal. Se contrôlant dans l'action, le démon la rattrapa en agrippant fermement ses vêtements de la main droite. Le rictus sauvage qui marquait son visage lorsqu'il regarda l'enfant dans les yeux se dissipa rapidement lorsqu'il reprit son sang froid. Cette fille était dérangée, mettre en colère les créatures les plus mentalement instables de l'armée Iarmheid, c'était de l'inconscience. Après avoir reprit inspiré profondément à trois reprises, Irënol reprit son air neutre et demanda à la petite chose qui se trouvait au bout de son bras.


-Ecoute morveuse, si tu veux mourir jeune tu as l'air d'avoir de bonnes idées. Par contre pour ce qui est de la survie ce n'est pas vraiment cela.

Il souffla à nouveau, reposant la petite au sol pour lui montrer qu'il ne comptait pas lui faire du mal. Il n'était là ni pour détruire, ni pour conquérir et tout ce qu'il désirait c'était continuer son expédition. Déjà que le voyage allait être long, s'il devait manger un bout de chaque personne qu'il allait croiser ça n'en finirait pas.

-Je sais de par ton apparence et ton aura que tu es une démone. Je me fiche de savoir pourquoi tu es là, je veux simplement continuer ce que je suis venu faire. Aurais tu l'obligeance de me conduire de l'autre coté de cette forêt ?

Prenant soin de parler le plus gentiment possible afin de ne pas l'effrayer, il fléchi les jambes pour se mettre à la taille de son interlocutrice afin qu'elle se sente moins oppressée par sa haute stature. Parlant comme à un chat effrayé, le satyre s'exprimait calmement pour faire comprendre ses intention pacifique autant pour cette forêt et ses habitants que pour la jeune demoiselle qui se trouvait en face. Se battre n'était pas toujours la solution, même si c'était plus marrant !
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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMar 1 Oct - 10:57


Il y avait vraiment des moments où je réagissais comme un petit animal acculé. Ce moment précis en faisait partie. C'était presque avec ferveur que j'essayais de lui porter atteinte par tous les moyens dont je disposais. J'avais bien un second coutelas dans une de mes bottes mais j'avais pu constaté avec un mélange de fascination et de terreur, que sa peau était bien plus coriace que celle d'un poisson. Les écailles des satyres répondaient comme une véritable cotte de maille.

L'os avait presque glissé sur cette surface et s'était fendu, rendant l'objet inutilisable. Mais il devait bien avoir un point faible ! J'allais lui mordre justement la jugulaire quand il me propulsa avec force hors de son dos. J'écarquillais les yeux, entamant un vol plané.

Aussi vive que l'éclair, j'amorçais un début de salto pour me réceptionner sur mes pied en me mettant donc en boule mais il me tira en arrière en m'agrippant de ses immenses mains crochues et en me soutenant bien au-dessus du sol sans que je puisse faire quoi que ce soit. Pour autant, j'essayais, tambourinant de mon poing valide le bras qui me tenait à bonne distance de lui, essayant de lui donner de petits coups de pied hargneux :

"Mais lâches-moi espèce de...de "

Mais la fin de ma phrase se mua en mutisme. Je venais de relever mes mirettes vers son regard étonnamment sadique, et cela venait de me clouer le bec. Je n'avais jamais vu de telle noirceur, même dans les yeux de mes instructeurs lorsque je suivais mon entraînement de soldat. Je vis qu'il faisait comme des efforts pour ne pas ouvrir une entaille longitudinale au niveau de mon bas ventre et m'éviscérer comme un trophée. Enfin, moi à sa place, c'est sans doute ce que j'aurais fais.

J'arrêtais de bouger, laissant retomber mon bras le long de mon corps et grimaçai. Maintenant que la fougue du combat retombait, j'avais mal. Mal à mon poignet d'où se dégageait le même feu que sur mon visage. A la différence que cela n'était pas du à mon maquillage de guerre, cette boue vénéneuse résultante de sa simple présence mais bien d'une blessure.

Je détournai mon attention de ça, avec un peu de chance, la douleur se ferait moins présente. Il me parlait de nouveau et me prenait de haut. Je poussai un soupir, l'air revêche et détournai le regard. Voilà qu'il me faisait la leçon maintenant. Bon sang mais c'était trop demandé de finir ce qu'on avait commencé ? Au moins s'il m'avait tuée je n'aurais..enfin je n'aurais pas ressenti cette..quoi cette gêne ? Heureusement qu'il y avait de la boue sur mon visage car  je les sentais chauffer naturellement sous le coup de l'humiliation. D'ailleurs, cela devait franchement se voir, je gardais les yeux baissés et mon coeur battait à toute vitesse dans ma poitrine. Avec étonnement, il me reposa au sol.

Mais c'est quoi ce démon qui a pitié d'un enfant ?  Il fallait que je me calme. S'il ne m'avait pas tuée, c'est qu'il devait y avoir une raison. Et en effet, il finit par me demander quelque chose. Un service ?! Alors qu'il venait de corrompre un arbre ? Non mais sérieusement ? Et puis quoi, s'il n'était pas là pour me repêcher à ma famille que pouvait bien être  sa mission ? Bon d'accord, il venait aussi de me laisser la vie. Est-ce que pour autant je devais lui être redevable ?

J'étais de nature très curieuse. Il se mettait à ma hauteur et me regardait Souvent ces interrogations m'empêchaient d'avoir un esprit d'analyse tant elles submergeaient ma pensée. Je restais silencieuse, jetant de temps en temps un regard vers le visage hybride du satyre. Je finis par croiser les bras, preuve d'intense réflexion chez moi.

Je pouvais toujours le laisser en plan et fuir non ? Je me trouverais une autre forêt. Mais à l'instant même où cette pensée me traversait l'esprit, j'eus un pincement au coeur et la voix de cette vieille bique, non par le satyre, mais Eliona qui me perçait les tympans. Je grinçais des dents et me plaquais les mains sur les oreilles tout en fermant les yeux. Evidemment, je ne pouvais pas laisser quelqu'un seul, surtout un démon, dans une forêt sacrée. Il s'agissait d'un sanctuaire et si je le laissais déambuler jusqu'au coeur de la forêt, il finirait par corrompre son essence même et alors tout le royaume saurait inévitablement que des démons squattent leurs forêts impunément.

"Traverser la forêt..."

C'est que j'avais pas que ça à faire bon sang ! Je me détournais et me massais la tempe, cherchant dans la pénombre ma coiffe. Je m'accroupis et pris le masque entre mes petites mains, soufflant dessus pour le débarrasser d'herbes et d'insectes. Je fronçai les sourcils. Des insectes alors qu'il fait nuit ?

J'eus un mouvement de recul. De la souche fendue serpentait une file de rampants en rangs désordonnés, comme paniqués, réveillés en pleine nuit. C'était...c'était tout bonnement extraordinaire ! La corruption avait réveillé un instinct allant contre les principes de ces petites bêtes, car elles avaient besoin de chaleur pour se mouvoir. C'était...terrifiant et à la fois magnifique. Je me mordis la lèvre, laissant échapper un petit cri d'admiration.

C'était donc pour ça qu'Eliona me dotait de toutes ces protections ! Waouh...moi aussi j'allais devenir si noire ? Je me relevais, prenant garde de ne pas écraser d'insectes et me tournais de trois quarts vers le satyre. J'enfilais la coiffe, laissant le masque relevé, comme une capuche. Ma peau me démangeait. Je frottais de mon bras mon visage pour casser la boue qui commençait à se durcir.

"Pouah ! Tu pues vieux satyre."

Je rougis aussitôt puis blêmis instantanément, ajoutant d'une voix moins sûre.

"hehe je rigole...bien sûre."

Puis je prenais une grande inspiration ayant décidé de le tester :

"Malheureusement, je n'ai pas que ça à faire vois-tu...Enfin je veux dire....ça serait une joie bien sûre de t'accompagner jusqu'à l'autre lisière mais..."

J'étais très mauvaise comédienne parfois. Je tapotai ma besace.

"Je dois aller en ville chercher une plante pour en ramener à..."

Je roulais des yeux, me rendant compte que j'allais parler d'Eliona :

"ààààà mon campement évidemment et bon sang il y a de la marche alors.."

Je me tenais mon poignet endoloris, voir brisé. En fait, j'en avais aucune idée mais j'avais une grande peine à le bouger. Je fis volte face et marchai vers le feu, ramassant mes torches, en rallumant une au passage de mon bras valide. Je me redressai, lui affichant un sourire, m'arrêtant à l'orée de son campement, ayant tout à coup une idée lumineuse :

"Tu veux aller où déjà ?"
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyMar 8 Oct - 14:53

Irënol attendait que la petite démone se calme, elle avait l'air de s'être fait mal en lui portant ce coup de coutelas pourtant si faible. Elle semblait réaliser les efforts que le satyre avait réalisé pour ne pas la déchiqueté, elle devait sans doute se poser des questions sur ce geste. Le jeune homme n'aimait pas tuer des enfants, surtout inutilement et il ne savait pas combien de temps lui prendrait son séjour dans cette forêt, ni même si elle était habitée. Cette jeune fille pourrait peut être lui permettre de sortir de cet endroit rapidement. Elle lança une phrase plutôt désagréable comme si elle perdait la notion de danger qu'elle aurait dû avoir dans une telle situation. La cible du quolibet lança un grognement suivit par un puissant souffle nasal pour montrer son mécontentement ainsi qu'une menace implicite, il n'était pas dans ses habitudes de devenir le bouc émissaire de quelqu'un, sans mauvais jeu de mot. La petite comprit son écart de conduite en s'excusant vaguement, du moins c'est ce que l'on pourrait croire.

-"Malheureusement, je n'ai pas que ça à faire vois-tu...Enfin je veux dire....ça serait une joie bien sûre de t'accompagner jusqu'à l'autre lisière mais je dois aller en ville chercher une plante pour en ramener à..."

En ville ? D'après sa carte plutôt sommaire, la ville la plus proche de cette forêt est la capitale d'Andreios, Thera Emblem. C'était justement là qu'il voulait aller pour sa mission. La jeune fille s'embrouilla pendant une ou deux secondes, comme si elle voulait lui cacher quelque chose. Des personnes qu'elle voulait couvrir ? C'était probable, une forêt si dense avec un tel niveau de magie pouvait cacher de nombreuses personnes, tant au niveau visuel qu'au niveau de leur aura.

-"Tu veux aller où déjà ?"

-Je souhaite arriver à Thera Emblem, la capitale d'Andreios qui se trouve de l'autre coté de la forêt. J'ai des choses importantes à faire là bas.

Le poignet de la gamine semblait l'handicaper mais il ne s'inquiétait pas outre mesure, en effet si cette enfant vivait dans la forêt elle devait sans doute connaitre des plantes médicinales ou un quelconque remède contre les douleurs musculaires. Ce qui lui préoccupait le plus c'était la possibilité d'accéder rapidement à la capitale. Son but était de faire la "visite" de toutes les capitales et il ne devait se permettre aucun répit s'il désirait mettre rapidement un terme à sa quête. Bien sûr cette dernière allait lui prendre plusieurs mois mais cela en valait la peine. Regardant à nouveau la jeune démone dans les yeux il réitéra sa question.

-Serais tu disposée à m'emmener à la capitale ? J'ai d'importantes raisons d'y arriver dans les plus brefs délais, cela te permettra de protéger cette forêt de ma présence.

En disant ces mots, Irënol se rendit compte que son interlocutrice pouvait plus se rapprocher d'un Druide que de n'importe quelle classe démoniaque que l'on pouvait apprendre chez les Iarmheid. Les Animistes aussi étaient très proches des animaux, surtout de leurs animaux domestiques. Malgré cela, cette dévotion pour la nature était étonnante mais après tout, à chacun sa passion.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyLun 21 Oct - 0:13


Je restai immobile, scrutant l'obscurité. Ma réponse ne tarda pas à se faire entendre. Il souhaitait se rendre à la capitale ? Avait-il seulement perdu l'esprit ? S'il était découvert...

J'écartais cette brève pensée d'un geste de la main. Après tout, ce n'était pas mon problème. Si ses supérieurs l'avait emmené à la mort, c'est qu'ils devaient avoir une raison...comme la faiblesse d'épargner des êtres. Je haussai les épaules pour moi-même, dans un sens contente qu'il ait ce trait de caractère, n'étant pas particulièrement  enthousiaste à l'idée d'expirer aussi jeune.

Je concentrais mon regard sur mon poignet. Il fallait que je me confectionne une petite attelle, que je trouve de l'arnica. Elles poussaient davantage dans les plaines. Ces petites marguerites, une fois broyées permettaient de contenir la douleur et de résorber certains coups. C'était sur mon chemin. Enfin, je supposais à présent...notre chemin.

Je grimaçai. Je n'avais pas franchement envie de voyager en compagnie d'un balourd pareil. Enfin sa taille était dérangeante pour moi et si les paysans me voyaient déambuler en compagnie d'un satyre ou d'une personne louche, je ne paierais pas cher de ma peau pour qu'ils deviennent hostiles à ma légende. Mais visiblement, je n'avais pas le choix. Même si je refusais, il me suivrait. Donc d'une manière ou d'une autre, cette expédition était désormais délicate. Pour toute réponse, je hochais affirmativement de la tête et évitais son regard.
La faim commençait à tenailler mon ventre. Je rabattais le masque devant mes yeux, brandissant ma torche.

"Je n'ai pas le choix de toute façon. Thera Emblem n'est pas si loin. Si nous progressons rapidement, je pourrais être de retour dans l'après-midi, comme je l'avais prévu."

Alliant le geste à la parole, je commençais à marcher devant, prenant garde où je mettais les pieds. Je m'enfermais automatiquement dans un profond mutisme. La raison de sa venue en territoire humain avait le don d'exciter ma curiosité mais je me défendais bien de lui demander pourquoi, il avait déjà été assez évasif lors de ma première question. Cela ne me concernait donc définitivement pas. Sauf si son excursion était le point de départ d'une invasion de ma propre race. Je frissonnai. Eliona et moi même étions peu impliquées dans les conflits des autres pour peu qu'ils nous laissent vivre en paix. Mais si une guerre venait à éclater, j'ignorais ce qu'il adviendrait de nous.
Je finis par rompre le silence et lui demander :

"Quel âge as-tu ? J'imagine que si l'on t'a envoyé seul en territoire ennemi, c'est que tu dois avoir assez d'expérience et de pouvoirs pour t'en sortir ? "

Je jetai un regard en coin à ses cornes tout en marchant.

"Est-ce que les torsades de tes bois sont un indicateur ? Je sais que chez les arbres ça fonctionne ainsi."

J'étais pas peu fière de connaître ce genre de choses. Même si pour mes semblables et sans doute la plupart des humains, cela ne représentait rien en comparaison du savoir détenu par les lointaines contrées de Sidéria. L'obscurité se faisait un peu moins dense à mesure que la nuit avançait vers le matin. Mais dans ma tête tout était clair, le chemin était tracé. Il y avait des odeurs qui ne trompaient pas, la végétation également évoluait.
Je continuais, inlassable, ma marche vers la lisière. Des feu-follets nous dépassant parfois. Ces créatures étaient taquines mais timides et s'éloignaient ou disparaissaient brusquement à chaque fois que j'amorçais un mouvement pour les frôler du doigt.


[Court et loin d'être intense, gomen T.T]
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyLun 21 Oct - 10:47

Attendant patiemment la réponse de la jeune fille, Irënol restait debout en se tenant loin des arbres. Il n'avait pas envie de vexer sa future guide si celle ci acceptait de l'aider à avancer dans cette forêt touffue. Elle réfléchissait pendant quelques instants durant lesquels le satyre s'occupait comme il pouvait, regardant le décors ou la petite démone pour conserver une image d'elle dans sa mémoire. Il était toujours bon d'accumuler toutes les informations possible car on ne savait jamais vraiment ce qui pouvait arriver par la suite. Encore une fois elle regarda son poignet qui semblait la faire souffrir, le démon se dit que cette petite "blessure" n'était rien en comparaison à ce qu'il aurait pu lui faire après son comportement. Mais elle souhaitait simplement défendre son territoire ce qui était compréhensible et puis, tuer quelqu'un laissait des traces et il n'avait pas de temps à perdre. Elle se décida enfin à parler.

-"Je n'ai pas le choix de toute façon. Thera Emblem n'est pas si loin. Si nous progressons rapidement, je pourrais être de retour dans l'après-midi, comme je l'avais prévu."

-Cette nouvelle est excellente. Plus vite je pourrais y arriver et plus vite je pourrais avancer sur le chemin de mon Destin.

Il disait ça avec une voix grave et un visage plein de détermination. Il avait décidé depuis toujours que rien au monde ne pourrait entraver la volonté qu'il avait de servir son Maître. Elle commença à avancer et il lui emboita le pas rapidement sans pour autant se presser. La différence de taille qu'il y avait entre les deux démons, ainsi que leur différence d'âge, aurait permit au satyre de distancer aisément la gamine sans même qu'il ne s'essouffle. Mais le but n'était pas là et il calqua sa marche sur celle de sa guide qui marchait à bonne allure. Après quelques minutes dans un silence presque religieux la jeune démone lui posa une question.

-"Quel âge as-tu ? J'imagine que si l'on t'a envoyé seul en territoire ennemi, c'est que tu dois avoir assez d'expérience et de pouvoirs pour t'en sortir ? "

-J'ai vingt deux ans depuis quelques mois. Pour ce qui est de ma force d'infiltration en territoire ennemi tu n'as pas à t'inquiéter ou à te questionner pour cela, après tout je suis un satyre.

Il accompagna cette réponse d'un clin d'oeil presque complice avec un grand sourire qui dévoila un nombre faramineux de dents aussi acérées que des lames d'estoc. Lui aussi n'était pas en reste niveaux questions mais avant qu'il est pu ouvrir la bouche à nouveau elle lui en posa une autre.

-"Est-ce que les torsades de tes bois sont un indicateur ? Je sais que chez les arbres ça fonctionne ainsi."

-Il n'y a jamais eu de réelles recherches sur ces torsades comme tu les appelles et il existe donc de nombreuses rumeurs parfois invraisemblables. En tous cas il semblerait que leur nombre augmente en fonction de l'âge et de la puissance du satyre même si ce n'est que de quelques dizaines de torsades et un siècle. Il me semble plus probable qu'il s'agisse simplement d'une arme supplémentaire car chacune de ces spirales est coupante comme une lame. Tu as d'ailleurs eu de la chance de le pas te lacérer dessus en m'attaquant tout à l'heure.

Ils continuèrent à marcher rapidement dans la forêt. Elle semblait se diriger dans ce labyrinthe de verdure avec une assurance qui impressionnait le satyre. Il ne savait pas depuis combien de temps elle vivait ici mais elle connaissait les lieux, c'était indéniable. Il décida d'assouvir sa curiosité maintenant et commença à poser de nombreuses questions à son interlocutrice.

-Bien, c'est à mon tour de poser des questions je pense. Je ne connais ni ton nom, ni ton âge, ni d'où tu viens. Tu n'as pas l'air d'une nature très bavarde mais je te préviens, je suis d'une nature très curieuse et depuis ma transformation je suis légèrement... Têtu. dit-il à nouveau avec un grand sourire Je dois tenir ça de mon coté bouc !

Il se mit à rire aux éclats comme s'il parlait avec une vieille amie. Irënol était un satyre atypique, il n'aimait pas tuer gratuitement et aimait la bonne humeur.

-Au fait, tu n'avais pas faim ? Je peux te chasser quelque chose si tu en as envie mais avant tout j'ai encore une dernière question.

Il avait reprit un air sérieux. Malgré tout il s'efforça de ne pas paraître sévère car il semblait que cette gamine avait ses propres raisons d'être en ses lieux, mais Irënol ne comptait pas pas laisser une enfant de sa race seule dans une forêt sans connaître les raison de son choix.

-Ton aura m'indique que tu es une démone et même que tu es native des Iarmheid. Pourquoi es-tu arrivé dans cette forêt ?

Il chercha par avance comment obtenir les informations qu'il désirait car il se doutait qu'elle ne serait pas très enclin à les lui donner. Les menaces pourront venir en cas de dernier recours mais il ne savait pas vraiment comment agir avec une parfaite inconnue.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyLun 21 Oct - 13:47

Je suivais un chemin invisible parmi les touffes de graminées, m'arrêtant parfois pour flairer une trace, mâcher une feuille ou examiner la mousse au pied des arbres. Chaque indice nous rapprochait un peu plus de la lisière. J'avais étouffé un petit rire à la phrase grandiloquente qu'il avait sortie.

Le chemin de son Destin. C'était amusant et à la fois un peu effrayant. Je me rendais compte à présent, moi qui vivait en dehors des murs de la sombre citadelle, à quel point nous étions élevés dans une rigidité et un culte de la violence sans aucune sentimentalité. C'est ce qui différenciait mon frère Thodd de moi. Le destin de tout démon était de servir son maître, mais avaient-ils ne seraient-ce qu'une fois envisagé de vivre sans maîtres ni lois ? Mon destin avait été de subir la malédiction de ma famille. Mais ne peut-on pas se détacher de son destin ? Ne peut-on pas...s'autoriser une autre vie que celle choisie par nos origines..? Je redressai ma torche à hauteur de mes yeux comme pour m'assurer que rien ni personne ne nous tendrait d'embuscades depuis les branches.

Etre libre....Je me faisais la réflexion que si j'avais quitté les miens c'était pour avoir retrouvé les enseignements d'une autre personne. Louve grise malgré elle, m'inculquait son savoir, son vécu. Elle m'obligeait à porter ces gants, à m'enduire d'onguents qui me brûlaient la peau. En soit la véritable liberté pour moi était de trouver sa place et de par sa volonté, y rester. Mon mode de vie ne correspondait pas à cette définition.
La langue de mon interlocuteur se déliait peu à peu. Il m'avait emboîté le pas et marchait à présent à côté de moi. Grâce à ma vision périphérique, je pouvais voir ses immenses jambes arquées aplatir les herbes et laisser ainsi derrière nous de belles traces bien nettes. Ca ne devait pas être forcément évident d'effacer toute trace avec une telle carrure. Même si c'était sans doute une faculté qu'il avait apprise lors de sa formation.
Il me répondit fièrement qu'il avait vingt deux ans. Je tournai mon masque vers lui et détournais immédiatement la tête en voyant son sourire acéré. C'était...effrayant. Je frémis en accélérant un peu plus le pas. Je ne m'en rendais encore pas tout à fait compte mais, j'étais en train de servir de guide à un potentiel meurtrier, un monstre équipé jusqu'aux dents de puissantes armes de destruction. Le simple fait qu'il démonte ma remarque naïve sur l'origine de ses torsades me faisait frisonner. Je commençais à être quelque peu terrorisée et pestais d'avoir pris la décision de lui servir de guide, un peu trop à la légère.

Puis l'inévitable finit par arriver. Il commença à me poser des questions. Je grinçais des dents. Il voulait tout savoir. Mon nom, mon âge, d'où je venais...même si avec un peu de jugeote, il devait s'en douter. Je sentais qu'il essayait de détendre l'atmosphère par de petites bouc'tades mais...j'avais vraiment du mal avec cet individu. Que dis-je, j'étais mal à l'aise avec quiconque. Mais le fait de savoir qu'il venait de ma contrée me faisait hésiter plus encore à lui donner de justes renseignements. Après tout...c'était un espion.

Et son rire par dessus tout ne fit que me glacer davantage le sang. Il parlait de son entêtement comme d'un petit défaut qu'on s'autorise de bon coeur mais la formulation me faisait davantage penser à une menace. Il était parfaitement étrange. Il se montrait courtois à présent et désirait même chasser pour moi. Quoi ?! Un gargarisme intestinal aurait-il trahit ma faim ? J'arborais une moue renfrognée, continuant de marcher, baisant un peu la tête. Il essayait d'atteindre ma confiance.

D'ailleurs, il redevenait sérieux à présent et voulait savoir ce que je faisais vraiment dans cette forêt. Et puis quoi ? Il pensait que j'allais lui offrir toutes ces informations sur un plateau ? Après un long silence, je laissais siffler, intransigente au travers de la fente de mon masque :

"Pourquoi essaies-tu d'être mon ami ?"

Je secouais la tête.

"En fait, tu essaies simplement d'être poli, c'est ça ?"

Je relevais mon masque et inspirais une bouffée d'air. Je tournais brusquement la tête vers lui, mes boucles d'oreilles teintant légèrement contre ma chevelure ébouriffée.

"Il y a trois raisons pour lesquelles je ne vais pas répondre à tes questions :

-petit un, je suis ton guide donc tu es mon obligé. Je ne te dois rien hormis la vie. Mais je paierais ma dette plus tard.
-petit deux, connaître tout ça de moi ne concerne pas ta mission et je ne sais pas ce que tu veux faire avec ces informations
-petit trois, tu es un satyre et si j'en crois les croyances. Tu es une créature tordue donc ! je ne te fais pas confiance."


Je prenais d'énormes risques à lui parler comme ça. J'avais pas très envie de me retrouver suspendue à deux mètres au-dessus du sol comme tout à l'heure mais je parlais vraiment parfois sans réfléchir...ou du moins sans y mettre les formes. C'était sans doute un tord. Je croisais les bras :

"Je ne vais faire que confirmer ce que tu sais déjà. Je suis un démon et je suis native d'Iarmheid."

Je plongeai ma main dans mon décolleté et tendais brièvement le pendentif de ma famille.

"Ceci nous appartient, à moi et ma famille. Je te conseille de t'en tenir éloigné. Il fonctionne comme un talisman"
Je racontais n'importe quoi . Ce bijoux contenait de l'essence démoniaque par la présence de fragments de cadavres. Cela empestait si on l'ouvrait et une fois de plus, la protection délivrée par cet artefact relevait davantage du mythe que de la réalité mais s'il était très empreint de la culture démoniaque, cela devrait le tenir un minimum en respect.

Je rengainais le bijou et rabattais mon masque.

"Nous nous arrêterons pour manger et boire d'ici une bonne heure."

Je crois que le message était assez clair. Je ne devais pas me mêler de sa vie et lui, de la mienne. Nous procédions à un échange de services, c'était tout. J'espérais secrètement, qu'il n'insisterait simplement pas ou qu'il ne m'intimiderait pas pour obtenir ce qu'il voulait. Car c'était fatalement le type d'arguments auquel je ne pouvais résister. J'étais une vraie peureuse pour peu que l'on me cherchait un peu...

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Volthyr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyVen 25 Oct - 0:50

Je suivais cette espèce de bouc que je trouvais vraiment bizarre. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il faisait… Enfin, c’était marrant cette façon qu’il avait de se balader comme s’il savait exactement où il allait. Quoi qu’il en soit, moi, je faisais mon boulot. J’avançai tranquillement en essayant de ne pas me faire remarquer par le satyre. La mission était plutôt simple en fait : il me fallait suivre ce type et lui porter assistance sans me faire remarquer. Et ça, c’était dans mes cordes. La furtivité ça nous connaît ! Et apparemment il fallait impérativement rester discret puisque les gens se son espèce ne supportent pas de travailler en groupe. C’est vraiment bidon, mais au moins ça m’évitait de taper la discute à une chèvre. Puis il était bizarre…  et nous on n’aime pas les gens bizarre ! Bref, ce gros benêt n’a même pas sentit la fois ou j’ai empêché un humain de le signaler. C’est que je fais ça proprement, moi.

A un moment je l’ai vu parler à un truc, j’étais tranquillement dans un arbre et je n’arrivais pas bien à comprendre à quoi il avait affaire. Dans le doute, je bandai mon arc et observai la cible potentielle.  A un moment elle sauta dans un arbre, j’ai décoché mais je l’ai manquée. J’étais un peu déçu mais bon, j’ai ravalé mon orgueil. Et puis... personne n'avait rien vu dans l'action donc ça allait. Ensuite la bestiole lui avait sauté dessus et elle se battit bec et ongles pour essayer de faire du mal à mon nouveau petit protégé. J’avais envie de rire, ce machin était tellement ridicule ! Je n’osais même pas sortir une nouvelle flèche de mon carquois, j’aurais été incapable de viser dans ces conditions. Après, il prit le temps de la laisser pendre au bout de son bras. Mais pourquoi s’attardait-il autant avec ce machin ? Pendant ce temps, moi, je restais là à m’ennuyer dans mon arbre. J’avais déjà regardé le chemin que je devais suivre pour continuer ma petite promenade. J’avais hâte de repartir... En fait, j’avais surtout hâte d’en finir. Qu’est-ce que c’était lourd comme mission… Heureusement qu’il y avait un bon paquet à se faire, je ne savais pas qu’on pouvait proposer cette somme à un mercenaire. En plus, c’était la classe : on m’avait proposé ce boulot parce que j’étais l’un des « tueurs discrets les plus réputés et les plus prometteurs». C’est marrant, comme façon de dire les choses. Rien que d’y repenser… ça nous fait rire. Je m’imaginai déjà dans le futur : « Bonjour, je suis un espion de renommée mondiale ». Bref, je regardais la scène du coin de l’œil en buvant un coup d’eau. Une fois hydraté je rangeai ma gourde, m’impatientai et grommelait.

Mais c’est pas possible… perdre autant de temps pour une saloperie pareille ! J’pense que ça fait aussi partie des entraves à la mission tout ça. Ça me saoule, j’ai pas envie que ça dure des mois parce que monsieur tape la discute à tous les babouins du coin. Moi non plus, d’ailleurs. Allez ! Si je flingue ce truc : tu recommences à marcher, petit bouquetin. Et on fait le tour du patelin avant de rentrer à la maison. Hop ! Hop ! Hop !

Tout en me chuchotant ces mots à moi-même, j’encochai une nouvelle flèche avant de me mettre en position et de commencer à viser. Une petite pensée me traversa l’esprit : je me demandais si cette chose qui se révélait en fait être une gamine pouvait être utile à mon escorté. Avant de réaliser que je m’en tapais totalement, la flèche était déjà partie. C’était bête, mais ça ne changeait rien.

Ce fut un minable échec, apparemment cette personne avait le cou plus avancé que je ce que je ne l’imaginais. Mon projectile lui traversa les cheveux avant de se planter dans un arbre juste derrière elle. J’avalai ma salive en même temps que mon enthousiasme : deux manqués dans une même journée. Ce n’était pas vraiment habituel… Un peu gêné, je me déplaçai aussitôt pour ne pas me faire repérer. J’avais envie de jouer un peu : la mission m’agaçait de plus en plus. Je n’étais pas vraiment là pour me remettre en question, mais quand même : deux échecs ! On en pouvait plus, fallait arranger ça. Je décidai de recommencer : et pour bien refaire tout le chemin et enlever la vilaine erreur pas belle que je venais de faire : il fallait tirer encore la même flèche. Pendant qu’on me cherchait sûrement du regard, j’avais déjà réussi à passer à l’opposé de ma position de tir et j’étais descendu sur la terre ferme. Je sentais les deux présences qui scrutaient les environs. J’étais dos à l’arbre dans lequel s’était plantée ma flèche, tout proche des deux gens. Il me suffisait de la retirer au moment où ils ne regarderaient pas, de retourner à ma position d’origine, de tirer à nouveau et le tour était joué. Malheureusement, tout en atteignant presque mon projectile du bout des doigts en poussant sur mon bras qui frottait contre l’arbre, je me dis repérer. Je levai les yeux au ciel un instant, comme pour éviter le regard de la jeune fille, avant de soupirer et de laisser échapper une paire de mots.

— Et merde…

Un sourire gêné se dessina très rapidement sur mon visage, je pense que c’était le genre d’expression qu’on pouvait aisément deviner à travers mon masque. Je ne sus me retenir de parler à la demoiselle avec un ton des plus prévenants tout en la fixant. En m’exprimant, je faisais faire des petits cercles à ma flèche pour briser son accroche.

— Excusez-moi, jeune fille, j’ai, euh… raté. Permettez-moi de recommencer afin de remédier au problème que nous rencontrons, là, tout de suite. dis-je en arrachant la flèche d’un petit geste sec.

Mon regard croisa celui du satyre. J'avalai aussitôt ma salive avant de mimer un homme de la haute société levant son chapeau pour saluer. En fait, je tirai légèrement sur le haut de ma capuche. Un petit sourire forcé accompagna mon geste et je fis le tour de l’arbre avant de réapparaître de l’autre côté de celui-ci. J’y allais de ma démarche la plus droite et la plus formelle. Je m’éclaircis la gorge à la manière des grands hommes tout en caressant la pointe de ma flèche. Puis, j’adressai la parole à mon protégé.

— Enchanté, monsieur Trysaïr.

Après un petit silence, le temps de me laisser observer, je continuai sur un ton formel quelque peu exagéré.

— Volthyr, pour vous servir. J’ai cru comprendre que quelqu’un avait très malencontreusement tiré une flèche vers ici. Je vous assure que, si nous trouvons les coupables, ça va… être pas bien.

Je perdais peu à mon air solennel. Je levai les yeux au ciel un instant avant de reprendre tout haussant les épaules et en ignorant totalement la gamine.

— Enfin, plus sérieusement, vous n’pourriez pas juste oublier ce que vous venez de voir ? Non parce que sinon monsieur Molne va faire la tronche et je risque de ne pas beaucoup aimer.
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyVen 25 Oct - 12:44

Les deux démons marchaient tranquillement dans la forêt, guidés par les connaissances et les habitudes de la petite sauvageonne qui se dirigeait sans peine dans ce dédale verdâtre. Malgré cette avance rapide, on sentait aisément une tension entre eux deux. La gamine semblait réticente à répondre aux questions du jeune mâle et ces dernières la faisaient apparemment beaucoup réfléchir. En face de cela, le satyre semblait bien déterminer à savoir qui était cette enfant et pourquoi elle se retrouvait seule dans une forêt sacré en territoire humain. Elle évoquait des interrogations sur une supposée amitié qui pourrait déjà naître entre eux ce qui montra une naïveté flagrante et un peu navrante de sa part. Chercher des informations sur des gens ne signifiait pas nécessairement que l'on voudrait s'attacher à eux d'une quelconque manière. Puis elle reprit d'un ton un peu sec.

-"Il y a trois raisons pour lesquelles je ne vais pas répondre à tes questions :

-petit un, je suis ton guide donc tu es mon obligé. Je ne te dois rien hormis la vie. Mais je paierais ma dette plus tard.
-petit deux, connaître tout ça de moi ne concerne pas ta mission et je ne sais pas ce que tu veux faire avec ces informations
-petit trois, tu es un satyre et si j'en crois les croyances. Tu es une créature tordue donc ! je ne te fais pas confiance."


Irënol ne l'entendait pas de cette oreille pointue. Si elle voulait le prendre de cette façon elle allait être servit.

-Tu dis ne rien me devoir d'autre que la vie mais n'est-ce pas la chose la plus importante que l'on possède avec l'honneur ? Si tu me dois la vie, ce qui est le cas à chaque instant que l'on passe ensemble, dit-il en contractant sa main droite pour faire ressortir ses énormes griffes cuirassées alors tu ferais mieux de ne pas trop me contrarier. Qui sait combien de temps ma stabilité mentale restera aussi bonne aujourd'hui.

Il soupira quand elle lui dit qu'il était un satyre et donc un vil et félon traître par nature. C'était vrai bien sûr, sauf dans quelques cas spéciaux, mais de là à le dire avec d'une façon si sèche ça en sera serait presque vexant. Il choisit d'assumer la part d'ombre et de perfidie qu'il avait reçu lors de sa transformation et ignora cette remarque. Elle sortit ensuite une babiole de sous ses ""habits" et le secoua devant elle comme un curé secouerait de l'encens pour faire fuir le diable.

-"Ceci nous appartient, à moi et ma famille. Je te conseille de t'en tenir éloigné. Il fonctionne comme un talisman"

Irënol fronça les sourcil lorsqu'il vit distinctement le talisman en question. Sans pouvoir se rappeler vraiment de ce que c'était, il était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Une aura qui ne lui était pas parfaitement inconnue, un talisman qui lui rappelait vaguement quelque chose, qui était cette gamine. Les Trysaïr connaissaient de nombreuses autres familles démoniaques chez les Iarmheid et tant que la morveuse ne lui dirait pas son nom il ne pourrait pas s'en souvenir mais tout cela le laissait songeur.
Soudain, quelque chose frôla l'enfant dans les cheveux. Une telle chose était évidement un projectile et s'il n'y avait pas eu de détonation avant il ne pouvait s'agir que d'une flèche. Se retournant vivement à l'endroit supposer de l'origine du projectile, le démon scruta les arbres pour tenter sans succès d'y trouver quelqu'un. Sans dire un mot il continua à dévisager chaque brin d'herbe, chaque feuille, chaque mouvement pour enfin trouver la source de cette menace. Il ne l'avait ni vu, ni entendu ni même sentit ce qui montrait la qualité d'espion de l'homme, ou de la femme, qui les suivait. Après quelques secondes à chercher frénétiquement une réponse, il vit un homme assez grand et tout de noir vêtu se déplacer silencieusement... en plein milieu du chemin, juste à coté d'un arbre.


Mais ? C'est quoi ce type ?

Un air incrédule s'afficha et disparu en un instant du visage du satyre, remplacé par un air grave qu'il prenait souvent avant de se mettre en position d'attaque.

-Excusez-moi, jeune fille, j’ai, euh… raté. Permettez-moi de recommencer afin de remédier au problème que nous rencontrons, là, tout de suite. dis-je en arrachant la flèche d’un petit geste sec.

Ce n'était donc pas après le jeune homme que cet individu en avait mais après l'enfant. En une simple seconde ce nouvel arrivant venait de donner une image de lui assez médiocre. Il parlait ainsi avec la personne qu'il avait tenté d'assassiner une minute avant comme s'ils prenaient le thé, lui demandant même s'il avait droit à un nouvel essai. Une discussion simplement effarante aux yeux du satyre. L'homme masqué se tourna vers lui et s'enquit d'un air courtois voire presque coquet.

-Enchanté, monsieur Trysaïr.

Une phrase tout aussi déplacée que la précédente mais au moins elle n'avait aucune animosité de cachée en elle.

-Volthyr, pour vous servir. J’ai cru comprendre que quelqu’un avait très malencontreusement tiré une flèche vers ici. Je vous assure que, si nous trouvons les coupables, ça va… être pas bien.

Il n'en pouvait plus, un air blasé prit place sur le faciès d'Irënol lorsqu'il se dit cet homme était un clown, armé d'un arc et sans doute dangereux, mais un clown quand même.

-Qui êtes vous et comment me connaissez vous ?

Cette question semblait faire tâche dans la situation mais elle semblait aussi être appropriée tant son interlocuteur était lui aussi étrange. Sans être trop inquiet pour lui même, Irënol trouvait sa journée un peu trop chamboulée et désirait maintenant savoir si ces inconnus comptaient interférer dans sa mission ou non.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyVen 25 Oct - 13:29

Visiblement, il n'avait pas apprécié que j'impose mes conditions. Et qui plus est, il semblait vexé. Vexé au point de me menacer. Je souriais pour moi même...Bon d'accord une réaction normale aurait sans doute du s'apparenter à de plates excuses mais et puis quoi encore. J'allais pas m'excuser de pas m'être empalée sur ses cornes quand même. Il avait fais le choix de ne pas me tuer. Il avait troublé le repos de cette forêt et je ne devais pas le contrarier. Finalement les satyres étaient de vraies banshees. Tout le temps en train de se plaindre.
Je croisai les bras :

"Et puis justement parlons en de ta stabilité mentale. Je ne vois pas pourquoi je me montrerais agréable. Tu ne feras pas de différences entre tes alliés ou tes ..."

Quelque chose siffla à côté de mon oreille, traversant ma chevelure et allant se ficher dans un arbre en face. Me coupant de surcroit dans ma réplique. Une flèche ? J'étais tétanisée.

Je jetais un regard tout d'abord courroucé au travers de mon masque vers le satyre mais celui-ci n'avait pas bougé. Je plantais la torche dans le sol et m'accroupis pour récupérer mon coutelas glissé dans une de mes bottes en peau. Nous n'étions pas seuls...
Je relevais mon masque, le visage crispé. La mort m'avait frôlée de peu cette fois ci. A mon tour je dévisageai les broussailles comme pour apercevoir une silhouette. Celle-ci surgit finalement sur le chemin pour aller décrocher sa flèche. Il semblait bredouiller des sortes d'excuses.
Moi je restais immobile, hésitant entre la folie hérétique ou le calme olympien. Finalement un son filtra en dehors de ma bouche :

"KYAAAAAAAA AAAA"

Je serrai les poings au moins autant que les dents. Ce type était dingue non ? Mais pourquoi...pourquoi fallait-il qu'en une journée, la moitié du royaume démoniaque débarque dans MA forêt ?! Ce qui ressemblait vaguement à un troubadour avec un arc dans le dos se présentait à présent au satyre.

Je reprenais mon souffle et mon calme, tournant en rond sur moi-même. Non c'était définitivement de trop ! Je relevai la tête pour écouter de façon distraite la conversation. Comme si c'était pas lui. Non mais pourquoi tirait-il à vue sur moi celui là ? Je fus parcourue d'une sueur froide à l'idée que mes parents aient engagé un mercenaire pour me ramener morte ou vive à la citadelle mais visiblement l'intrus concentrait son attention sur le satyre. C'était tant mieux. Peut-être que ça lui ferait passer l'envie de me décocher une autre flèche, cette fois-ci entre les deux yeux. Par prudence tout de même, j'allais m'asseoir sur une souche derrière le satyre. Bon..j'avais conscience que celui-ci ne viendrait pas à mon secours ou n'intercepterait sans aucun doute jamais un autre projectile mais je n'avais que ça à faire non ? Ce bouc' était si curieux qu'il voulait à présent engager la discussion avec cet inconnu. Non mais franchement.... Je me tapai le front du plat de la main et affichais une mine déconfite, m'allongeant à plat ventre sur la dite souche et basculant vers l'avant pour fouiller la terre de mes gants. Il devait y avoir de succulentes racines sous cet amas de feuilles. Cela calmerait un tantinet ma faim. J'avais la sensation que je ne serais plus de retour dans l'après-midi dans ma forêt et que cette fameuse escorte allait s'éterniser...

Nouveau soupir de ma part. Mieux valait laisser des fous régler leurs problèmes entre eux. De ce que j'en comprenais. Cette brindille de démon suivait ce bouc'émissaire pour sa protection et il avait jugé bon de me planter avec une flèche. Je n'étais décidément pas prête de retourner à la civilisation..Si on s'amusait à perforer les gens aussi gratuitement.

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Volthyr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptySam 26 Oct - 1:57

Le hurlement de la gamine me surprit. En fait, j’eu même un léger sursaut avant de me calmer et de me reconcentrer sur le satyre comme si de rien n’était. Le camarade démoniaque affichait un air que je trouvais bien dérangeant et me questionna. C’était bizarre comme question, enfin… je n’aurais pas demandé ça, moi. Bref, je rangeai ma flèche dans mon carquois d’un geste rapide tout en jetant un regard en coin à la sauvageonne.

— Je viens de le dire, je m’appelle Volthyr ! Et d’ailleurs… euh… vous ne m’avez pas vu, hein ? En fait je ne suis pas vraiment là, je suis une création de votre esprit ! Ah, ah ! dis-je comme dans un eureka.

Après un instant de silence, je levai un sourcil en réfléchissant. Finalement mon idée n’était pas si bonne… J’agitai mon doigt en me tenant l’arête du nez entre l’index et le pouce de mon autre main.

— Non, en fait c’est trop tard je crois. Je suis vraiment là, mais bon… on ne le devrait pas. En réalité je suis là pour couvrir vos arrières, et ce même si ça ne vous fait pas plaisir ! Et puis, si vous voulez savoir comment je vous connais… vous demanderez à ce bon Amsgar Molne.

Je me demandais si je faisais bien de lui raconter tout ça, on avait un peu peur de compromettre la mission. Et pire : de perdre mon argent !

— Bref, moi on m’a toujours appris que les prisonnier ça retardait. Et on m’a bien précisé d’éliminer tout ce qui pourrait retarder votre travail, mon bon monsieur. Donc… voilà. J’étais sensé garder mes distance mais je crois que c’est un peu mort maintenant. Tant pis. fis-je en haussant les épaules.

Je regardai à nouveau la gamine avant d’observer le ciel à travers les branches, je commençai à sentir un sourire béat s’installer sur mon visage. J’avais pas vraiment envie de me prendre le chou, il fallait briser la glace.

— Il fait sacrément beau, là. Hein ?
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptySam 26 Oct - 10:17

Irënol regardait toujours avec insistance le nouveau venu qui était en train de ranger sa flèche comme si de rien n'était. Il répondit complètement à coté de sa question ce qui agaça légèrement le satyre.

-J'ai très bien entendu votre nom, mais celui ci ne me dit pas qui vous êtes pour autant.

L'inconnu se remit à déblatérer des inepties aussi grandes que la Citadelle démoniaque. Cet individu était complexe à comprendre et il parlait toujours avec un "nous" ou un "on". Le jeune démon ne serait pas plus étonné que cela si il avait un camarade avec lui mais pour une telle mission se déplacer en groupe était dangereux. Ou alors il était lui aussi un peu atteint et avait un dédoublement de la personnalité ? Non ça ne pouvait pas être ça, tout le monde n'était pas fou ! On voit la folie partout à travers les yeux d'un satyre.

-Non, en fait c’est trop tard je crois. Je suis vraiment là, mais bon… on ne le devrait pas. En réalité je suis là pour couvrir vos arrières, et ce même si ça ne vous fait pas plaisir ! Et puis, si vous voulez savoir comment je vous connais… vous demanderez à ce bon Amsgar Molne.

Voila une information qui n'était pas passé à coté. C'était donc le seigneur Amsgar qui l'avait envoyé pour l'épauler sans doute. En tout cas cet archer n'avait pas de grandes connaissances sur les satyres car protéger les arrières d'une créature capable de se fondre et de manipuler les ombres, voila quelque chose d'assez inutile. Par contre, malgré sa réticence à travailler en groupe, les capacités de son soi disant compagnon pourraient lui permettre d'avancer très vite dans sa quête.

-Il est vrai que les satyres ont une préférence pour la solitude mais si c'est le maître Amsgar qui t'envoie je pense que ta présence est justifiée. Ma quête n'est pas sans risque et vu tes talents nous avanceront rapidement.

Volthyr se retourna vers la gamine pour lui parler avec des phrases encore un peu étranges. En tous cas il avait une conception du gain de temps assez... Brusque. Si quelqu'un ou quelque chose le ralenti il l'élimine. Typique des démons et de beaucoup d'Archers putrides. Mais celui là n'était pas comme les autres apparemment, il était bien plus dérangé que la normale c'était sûr.

-Il fait sacrément beau, là. Hein ?

Rejoignant la morveuse dans son action précédente, Irënol posa sa main droite sur sont front dans un air de lassitude sans borne. Comment pouvait-on être aussi... Insouciant ? Ou aussi déplacé dans certains contexte. Sa patience était mise à rude épreuve aujourd'hui et il décida de prendre les devants. Sa mission allaient sans doute durer des mois, il n'allait pas faire la discussion toute la journée dans cette satanée forêt.

-Bien ! Si vous désirez discuter libre à vous. Personnellement j'ai des choses importantes à faire et je veux me remettre en route au plus tôt. Vous parlerez donc en marchant, ça ne vous fatiguera pas trop j'imagine. Passe devant, guide.

Liant le geste à la parole il commença à avancer dans la direction globale qu'ils suivaient avant d'être interrompu par Volthyr. Sa phrase montrait bien l'agacement du Satyre, non mais quelle journée. D'abord un microbe qui se fait passer pour un esprit qui l'attaque et qui pense que la vie n'est pas une dette de valeur et maintenant un archer débile qui va lui coller aux basques pendant toute sa quête. Il respira profondément à plusieurs reprises pour retrouver son calme. Son supérieur lui en voudrait certainement s'il faisait rater la mission à cause d'une saute d'humeur. Et puis c'est vrai, il faisait sacrément beau aujourd'hui.
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Cali Zelkörth

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptySam 26 Oct - 14:55

C'était un long voyage...que dis-je un très long voyage qui s'amorçait...mais pour eux !
Je cassai de ma main valide des racines assez robustes et en croquai l'extrémité.

Bon sang...J'aurais préféré rêver très franchement, car ces deux là, je ne les supporterais pas en peinture plus de deux jours. Non mais regardez moi ce type là ? Tandis que je mâchonnais, je les observais tous deux avec un petit regard pernicieux.

Déjà il nous prend pour des...eum ânes battus ? Ensuite...quelqu'un qui se prend pour une hallucination doit avoir un néant assez dangereux à la place du cerveau puis..puis c'est quoi ces manières de ...

A mesure que j'analysais cet individu, mon visage se tordait en une moue de dégoût. Puis je me ravisais, haussant les épaules. Toute mon enfance on m'avait traitée comme un monstre parce que je ressemblais trop à une humaine. J'allais pas reproduire le même schéma...et de toute façon, j'avais pas franchement envie. Contrairement au satyre, celui-ci avait la décoche facile. C'était plus prudent de rester un peu en retrait de la conversation, même si je gardais une oreille sur ce qui se disait.

Lorsque j'eus terminé mes ablutions, je me rapprochai d'eux avec un regard plutôt sauvage pour le nouveau venu. Celui-ci m'adressa la parole. Un petit rictus naquit au coin de mes commissures. On m'avait parlé durement depuis que j'étais venue au monde. J'étais peureuse mais pas non plus idiote.

Si j'étais un fardeau, c'était tant mieux, j'allais les laisser se débrouiller tout seuls comme des grands. Après tout, si l'éclaireur s'était repéré facilement dans cette forêt en suivant le satyre, il saurait en sortir. Pour moi c'était clair, j'allais les laisser là en plan et y aller à mon rythme parce que là franchement....c'était salon de thé et réunion du troisième âge réunis.

Il enchaîna sur une toute autre phrase, dénuée de sens et d'intérêt, comme pour faire diversion. Malgré moi, je me retins de rire, me mordant la lèvre jusqu'au sang. La situation le dérangeait-il au point de ne pas se rendre compte qu'il faisait encore nuit ?
Je repris mon sérieux, jetant un petit regard interrogateur vers le satyre qui visiblement, passait par le même stade de désarrois que moi. Puis il sembla prendre les devants et m'invita d'un geste à reprendre la route. J'allais bénir son bon sens commun lorsqu'il fut de nouveau arrêté par une des phrases de cet énergumène là...

Nouveau soupire.

Il me semblait alors que c'était à mon tour de parler. Je rabattais mon masque devant mes yeux en guise de défense psychique et entonnais d'une voix ferme :

"Bien. Je doute que vous avez de nombreuses choses à vous dire tous les deux..."

J'avançai vers la torche que j'avais planté au sol puis la saisit de ma main valide avant de faire volte face.

"Comment dit-on déjà... ah ! c'était un plaisir de faire affaire avec vous ! Moi je files à Thera Emblem. Vous vous n'avez qu'à, continuer votre route ensembles.."

J'ajoutais d'un air amusé.

"Vous êtes fais pour vous entendre ! Et puis comme tu dis vieux bouc', ses eum...talents vous aideront à sortir de cette forêt. "

Je pensais étrangement au fait qu'il m'avait ratée une fois et que si ce.. ce Voltyr nous suivait depuis quelques temps pour protéger le satyre, il devait sûrement avoir échoué d'autres paires de fois durant sa filature. Ce n'était plus mon problème.

"Enfin bref bon vent."
Je marchais en tête, ne leur jetant pas un seul regard, bien décidé à mettre fin à cette conversation de fous.

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Volthyr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptySam 26 Oct - 20:53

Le satyre n’était pas aussi hostile que ce que je me l’étais imaginé. C’était plutôt une bonne surprise : ça m’évitait de devoir débattre pendant des siècles pour prouver ma bonne volonté. J’allais apparemment devoir l’accompagner de façon plus normale. C’était sympa comme idée, au moins ça m’évitais de devoir me faire la conversation à moi-même. Je jetai un coup d’œil à la gamine qui commençait à avancer. Je ne sais pas pourquoi, mais elle semblait vouloir nous distancer. Je n’aimais pas trop ça : on était vu. Il n’y avait aucune raison de laisser partir quelqu’un qui pourrait laisser filtrer des informations. La gamine avançait d’ailleurs d’un pas rapide en nous disant qu’elle partait sans nous. Tout en amorçant ma marche je prévins mon protégé :

— Bon, alors il ne faut pas la tuer. Permettez-moi tout de même de…

D’un geste rapide et sans finir ma phrase, je dégainai mon arc et sortit une flèche aux plumes noires pour tirer presque sans viser en direction de la fuyarde qui prenait de la vitesse. La flèche fit mouche directement dans le mollet de la gamine et causa sa chute. C’était un projectile à pointe molle, une espèce de truc qu’on utilise pour assommer les oiseaux parce que c’est plus cool de les manger entier. En haussant à peine le ton, pour qu’elle m’entende bien, je lui expliquai :

— Au pas ! Tu restes avec nous : hors de question de te laisser fuir quelqu’un qui en sait trop.

En avançant vers elle, toujours aux côtés du satyre, je shootai un coup dans la terre pour lui envoyer un peu de poussière : elle commençait à me saouler un peu cette môme. En arrivant à son niveau je récupérai ma flèche et tapotais le crâne de la petite avec l’embout de celle-ci.

— Allez, debout ! La prochaine fois j’en tire une vraie. J’te laisse en vie pour faire plaisir au monsieur. dis-je en pointant le satyre du pouce. J’n’aime pas trop faire la garderie, vois-tu ?

Je la relevai en tirant sur sa tunique, sous sa nuque, avant de la pousser pour la faire avancer. N’fallait pas essayer d’me la faire à l’envers, à moi. Bref, la route continuait.
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Irënol Trysaïr

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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyDim 27 Oct - 17:30

Cette enfant n'était vraiment pas arrangeante. Tout d'abord elle était agressive, ensuite insolente et enfin fuyarde. Il avait dû se passer de nombreuses choses dans sa courte vie pour qu'elle soit aussi craintive envers les autres membres de sa race. En tous cas elle avait eu accès à de nombreuses informations sur la mission que Volthyr et lui même allaient devoir effectuer. Devaient-ils la tuer ou bien la garder avec eux ? En même pas une demi journée cette gamine était arrivé à l'agacer comme jamais alors pourrait-il la supporter plus que cela ? Rien n'était moins sûr. En tous cas il ne revenait pas sur ses convictions et il n'aimait pas tuer inutilement et surtout des enfants. Elle avançait vivement dans une direction qui ne semblait pas être celle de Thera Emblem mais l'archer lui tira dessus avec une flèche toute noire. Il écarquilla les yeux en supposant que ce projectile allait laisser une belle et profonde trace rougeâtre dans la jambe de l'enfant mais en fait elle rebondit sur le mollet de sa cible dans un petit "Boop" presque ridicule. La jeune démone s'écroula par terre après avoir perdu l'équilibre et aucune entaille ne s'emblait avoir été faite sur elle. Un peu soulagé, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il laissa Volthyr s'occuper de cette sauvageonne. Même s'il ne semblait pas tout seul dans sa tête, le jeune homme savait réagir vite et bien dans des circonstances plutôt inhabituelles. En tous cas pour le satyre. Le démon capuchonné proféra une menace qui semblait ne pas être lancée par hasard et Irënol ne doutait pas un instant que ce dernier la mettrait en oeuvre sans hésiter.
Le satyre recommença la marche du groupe en espérant arriver rapidement à la capitale. Quelques minutes après avoir recommencé la route, le jeune homme demanda à son nouveau collègue.


-Volthyr ? Que faisons nous pour la gamine ? Je n'ai pas vraiment décidé si il fallait la laisser là ou non. Je suppose que notre mission t'intéresse au moins un peu et que tu aimerais savoir ce que je suis emmené à faire au cours de mon voyage autour du monde.

Mince, Irënol se mordit la lèvre après avoir lancé cette information. La petite en savait vraiment trop malgré elle. Mais après tout c'était une démone et même une Iarmheid, elle n'avait pas vraiment d'intérêt à trahir les siens. Si c'était le cas une équipe d'exterminateurs d'élite se lanceraient à sa poursuite pour s'assurer qu'elle ne puisse plus jamais dévoiler des informations démoniaques. Rien que de repenser à ce corps d'action le satyre serra le poing. Cette unité était réputée pour être terriblement efficace mais surtout affreusement cruelle. La torture et la chaire déchiquetée était leur pain quotidien à tel point que même les plus sadiques et atteins des satyres se sentiraient mal en voyant leurs méthodes. Il se reconcentra sur la situation qui l'occupait vraiment et attendait la réponse de son nouvel allié.
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MessageSujet: Re: Un long voyage   Un long voyage EmptyDim 27 Oct - 18:50


Malheureusement, la chance n'était visiblement pas de mon côté. Alors que j'allais finalement pouvoir leur faire faux bond, j'entendis vaguement l'autre dingue là dire quelque chose au satyre. Un projectile de nouveau siffla alors que je leur tournais le dos. Mais son son était plus sourd, moins perçant. Sans prévenir il appuya une force nécessaire au niveau de mon mollet et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, je tombai à terre, les quatre fers en l'air, la torche roulant à quelques pas à côté de moi.
Derrière mon masque, je bouillonnais. Mais entre la rage et la douleur, je ne laissais rien filtrer. La gorge serrée je ramassai de ma main valide ce qui m'avait frappé et crispai mes doigts sur le poids. Je serrais les dents. C'était humiliant. De nouveau, le feu envahit mes joues et je gardais le visage baissé, de toute manière occulté par mon masque.

— Au pas ! Tu restes avec nous : hors de question de te laisser fuir quelqu’un qui en sait trop.

Ses mots me parvinrent comme une piqûre plus âpre que n'importe lequel de ses projectiles. Je crachais sur la dite chose avant de la reposer calmement par terre et attrapai une touffe d'herbe pour me calmer. Je la serrais si fort que ma main en tremblait, à travers l'épaisseur de mes gants. Quel tricheur...De dos et par surprise. Il n'y avait aucun mérite. Je ruminais ça intérieurement en me disant qu'en d'autres circonstances, j'aurais esquivé son tir sans aucun problème.

Mais voilà ce qui arrivait lorsqu'on était pas assez méfiant. Et ça...Louve grise en cet instant présent, n'aurait qu'appuyé ma maladresse, mon excès de confiance oui car je considérais moi aussi que j'en avais trop dis sur moi. Enfin surtout à l'autre hybride là . Je détournai la tête alors que ses pas approchaient. Celui-ci eut l'audace de toucher le haut de ma coiffe et instinctivement, ma main fila vers la sienne pour l'en chasser. On ne me touchait pas. On ne pénétrait pas ma sphère d'intimité. En même temps que j'essayais de me relever, je faisais fi de ses sarcasmes en me disant simplement que je ne serais pas obligée de les suivre éternellement.

— Allez, debout ! La prochaine fois j’en tire une vraie. J’te laisse en vie pour faire plaisir au monsieur. dit-il en pointant le satyre du pouce. J’n’aime pas trop faire la garderie, vois-tu ?

De nouveau, je sentis ses serres agripper mes peaux et me relever comme si j'étais une plume avant de me pousser en avant. Je trébuchais et lui jetais un sal regard au travers de mon masque avant de me détourner, de ramasser ma torche et de continuer à marcher. T'seuh, la garderie.. Moi je me coltinais bien deux vieux aussi fou l'un que l'autre et obsédés par une stupide mission.
Je répliquai sombrement :

"Il n'y aura pas de prochaine fois."

Cela lui laissait le bénéfice du doute sur mes intentions. Et étant donné la façon qu'il avait de roucouler sur ses propres acquis, cela ne m'étonnerait pas qu'il me laisserait à présent tranquille. S'ils tenaient vraiment à ce que je les accompagne, j'allais le faire. Mais je ne desserrerais plus les lèvres. Ils ne me laissaient pas le choix ? Tant mieux, je ne leur en laisserais pas non plus. Je trouverais bien quelque chose. Je trouve toujours quelque chose.

Puis après quoi je les ignorais totalement en apparence, me concentrant sur la voie à prendre, en prenant pour cela des raccourcis. Des chemins que moi seule ou un autre habitant de la fprêt pouvait connaître. Car même si Alnah s'agissait d'une forêt sacrée,  il y avait des endroits à éviter. Sacré ne signifiait pas nécessairement  sans danger. Et ça, ils avaient tendance à l'oublier il me semblait. Ils étaient trop obnubilés par leur mission qu'ils ne faisaient même pas attention à ce qui les entourait. Je marmonnais pour moi-même :

"Stupides parvenus.."

J'avais cependant une oreille attentive car il me semblait qu'on discutait de mon sort. Je soupirais. Et bien, je n'aurais jamais espéré avoir une existence si courte. C'était dommage dans un sens mais après tout, personne ne se soucierait de ma disparition. Personne hormis Eliona. Je baissais les yeux. J'allais lui manquer c'était certain. Elle n'avait accordé sa confiance à personne hormis à moi depuis qu'elle s'était retirée du monde civilisé.
Je pressai le pas. Nous avions pris énormément de retard entre l'autre gus et ce satyre bavard. La luminosité s'en faisait sentir par ailleurs. L'aurore approchait.
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